Gary BECKER est le plus pertinent. « En valeur absolue, le taux de croissance de la France n’est pas assez élevé. Le pays ne s’est pas suffisamment réformé. La remise en cause des 35 heures,

« Par ailleurs, le salaire minimum, que certains candidats à la présidentielle veulent augmenter, est au contraire trop élevé. Aux Etats-Unis, ce dernier va être relevé, mais ce n’est pas grave, car il concerne une petite partie de la population active. Ce n’est pas le cas en France ! Beaucoup de jeunes et de personnes issues de l’immigration sont au SMIC. L’augmentation de ce dernier ne facilitera pas l’embauche de ces populations. Enfin, la politique économique française suit de nombreuses fausses pistes : le patriotisme économique, le recours aux subventions (à Airbus, notamment, mais je dis la même chose pour Boeing) en sont des exemples ».
Et c’est d’autant plus dommage, que la France a des atouts, en particulier en capital humain. « Il s’agit maintenant de créer les conditions qui permettent d’exploiter à plein ces atouts ». Bien sur, on dira que c’est une position libérale. Les médias qui ont relayé cette information ont même parlé d’ultralibéralisme. Mais alors comment expliquer que tous les autres, « moins libéraux », disent en gros la même chose ?
Paul SAMUELSON, dont le moins qu’on puisse dire est qu’il n’est pas libéral : « La France fait partie des pays européens au modèle le moins efficace. Elle n’a pas su s’adapter aux nouvelles réalités de l’économie mondiale (…). Il me semble que les Français devraient aujourd’hui tolérer la remise en question de certains privilèges et accepter que leur société soit davantage inégalitaire. (…). En France, les syndicats restent trop puissants. Or, dans le monde actuel, les capitaux et les connaissances circulent librement vers les systèmes les plus efficaces, même s’ils sont plus injustes et plus brutaux ». Et d’appeler de ses vœux « un leader populaire et persuasif capable de déplacer le curseur de l’équilibre de la société vers moins d’égalitarisme. La France a besoin de rencontrer son Ronald REAGAN ou plutôt son Tony BLAIR ».
Edouard PRESCOTT : « La France a totalement tort de redouter la mondialisation. La dernière fois que les forces opposées à la mondialisation l’ont emporté, nous avons eu droit à la crise des années 1930 (…) La croissance serait plus dynamique avec des impôts moins élevés et de moindres incitations à prendre sa retraite de façon anticipée. Si la France ramenait ses taux d’imposition au niveau américain, le produit des impôts serait du même ordre qu’aujourd’hui, car après une période de transition, la production serait de 40% plus élevée ». Et d’attendre une réforme menée « par un POINCARE, un REAGAN ou une THATCHER ».
Robert SOLOW affirme pour sa part « Je ne pense pas que le partage du travail soit une bonne idée. Les éventuelles créations de poste sont souvent contrebalancées par la hausse du coût du travail ». Et la France a « sans doute plus à gagner qu’à perdre » dans la mondialisation.
Enfin, Edmund PHELPS dénonce les « restrictions légales qui pèsent en Europe sur la création et la gouvernance des entreprises, ce qui a pour effet de restreindre, voire d’empêcher l’innovation, en multipliant les obstacles administratifs. ». Il faut « réformer les institutions économiques comme le code du travail et le droit des sociétés (…) Les Français sont parmi les habitants des pays du G7 les moins motivés au travail (…) Je pense que la solution est à trouver dans les forces du marché ».
Intéressante, non, cette belle unanimité ? La classe politique française a sans doute été trop occupée par la campagne électorale franco-française pour avoir le temps de lire les déclarations des prix Nobel étrangers. L’ensemble est pourtant riche d’enseignements. Mais, n’en déplaisent aux prix Nobel, nous n’avons ni REAGAN, ni THATCHER. Mais nous aurons peut-être la société civile, si elle veut bien prendre ses responsabilités. Si la société civile comprend le message, la classe politique suivra, par nécessité.