Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

DÉBAT PRÉSIDENTIELLE : QU'EN SERA T-IL DU CHÔMAGE ?

par Alain Genestine 25 Avril 2007, 15:44 Travail et Economie


job_small.jpg

On n’a pas l’impression que ce soit toujours le premier souci desdits candidats, qui font campagne tantôt sur l’immigration, tantôt sur le pouvoir d’achat, tantôt sur l’environnement, tantôt sur l’Europe. Ils ne voient pas que tous ces problèmes sont rendus insolubles par la persistance d’un chômage massif de longue période, frappant par priorité les jeunes.

Les électeurs, eux, ne s’y trompent pas, et tous les sondages révèlent que le chômage est bien à leurs yeux la préoccupation majeure. Deux données récentes peuvent légitimement troubler l’opinion publique : le débat sur la mesure du nombre de chômeurs d’une part, le rapport de l’UNEDIC sur les besoins en main d’œuvre d’autre part. Les Français ont-ils raison de s’en alarmer ?

Entre deux et quatre millions de chômeurs  

Contrairement à la plupart des conjoncturistes, nous ne sommes pas vraiment intéressés par les querelles de chiffres, l’évolution d’un dixième de point et le commentaire du dernier chiffre de l’INSEE. Les chiffres traduisent approximativement la situation en un moment donné ; ils n’expliquent pas pourquoi on en est arrivé là. Ils trompent les gouvernements toujours tentés de mener une « politique de l’indice », une action artificielle à court terme

Il n’en reste pas moins qu’il s’est passé plusieurs choses ces derniers temps concernant la mesure du chômage. Tout d’abord, on a enfin compris que le nombre de chômeurs commenté chaque mois était purement administratif (nombre d’inscrits à l’ANPE en catégorie 1 de demandeurs d’emplois). Tous ceux qui ne répondent pas aux critères (chômeurs des DOM, ceux qui cherchent un contrat à temps partiel ou à durée déterminée, etc.) sont exclus de ces statistiques. Voilà pourquoi le nombre de chômeurs varie suivant les sources, sans exagération, entre 2 et 4 millions environ.

Pour y voir plus clair, on fait une fois par an une grande enquête emploi, ce qui permet d’améliorer la qualité des chiffres. Cette année, l’enquête aurait révélé que le chômage était sensiblement plus élevé qu’on ne le pensait (8,8% de la population active au lieu de 8,4%), ce qu’a confirmé Eurostat. Mais l’INSEE a préféré reporter la publication de son enquête à l’automne, dans des périodes politiques plus propices, ce qui a paru pour le moins suspect.

Plusieurs millions de personnes changent d’emploi chaque année

Une façon de contourner la difficulté consiste à faire une comparaison internationale, en prenant des statistiques homogènes. Elles sont contestables en valeur absolue, mais la comparaison entre pays a un sens, puisque la source est la même et les taux de chômage sont standardisés. C’est le cas avec les statistiques de l’OCDE. Elles sont sans appel. 8,8% de chômeurs en France, 7,3% dans la zone euro, 7,1% en Allemagne, 7,0% dans l’Union européenne, 5,7% dans l’ensemble de l’OCDE, 5,4% au Royaume-Uni, 4,4% aux Etats-Unis, 4,0% au Japon. Contrairement aux autres pays, nous n’avons pas su vaincre le chômage,

Autre information significative : l’enquête annuelle de l’UNEDIC sur les besoins en main d’œuvre. Au-delà du détail des chiffres, se dégage une idée forte : le marché du travail est celui de la mobilité. Ce sont  des centaines et des centaines de milliers de travailleurs nouveaux dont les entreprises ont besoin : plus de 1 200 000 projets de recrutement dans les entreprises interrogées pour 2007. Rappelons que chaque jour, 10 000 personnes au moins rejoignent le chômage et 10 000 aussi quittent le chômage en ayant retrouvé un emploi ou rejoint une formation ou l’âge de la retraite. Ce qui fait entre 3 et 4 millions de personnes qui changent d’emploi chaque année, qui perdent un emploi et qui retrouvent un emploi.

Dans ces conditions, à l’échelle du pays, lorsqu’une entreprise supprime 1000 ou 2000 emplois, ce n’est rien et quand une administration recrute 1 000 chômeurs et leur fournit un emploi, ce n’est rien. Tout cela n’a rien à voir avec l’ampleur du phénomène. Ce sont des millions d’emplois qu’il faut créer. Il apparait alors que toutes les politiques de relance conjoncturelle à courte vue, de traitement social du chômage, de postes d’emplois subventionnés, de créations d’emplois publics, d’emplois tremplins, première chance ou autre fantaisies technocratiques de nos candidats-énarques ne sont rien par rapport à l’enjeu.

Défiscaliser, déréguler

Tout cela est condamné depuis longtemps. Mais qui donc est capable de créer des millions d’emplois chaque année ? Il n’y a qu’une réponse : les entreprises informées par le marché libre. Personne d’autre n’est à la hauteur de l’enjeu.  Toute proposition qui passe par l’Etat est vouée à l’échec : il faudrait créer 3 ou 4 millions de fonctionnaires par an pour être à la hauteur de l’enjeu : en trois ans, nous aurions rejoint feu le modèle soviétique.

Cela ne signifie pas que l’Etat n’ait rien à faire. Sa responsabilité, c’est de laisser faire ceux qui savent, ceux qui ont intérêt à la croissance, les entrepreneurs. Notre guide du candidat donne la recette reconnue par la science économique, qui a réussi partout dans le monde. Elle commence par la libération de l’entreprise, et de l’entrepreneur, qui doivent payer moins de charges et d’impôts : ne pas pénaliser ceux qui créent les vrais emplois, c’est le premier pas essentiel. Supprimer l’impôt sur les sociétés, supprimer la progressivité de l’impôt sur le revenu, baisser les cotisations sociales en privatisant la sécu,…voilà le chemin de l’emploi.

Il faut aussi que les entreprises, et notamment les plus petites et les plus dynamiques (les gazelles) aient les moyens de se développer et d’embaucher : il faut donc protéger fiscalement l’argent investi dans la création d‘entreprises (les business angels doivent être encouragés). Le retour de l’emploi passe aussi par un vrai fonctionnement du marché du travail : liberté des salaires (en finir avec les niveaux irréalistes du SMIC), laisser les entreprises libres de débaucher quand c’est nécessaire, en finir avec la durée légale du travail et les 35 heures et autres carcans rigides : c’est le « contrat libre embauche ». Il faut donc réformer le code du travail. La flexibilité doit être totale, pour permette la mobilité des emplois.

Est-ce révolutionnaire, « ultralibéral » ? C’est ce qu’on fait ailleurs, même dans les pays de tradition social-démocrate. C’est révolutionnaire par rapport à l’étatisme français. C’est sûrement plus libéral que tout ce qui a échoué jusqu’à maintenant. Mais c’est le seul moyen d’en finir avec le chômage. Qu’en pensent les candidats à l’Elysée et au Palais Bourbon ?

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
commentaires

Haut de page