Pourquoi cette différence?
Dans une entreprise en situation de concurrence, les travailleurs qui font grève ne nuisent qu'à l'entreprise, pas à ses clients : ceux-ci peuvent se fournir auprès d'une autre entreprise.
Dans un soi-disant "service public" en situation de monopole, la grève ne nuit véritablement qu'aux usagers et aux autres contribuables. Elle est donc la négation même du Service Public. "Mais alors, diront certains, comment feraient les fonctionnaires pour améliorer leur sort s'ils ne pouvaient faire grève?". Cet argument est sans valeur. Même lorsqu'elle se plaint de sa condition au point de déclancher une grève, la fonction publique n'a jamais de mal à recruter, ce qui est le seul véritable critère d'adéquation des conditions faites aux fonctionnaires. Cela tient à ce que les intérêts communs entre l'État et la fonction publique sont tels que l'État a intérêt à favoriser suffisamment la fonction publique, indépendamment de toute grève, pour pouvoir la renouveler.

Faire grève pour défendre les Régimes spéciaux représente un pas de plus dans l'immoralité. Voici pourquoi : le coût des régimes spéciaux est environ deux fois supérieur à ce que les bénéficiaires versent pour leurs retraites et cette situation empire chaque année car le rapport entre les cotisants et les bénéficiaires ne cesse de diminuer. La différence est payée d'une part par le contribuable, d'autre part par les caisses de retraite des salariés du privé, qui sont ainsi de plus en plus menacées dans leur équilibre. Si cela continue, les caisses privées seront obligées de diminuer les retraites qu'elles versent à leurs retraités, alors qu'eux, au moins, ont cotisé suffisamment pour maintenir leur caisse à l'équilibre. De même que les syndicats saccagent les entreprises ou les commerces qui la font vivre pour les obliger à continuer de payer, de même les bénéficiaires des régimes spéciaux empoisonnent la vie de ceux qui contribuent à leur régime pour les obliger à couvrir leurs avantages.
Ainsi, ceux-là mêmes qui ont toujours le mot d'égalité à la bouche n'hésitent pas à brimer leurs compatriotes pour conserver des privilèges perpétués par la coercition.