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L'anarcho-capitalisme comme idéal de socièté ? sans doute. En sommes nous éloignés en France ?

par Alain Genestine 17 Février 2008, 11:48 Libéralisme

Les idées philosophiques précèdent toujours leur application. Il n'y a pas d'acte sans idée, il n'y a pas d'organisation sociale sans idée. Une fois qu'on a compris qu'un maximum de liberté est à la fois souhaitable et logiquement possible, on est naturellement amené à appeler de ses voeux une société anarchique, ou anarcho-capitaliste. 

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          Il se trouve de surcroit que l'histoire de l'humanité a été jusqu'à présent celle d'un perpétuel changement, qui grosso modo a conduit à une amélioration progressive. Pourquoi ne pas penser et souhaiter que l'on puisse arriver un jour à un stade avancé de liberté? Il n'y a là aucune contradiction. Être « concret » et « pragmatique » ne signifie pas qu'on souhaite bloquer la société au stade où elle est actuellement, qu'on refuse tout progrès ou toute avancée. Les anarcho-capitalistes ne sont pas, au contraire, des ultra-conservateurs qui refusent tout changement dans les coutumes de la société.  
  
          Une fois assimilé le fait que l'avancée de la liberté politique coïncide nécessairement avec l'avancée du niveau matériel, scientifique, intellectuel et moral des masses, on peut également faire la réflexion suivante: qu'il serait inquiétant que l'humanité ait connu par le passé une anarchie généralisée et stable, car cela signifierait qu'il y a eu depuis une régression massive de la liberté et donc un retour à un stade antérieur de barbarie. Cela s'est déjà produit, quand par exemple suite à une guerre ou autre catastrophe, des démocraties sont revenues au stade de dictatures. Cela pourrait se produire également dans le futur au sein d'une hypothétique société libre – anarchique. C'est le fameux argument de « l'instabilité » de la société anarcho-capitaliste.  
  
« L'instabilité » de la société anarcho-capitaliste 
  
          Cette accusation d'instabilité est souvent évoquée par les adversaires de la liberté politique radicale – l'anarchie. Elle est symptomatique d'une difficulté à comprendre ce qui fait la stabilité d'une société.  
  
          Imaginez que vous vous trouviez il y a quatre mille ans en Egypte et que vous tentiez de défendre l'idée de démocratie. Nul doute que personne ne vous accorderait plus de cinq minutes avant de vous traiter au minimum de doux rêveur. On vous rétorquerait que sans le Pharaon, la société sombrerait dans le désordre, la violence et le néant; que le Pharaon est le seul à pouvoir infléchir les dieux, et qu'il ne saurait être question de s'en passer. Vous seriez amené à entrer dans un débat métaphysique et épistémologique complexe face à des gens qui n'en connaissent pas les rudiments, en vain. La tâche des anarcho-capitalistes dans le monde actuel est du même ordre. 
  
          Aucun gouvernement au monde n'est capable d'assurer la stabilité d'un système social. Cette stabilité est le produit de l'idée que les gens se font de leur système social. S'ils pensent massivement que la démocratie est le meilleur système, alors il y aura une démocratie, d'autant plus stable que l'idée est partagée. S'ils régressent et se prennent à croire qu'un dictateur est « nécessaire », au moins momentanément, alors il y aura une dictature. S'ils pensent qu'un Pharaon est indispensable, il y aura un pharaon, et cela peut durer des milliers d'années. Si un jour, une proportion suffisante de gens sont intimement persuadés que l'État – tout État – est par nature nuisible et qu'il faudrait l'abolir, alors il disparaîtra dans l'oubli général. La société anarcho-capitaliste verra alors le jour, et beaucoup de gens ne comprendront pas comment leurs ancêtres pouvaient croire à l'utilité de l'État. Et aucun groupe n'aura la moindre de chance de le rétablir en s'appuyant sur des arguments que tous considèreront désormais comme du boniment.  
  
          La guerre contre l'État est une guerre d'idées. C'est une guerre de diffusion de l'information, d'explication, de pédagogie, de construction conceptuelle: il s'agit de comprendre que la liberté est bonne dans tous les domaines de l'existence, et d'autant plus qu'ils sont fondamentaux. Il s'agit de comprendre que toute restriction de la liberté introduit de la destruction et du désordre au détriment de la masse et au profit d'une petite élite. Tant que les gens n'auront pas compris cela, l'État prospérera. Le jour où ils l'auront compris, aucune force au monde, aucun groupe armé ne pourront empêcher la disparition inéluctable de l'État. Mais pour en arriver là, il faut accepter de prendre connaissance des écrits des auteurs libéraux, ce que la plupart des gens refusent farouchement de faire.  
  
          Qu'est-ce qui empêche qu'un Pharaon prenne le pouvoir aujourd'hui en se réclamant d'Osiris ? Ce n'est ni la Police, ni l'Armée. C'est l'information qui est dans vos têtes, à vous qui me lisez. Cette information vous fera dire: « En voilà une idée loufoque! On n'a pas besoin de 'Pharaon'. » Vos descendants diront peut-être un jour: « En voilà une idée loufoque! On n'a pas besoin de 'Président de la République'. »  
  
La société anarcho-capitaliste, une « utopie »? 
  
          On entend souvent dire que l'anarcho-capitalisme est « utopique ». Tout dépend du sens qu'on veut donner à ce mot, bien sûr. « Utopie » n'est pas entendu ici au sens originel de l'île proto-communiste Utopia qui est manifestement inadapté à l'anarcho-capitalisme; je suppose qu'« utopie » désigne ici plutôt une société qui ne peut exister dans le monde réel parce que certaines de ses caractéristiques ne correspondent pas à la réalité métaphysique du monde.  
  
          L'utopie communiste, par exemple, se fonde sur l'hypothèse de l'homme « nouveau », elle ne tient pas compte du fait que l'homme est ce qu'il est et pas autre chose. Par conséquent, elle doit nécessairement échouer, c'est-à-dire détruire, parce que l'homme n'est pas un homme « nouveau ». C'est une donnée métaphysique et quand on ne tient pas compte des données métaphysiques, on se heurte à un mur.  
  
          L'utopie « anarcho-communiste » relève de la même erreur. Elle y ajoute de surcroît (au moins dans certaines de ses versions) l'idée que le monde sera « libéré de la rareté »: tous les biens seront disponibles pour tous en abondance. Cette théorie nie une donnée métaphysique, qui est justement la rareté des biens. Elle est donc « utopique » et ne peut que mener à des désastres. Elle veut égalemnt supprimer l'argent. Or l'argent est une condition métaphysique nécessaire à l'existence d'une société avancée, compte tenu de ce qu'est l'homme et de ce qu'est l'univers. Par conséquent, cette utopie ne peut pas prendre corps sans occasionner une régression épouvantable du niveau de vie des hommes. Il n'est besoin d'aucune expérience pour en avoir la certitude absolue. 
  
          Rien de tel avec l'anarcho-capitalisme qui se fonde au contraire sur des arguments logiques et se garde de contredire toute donnée métaphysique. C'est au contraire par l'analyse fine de la nature de l'univers et de l'homme qu'on parvient à la conclusion de l'anarcho-capitalisme comme idéal de société. La tradition libérale qui y mène est d'abord une tradition du rationalisme, scrupuleusement respectueuse de la réalité et de la logique.  
  
          C'est la raison pour laquelle je ne me dis pas particulièrement « anarcho-capitaliste », mais surtout rationaliste ou tout simplement réaliste. 

Source: QL par M. Mithra
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commentaires
S
<br /> <br /> <br /> <br /> Stéphane Geyres  L'anarcapie EST l'avenir de la société, c'est inéluctable...<br />
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P
<br /> Patrick Aubin Les français réagissant en fonction des peurs, là nous en avons deux : anarchie et capitalisme... deux mots<br /> complétement dénaturés dans notre pays...Les politiques roulent ainsi sur l'or de la solidarité qui consiste à spolier les riches au profit des pauvres en exploitant à fond l'escroquerie de la<br /> sociale-démocratie ou la majorité impose ses points de vue aux minorités. Alors oui nous en sommes aujourd'hui très éloignés puisque c'est la misère sociale qui se profile au lieu du<br /> développement.<br />
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L
<br /> <br /> Luc Wilquin L'art de l'esquive :)<br /> <br /> <br /> <br />
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N
<br /> <br /> Nidhalg Freeland Et comme la question était "où voulez vous en venir?", et que vous n'y répondez pas, c'est<br /> que vous ne savez pas vous même où vous voulez aller..<br /> <br /> <br /> <br />
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N
<br /> <br /> Nidhalg Freeland Relisez "X", c'est le meilleur moyen d'éviter d'avoir à répondre quand on ne sais pas quoi<br /> répondre..<br /> <br /> <br /> <br />
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