Le président Fidel Castro renonce au pouvoir après 49 ans à la tête de Cuba. Le leader cubain de 81 ans n'occupera plus la présidence du Conseil d'État et le rôle de
commandant en chef en raison de son état de santé. Il en a fait l'annonce dans un message publié dans le quotidien officiel Granma.
« Ce serait trahir ma conscience que d'occuper une responsabilité qui requiert une mobilité et un dévouement que ma condition physique ne me permet pas. Je veux expliquer cela sans dramatiser », d'expliquer le président Castro.
Depuis le 31 juillet 2006, Fidel Castro a remis les rênes du pouvoir à son frère Raul en raison des séquelles d'une hémorragie intestinale. Raul Castro, qui occupe donc le rôle du chef de l'État par intérim, est désigné depuis longtemps comme le dauphin de Fidel.
Le Parlement cubain se réunira le 24 février pour désigner les prochains dirigeants.
Si la maladie a éloigné du pouvoir Fidel Castro, il n'entend pas se retirer complètement. « Je ne vous fais pas mes adieux. Je souhaite combattre comme un soldat des idées. Je continuerai à
écrire sous le titre "Réflexions du camarade Fidel" », écrit-il dans son message.
Celui qui a dirigé l'État cubain sans relâche au cours des 49 dernières années a tenu tête aux États-Unis. Dix présidents n'auront pas réussi, malgré un débarquement en 1961, des tentatives d'assassinat et un embargo économique draconien, à venir à bout de leur principal ennemi dans les Amériques.
Revue de presse internationale:
Les États-Unis, qui ont oeuvré sans relâche pendant des décennies à mettre des bâtons dans les roues du dictateur cubain Fidel Castro, se sont réjouis, mardi, du départ annoncé du lider
maximo.
Le président américain, George W. Bush, a déclaré que ce départ est, selon lui, « une période de transition et cela devrait être un début de transition démocratique pour le peuple cubain ».
Le Canada se dit confiant que le départ officiel de Fidel Castro de la présidence ouvrira la voie à des changements politiques dans l'île communiste.
Dans un communiqué rendu public mardi, le ministre des Affaires étrangères, Maxime Bernier, a dit espérer que cette décision déclenche une série de réformes économiques et politiques à Cuba. Le Canada continue de suivre l'évolution de la situation dans ce pays.
Pour l'Espagne, qui avait décidé, malgré les critiques américaines, d'engager l'an dernier un dialogue officiel avec La Havane, le départ de Fidel Castro permettra certainement à son frère, Raul Castro, d'assumer « avec une plus grande capacité, solidité et confiance, son projet de réformes ».
Le président du Venezuela, Hugo Chavez, ami personnel de Fidel Castro et principal allié de Cuba en Amérique latine, n'a pas réagi, mais sa ministre de la Communication et de l'Information, Andres Izarra, a évoqué « une nouvelle étape dans le processus révolutionnaire » cubain.
Le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva, dernier chef d'État à avoir rencontré Castro, l'a pour sa part qualifié de « seul mythe vivant de l'histoire de l'humanité ». « Je prends acte de cette initiative et je crois que cela doit être bon pour Cuba. [...] Il était important pour l'Amérique latine que ce processus se déroule de manière tranquille. »
Pékin, deuxième partenaire économique de Cuba, a salué en Fidel Castro un « dirigeant révolutionnaire » et « vieil ami de la Chine ».
Du côté russe, ce sont les communistes qui ont réagi le plus rapidement, le chef du Parti communiste russe Guennadi Ziouganov estimant, mardi, que le leader cubain, un « responsable politique génial qui a hissé haut le drapeau de la liberté », a quitté le pouvoir « dans l'intérêt de son pays et de son peuple ».
La France, elle aussi, a souhaité qu'une « nouvelle voie » puisse s'ouvrir à Cuba après l'annonce du départ du fondateur d'un régime « qui a été un symbole du totalitarisme ».
L'opposition cubaine de Miami, quant à elle, a estimé, comme l'a expliqué un responsable du Conseil cubain de la liberté, que le départ de Castro « ne changerait rien à Cuba ».
Raul Castro lorgne vers la Chine

Les réformes promises par Raul Castro visent essentiellement, s'il faut en croire nombre d'analystes et d'observateurs de la scène politique cubaine, à résoudre les difficultés économiques d'un pays laissé en quasi-banqueroute par des décennies de dictature et d'embargo.
Selon un diplomate européen en poste à Cuba et cité l'an dernier par le quotidien français Libération, « Raul est moins intello, moins politique que son frère. Il est plus proche des réalités et semble vouloir améliorer un tant soit peu l'efficacité du système économique ».
Et pour se faire, il semblerait que Raul Castro s'intéresse de près à l'élaboration de réformes inspirées du modèle chinois, un modèle qui a fait le pari de conjuguer l'ouverture économique - d'où le dialogue espagnol - avec le maintien de la dictature et du totalitarisme.
Une des principales figures de la dissidence cubaine, le fondateur du Parti social-démocrate, Vladimiro Roca, expliquait d'ailleurs à Libération, toujours l'an dernier, que le peuple cubain souhaite avant tout survivre et que « peu lui importe qui est au pouvoir, il veut une amélioration des conditions de vie et la possibilité d'avoir un travail privé ».
Cependant, comme le souligne le diplomate cité précédemment, « la ligne officielle ne va pas changer du jour au lendemain, surtout tant que Fidel vivra et même après sa mort. S'il y a des changements, ils ne seront sûrement pas précipités ».
Même son de cloche, en fait, chez l'ancien président polonais et figure historique de la lutte à la dictature communiste, Lech Walesa, qui déclarait au quotidien Le Monde que « si Castro continue à transmettre le pouvoir à ce rythme, il le passera dans 200 ans ».