
On ne peut pas vraiment parler au sens propre de sens esthétique. L’art est vécu, expérimenté, jugé même, mais ne relève pas de la pure sensualité. Est-ce alors une expérience d’ordre intellectuel qui expliquerait notre plaisir ?
Chacun pourra convenir avec Kant qu’une véritable expérience esthétique doit produire du plaisir par elle-même, et non parce que vient s’y mêler par exemple la satisfaction de reconnaître tel peintre ou tel musicien à l’œuvre. Le plaisir que nous avons à identifier un grand nom, un genre ou un courant est un plaisir snob il n’y a pas trace ici d’expérience esthétique.
La beauté d’un objet n’est pas davantage contemplée lorsque nous considérons son usage ou son intérêt pour notre quotidien. Bien sûr, c’est d’objets beaux que nous préférons nous entourer, en décorant notre salon ou en choisissant des vêtements. Mais si nous les regardons en pensant à notre commodité, le plaisir ressenti ne vient plus de leur beauté, mais d’autre chose.
Ce qui est beau en somme est si puissant qu’il n’a pas besoin pour plaire d’autres raisons que lui-même : il est si fort qu’il court-circuite un temps nos
connaissances, nos intérêts et notre sensualité.

Liberté de nos facultés qui s’exercent et se stimulent, mais sans subir la pression du savoir, du désir ou de l’intérêt particulier…