Cet organisme sans but lucratif, qui a son siège aux États-Unis, est venu en aide à quelque 8,5 millions de familles dans 125 pays.
Par Edmund Scherr

La nécessité d'une aide à long terme devint évidente à Dan West, un paysan américain, alors qu'il versait un verre de lait en sa qualité de secouriste durant la
Guerre civile espagnole : ce n'était pas un verre de lait qu'il fallait, se dit-il, mais une vache pour que les gens aient une source régulière de nourriture.

Ainsi naquit la notion de faire don de vaches et d'autres animaux de ferme à des gens dans le monde entier pour les aider à surmonter la faim et la pauvreté.
L'initiative dont il est l'auteur, Heifer International, a donc commencé en 1944 avec l'envoi à Porto-Rico de 17 vaches à lait de race heifer. Leurs destinataires étaient des familles dont les enfants souffrant de malnutrition n'avaient jamais bu de lait. Toutes les familles qui reçurent une vache consentirent à « propager le cadeau » et à faire don d'un veau à une autre famille dans le besoin. Les bénéficiaires doivent aussi enseigner à d'autres les méthodes agricoles que leur a apprises l'organisation. Ainsi, le don de nourriture se perpétue à l'infini.
En privilégiant par son aide une seule famille à la fois, Heifer International a aidé 8,5 millions de familles - quelque 45 millions de personnes - dans 125 pays depuis sa création. Son financement provient essentiellement de particuliers américains, mais aussi de personnes, d'organisations et d'associations affiliées à Heifer dispersées aux quatre coins du monde.
Entre juin 2005 et juin 2006, l'organisme a consacré 59 millions de dollars à des projets mis en œuvre dans 57 pays. En 2006, près de 140.000 familles ont bénéficié de son programme de dons d'animaux. En outre, 200.000 familles ont reçu une formation aux techniques favorisant une agriculture durable.
Heifer International ne fait pas uniquement don de vaches. Il donne aussi des canards, des moutons, des buffles, des chameaux, des chèvres, des cochons, des bœufs, des
lamas, et nombre d'autres animaux féconds qui, à leur tour, fournissent lait, laine, œufs et engrais, des produits qui améliorent les revenus des familles et leur nutrition et leur permettent
d'obtenir un meilleur logement, des soins médicaux et une éducation. L'organisme prépare les bénéficiaires à recevoir ces animaux en leur apprenant à construire des étables ou même à planter des
arbres ou de l'herbe.

Une bonne vache à lait peut donner 17 litres de lait par jour. C'est une quantité suffisante pour largement assurer les besoins d'une famille et le surplus est vendu. Le buffle, pour sa part, a de nombreuses qualités : la femelle donne du lait ; c'est aussi une bête de trait pour cultiver les terres et une bête de somme pour transporter les légumes au marché.
Pour lutter contre la faim et la pauvreté, Heifer International a recours à une stratégie impliquant la collectivité. Il travaille avec les gouvernements et chefs de file locaux afin d'évaluer les besoins, faire le point des ressources dont dispose l'organisme, et énoncer les objectifs à atteindre au bout de cinq ans.
Lorsque les communautés prévoient des activités précises pour atteindre ces objectifs, le « don en nature » se concrétise.
Ce ne sont pas les témoignages de reconnaissance à Heifer International qui manquent :
- « Merci de venir en aide aux gens pauvres de par le monde par le biais de Heifer », déclare Archibald Tarawia, responsable de projet pour Heifer en
Tanzanie.

- « Voilà neuf ans que je m'occupe de deux petits-enfants (...) J'ai dû tout payer avec ma petite retraite (20 dollars par mois). Heifer International a été notre sauveur. Sans cette vache, ces enfants seraient sûrement morts », dit Kotyck Maria Dmytrivna, une grand-mère de 69 ans d'Ukraine.
- « Toute notre vie nous avons vécu dans le plus grand dénuement. Notre maison était vide. Elle est aujourd'hui remplie d'espoir. Parce que nous avons reçu une vache de Heifer, nous serons en mesure d'envoyer nos enfants à l'école », affirme Kein Tien, du Vietnam.
- « Ma vache est ma plus grande richesse et ma lumière. Je ne suis plus seule
dans l'obscurité totale maintenant, mais je suis fermière, fait observer Lydia Chelangat-Mutai, une bénéficiaire du Kenya malvoyante.

- « Lorsque les chèvres sont arrivées, vous ne pouvez croire combien les gens étaient empressés de s'en occuper. Les petits qu'elles ont eus nous ont donné du lait et nos enfants sont désormais en bien meilleure santé. Nous avons été si contents de transmettre le cadeau à une autre famille », explique Lily Daka, de Zambie.
De plus amples informations (en anglais) concernant l'organisme Heifer International se trouvent sur son site Internet(www.Heifer.com).