Le budget de l’État pour 2008 est dans la continuité des 33 précédents : encore présenté en déficit. Le nombre des fonctionnaires ne diminuera que de 21 000 postes, soit 0,4 % de l’effectif total (à la condition que les collectivités locales arrêtent leurs recrutements à tout va…).

C’est la deuxième occasion manquée. La première remonte au 3 juillet dernier, quand le Premier ministre a fait le choix de ne pas demander au Parlement l’autorisation de légiférer par ordonnance, comme le général de Gaulle l’avait fait en 1958 et Jacques Chirac en 1986.
Tout se passe comme si ce nouveau pouvoir – qui parle pourtant d’une situation de faillite - ne savait pas lui-même ce qu’il convient de faire. Comme si le volontarisme affiché avec tant de succès pendant toute la campagne pouvait encore suffire.
Pourtant, le temps de l’action doit suivre sans délai celui du verbe. Et c’est évidemment une erreur de prendre les mêmes hommes pour ces moments différents. On comprend qu’il ait voulu remercier Henri Guaino de l’avoir aidé à gagner l’élection. On comprend moins bien qu’il en ait fait son conseiller spécial…
Dès juillet, il fallait lancer un plan de réduction massive de la dépense publique. Ce qui n’a rien à voir avec une quelconque rigueur car, contrairement à ce que croient la quasi-totalité des hauts fonctionnaires, la baisse de la dépense publique, loin de provoquer la récession, déclenche tout de suite la croissance, comme dix pays développés au moins en ont fait l’expérience depuis 10 ans.
Et il fallait s’attaquer au drame économique de notre pays, qui réside dans l’absence d’un tissu de moyennes entreprises exportatrices. Comme celui de l’Allemagne. Dans ce domaine l’outil fiscal est parfaitement adapté. Il suffit de permettre à 10 000 investisseurs individuels – ou plus – (« business angels ») de financer de nouvelles PME avec la simple règle de la déduction fiscale des revenus à venir de la somme engagée en cas de mauvaise fortune. L’État n’avance rien. Et l’argent investi crée plus de ressources fiscales que la déduction ne lui en fait perdre.
Ensuite, pour que ces « gazelles » deviennent des championnes, il faut bien sûr que les patrons de celles-ci y trouvent leur intérêt, ce qui sera toujours problématique avec les plus-values et l’ISF. Il faut que l’argent gagné par les entreprises reste dans leurs caisses ou aille aux actionnaires, plutôt qu’au fisc…
Il n’est pas sûr que le gouvernement ait une troisième chance !...
par Jean Rouxel (4 vérités)