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L'Autriche et la valeur travail (accord avec les syndicat sur la flexibilité, allez Nicolas un petit effort!!)

par Alain Genestine 17 Mai 2007, 23:21 Travail et Economie

Au moment où les Français envisagent un léger assouplissement des 35 heures (mais pas leur suppression), on apprend que les Autrichiens, après bien d’autres pays, venaient de se mettre d’accord pour un assouplissement radical de la durée maximale du travail. Tout d’abord, il faut savoir qu’en Autriche, la durée légale du travail est de 40 heures, soit 8 heures par jour pendant 5 jours. On voit déjà l’écart avec nos 35 heures.

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Mais cela n’a pas paru assez ouvert aux Autrichiens et, après des années de concertation, les partenaires sociaux viennent de se mettre d’accord pour une durée maximale de travail de 60 heures (donc en dérogation avec la règle européenne, qui est de 48 heures). Cette durée de 60 heures a été approuvée bien sûr par le patronat, qui se réjouit de cette flexibilité accrue, mais aussi par la fédération des syndicats autrichiens (ÖGB) (qui, soit dit en passant, regroupe 1,4 millions de salariés pour une population de 8,5 millions d’habitants). Le Parlement va donc à son tour couronner cet accord par une loi qui sera votée à l’automne pour une application en 2008.

Bien entendu, l’accord prévoit des limites. C’est ainsi que les 60 heures hebdomadaires pourront être appliquées pendant 24 semaines par an, à condition d’intercaler des plages de quinze jours sans heures supplémentaires toutes les huit semaines. D’autres assouplissements ont aussi été prévus. C’est ainsi que ceux qui le veulent pourront faire leurs 40 heures en quatre jours seulement, avec des journées de dix heures.

Le point essentiel est le suivant, comme le souligne notre confrère Le Figaro, qui rapporte cette information : « extrêmement souple, l’accord de flexisécurité, selon les termes du gouvernement, doit permettre à chaque entreprise de développer son propre modèle, en consultation avec ses employés, sans recourir à des conventions collectives ». Autrement dit, à l’intérieur de l’accord cadre signé, donc de la limite de 60 heures, chaque entreprise, en accord avec ses salariés, pourra faire comme elle le voudra ; c’est donc la flexibilité maximale, au cas par cas.

On remarquera que cet accord a été accepté, certes après une discussion longue et serrée, sans problème par les syndicats autrichiens, à l’évidence plus ouverts que les syndicats français. Il est vrai qu’en cinquante ans, l’Autriche n’aura connu que deux grèves importantes : ce n’est pas tout à fait le même climat qu’en France et les syndicats autrichiens ne ressemblent pas vraiment à la CGT !

L’économie autrichienne ne se porte pas mal de cette modération syndicale et de cette volonté générale de réformes et de flexibilité, puisque le taux de croissance est de 3% cette année et surtout que le taux de chômage n’est que de 4,4% : pratiquement la moitié du taux français. Et il devrait encore baisser grâce à ce nouvel accord de flexibilité.

Rappelons qu’en France, on peut certes aller au-delà des 35 heures, mais que le quota autorisé d’heures complémentaires est strictement limité (220 heures par an après les assouplissements FILLON de 2005, soit en moyenne 4 heures de plus par semaine), et l’on ne peut pas dépasser 44 heures par semaine en moyenne sur trois mois et exceptionnellement 48 heures sur une seule semaine. N’oublions pas aussi que la France voulait interdire à ses partenaires européens de dépasser les 48 heures maximales (ce qui est rendu possible par la règle de « l’opt out », qui permet des dérogations). La France n’a pas été suivie sur ce point et le nouvel accord autrichien vient donner le coup de grâce à la position française. On imagine mal un gouvernement qui vient, après accord des partenaires sociaux, de choisir les 60 heures maximales accepter un ukase français les obligeant à retomber à 48 heures ! Décidément, la France a encore beaucoup à apprendre de ses partenaires européens…
J. Garello

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