
Cet article a été rédigé par un reporter d'AgoraVox, le journal média citoyen qui vous donne la parole.
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Depuis son arrivée à l'Elysée, Nicolas Sarkozy s'est engagé avec précipitation dans toutes les directions : loi sur l'immigration, sur les heures supplémentaires, rapport Balladur sur les institutions, rapport Attali, Grenelle de l'environnement... Il a su entraîner avec lui une opinion captivée par son énergie et par le renouvellement des codes de la communication politique.
De la part d'un public réputé pour son conservatisme, ce changement ne peut que surprendre, notamment avec l'émergence d'une gauche « sarkozyste » ! Bien
que sa politique manque de profondeur et de cohérence dans son ensemble, le mouvement fait illusion. Sans aller jusqu'à la « rupture » annoncée, le rythme promet d'être soutenu jusqu'en 2012. Car
comme le dit Margaret Thatcher : « ce qui compte ce ne sont pas les cent premiers jours. Ce sont les cinq ans qui viennent et encore cinq ans de plus ». A défaut de plan clair derrière cette
profusion de mesures, la confrontation actuelle répond au besoin de remobiliser un électorat désorienté par cette stratégie de la confusion. On est même en droit de se demander si ce conflit
social ne ferait partie du plan de rupture de Sarkozy.
En face de cette machine bien huilée, un acteur joue sa survie. Les syndicats mobilisent leurs troupes dans le désordre depuis octobre sur des sujets qui s'accumulent d'eux-mêmes. Entraînés par une base radicalisée, leurs dirigeants se sentent poussés malgré eux vers une contestation dangereuse. Face à une opinion publique qui leur est largement défavorable, face à une gauche qui les soutient de moins en moins, la question syndicale se trouve implicitement au cœur du conflit actuel. Tous savent que Nicolas Sarkozy n'a pas le choix. Il ne peut pas lâcher s'il ne veut pas brutalement se « chiraquiser » et se retrouver marginalisé par une opinion de plus en plus impatiente de changements. La droite fragmentée par sa politique d'ouverture n'attend que de le voir trébucher pour régler ses comptes avec ce maître autoritaire qui ne lui laisse aucun espace. Les grévistes espèrent-ils vraiment pousser Sarkozy au-delà de ses limites ? Compte tenu de leur handicap et du fait que la gauche n'est plus en état de prendre la relève, le pari est plus que risqué. S'ils perdent, ils auront dégagé les trois prochaines années de tout obstacle pour Nicolas Sarkozy. Son absence criante de stratégie à moyen terme est, hélas, un mauvais présage pour notre pays.
Les premières victimes de ce règlement de comptes théâtralisé, ce sont les Français qui en saisissent mal les enjeux. Ils savent que les réformes les plus
importantes restent à faire, comme par exemple la refonte du Code du travail et du modèle de protection sociale ou la suppression du statut de la fonction publique et la baisse des dépenses de
l'Etat. Or, l'histoire de notre syndicalisme et les règles qui le régissent en font une force conservatrice, bloquante, plutôt qu'une dynamique de négociations constructives. Repliés dans leurs
bastions historiques et tenus par une base d'autant plus radicalisée qu'elle est restreinte, nos syndicats sont enfermés dans leur culture de la confrontation systématique. Ils n'apportent aucune
valeur ajoutée aux salariés qui voudraient se syndiquer, par exemple au travers de services mutuellistes. L'adaptation périlleuse de la CFDT confirme à quel point cette mue est difficile. Pensons
à l'après conflit. Alternative libérale constate une fois de plus que la réforme du syndicalisme constitue le préalable à toutes les autres. Seule une sphère sociale assainie nous permettra de
faire évoluer notre modèle social sans les perpétuelles confrontations qui interdisent tout débat.

Les libéraux se sont battus pour la liberté syndicale et le droit de s'assembler pour défendre des combats communs. Tant que ce regroupement restait libre. Le syndicalisme ne s'impose pas, il se choisit. Alternative libérale demande l'abrogation du décret de 1966 qui octroie arbitrairement la « présomption irréfragable de représentativité » à cinq confédérations sans permettre à d'autres syndicats d'émerger au niveau de l'entreprise ou des branches. Il n'est plus concevable que seules ces confédérations moribondes disposent du monopole de représentation syndicale au sein de chaque entreprise en France. Aujourd'hui, nous devons nous battre pour retrouver cette liberté syndicale.
Les nombreux scandales financiers qui entourent la vie syndicale nous rappellent les dérives du monde politique des années 80 et 90. Il n'est plus tolérable que les branches de la Sécu, de nombreux comités d'entreprise ou la formation continue alimentent les caisses noires de nos syndicats de salariés ou patronaux. Il est temps de leur imposer une vraie transparence financière en les obligeant à publier leurs comptes. Surtout, le financement des syndicats doit reposer exclusivement sur les adhésions de leurs membres, et non plus sur des contribuables captifs qui n'ont aucune raison d'y contribuer. C'est aussi à ce prix que les syndicats repartiront à la conquête d'un public nouveau, en vue d'accroître légitimement leurs moyens d'action.
