Aux yeux de la classe politique française, encore une proposition irréaliste ou à tout le moins ultralibérale. Sauf qu’elle est appliquée dans un grand nombre de pays, avec succès. Dernier exemple en date : la République Tchèque. Le premier ministre en avait fait une de ses promesses de campagne. Le gouvernement a été long à constituer, puisque droite et gauche sont à égalité au Parlement, avec 100 voix chacune. Mais à peine celui-ci constitué que Mirek TOPOLANEK, le premier ministre de Vaclav KLAUS, préparait ce que Les Echos appellent une « révolution fiscale ».

Le premier ministre veut en finir avec la progressivité de l’impôt sur le revenu. Il propose au parlement, comme promis pendant la campagne, une flat tax à 15% (nous proposons 20% pour la France, c’est dire que nos propositions sont réalistes et tiennent compte des spécificités françaises). Certes, il avait aussi envisagé ce taux de 15% pour tous les impôts et pas seulement pour l’impôt sur le revenu. Mais là il lui faut tenir compte de ses alliés chrétiens-démocrates et verts, qui ont freiné le plus possible.
Résultat : si le taux proposé est bien de 15% pour l’impôt sur le revenu des ménages, ce qui est l’essentiel, la TVA reste pour l’instant à 19% (avec un taux réduit qui passe de 5 à 9%). Quand au taux d’impôt sur les sociétés, qui est actuellement de 24% (ce qui ferait déjà rêver les Français), il serait ramené en trois ans à 19% également. C’est normal : l’ODS (parti démocratique civique) n’est pas seul à gouverner et il faut tenir compte des autres.
Autre élément intéressant, une réduction importante des effectifs de la fonction publique aura lieu en parallèle à ces baisses d’impôts, ainsi qu’une diminution des prestations sociales (congé maladie, allocations familiales, bourses scolaires). Et l’âge de la retraite passera de 62 à 65 ans. Mais gageons surtout que si ce programme entre en vigueur, le boom de la croissance sera tel que les recettes fiscales finiront par augmenter avec la matière imposable. L’exemple de la Slovaquie voisine est là pour le prouver.
Avec ces mesures, le déficit budgétaire devrait diminuer peu à peu, permettant de rentrer dans les critères du pacte européen et de l’euro. Et la croissance devrait dépasser le rythme actuel, pourtant déjà très élevé, de 6%.
Inutile de dire que l’opposition sociale-démocrate et communiste dénonce « ces cadeaux pour les plus privilégiés » : cela fait partie du rituel. Mais le gouvernement a beau jeu de répondre qu’ainsi le pays sera beaucoup plus attractif pour les investissements étrangers, comme tous les pays qui ont choisi la flat tax.
Reste le problème politique : 100 voix sur 200, cela ne suffira pas. Tout dépendra donc des deux députés sociaux-démocrates dissidents, qui avaient permis à TOPOLANEK d’avoir la majorité. Pour l’instant, ils n’ont pas dit ce qu’ils feraient. Mais il serait dommage que les jeux politiciens brisent cette volonté réformatrice. En tous cas, un parti qui fait des promesses libérales et qui cherche à les appliquer une fois parvenu au pouvoir, c’est un beau sujet de méditation pour les électeurs français et pour notre classe politique.