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Vaclav Havel, vous vous rappelez ?

par Alain Genestine 20 Novembre 2007, 13:07 Culture

Après deux décennies de pause théâtrale, Vaclav Havel publie cette semaine sa nouvelle pièce librement inspirée du "Roi Lear" de Shakespeare et de la "Cerisaie" de Tchekhov, qui s'annonce déjà comme l'événement phare de la saison à Prague.

Vaclav Havel à Prague, le 7 novembre 2007. ...
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"Odchazeni" ("Sur le Départ") est actuellement en cours de mise en scène au théâtre "Na Vinohradech" après un désaccord très médiatique avec le prestigieux Théâtre National sur la distribution.

La première est prévue en juin avec Dagmar, l'épouse de l'auteur dans le premier rôle féminin et Jan Triska, l'ami de longue date de M. Havel, dans le premier rôle.

Sans attendre, la critique se montre plutôt laudative sur le texte, à l'image du quotidien Dnes pour lequel "force est de constater que ce grotesque plein d'esprit et d'ironie portant sur les mécanismes du pouvoir est une bonne pièce".

Présenté début novembre, l'opuscule a été distribué cette semaine en librairie où il était très attendu: l'auteur qui s'est fait connaître dans les années 1960 avec ses textes croisant théâtre de l'absurde et héritage kafkaïen, s'était laissé aspirer depuis des années par ses activités politiques, d'abord comme dissident pourchassé par le pouvoir communiste puis comme président de son pays, de 1989 à 2003.

La pièce évoque "quelqu'un qui occupe un haut poste, doit le quitter et voit son monde s'écrouler", comme l'a lui-même expliqué Vaclav Havel lors de sa présentation dans un café pragois.

"Pour quelqu'un qui a été président pendant 13 ans jusqu'à expiration de son mandat, le titre risque de laisser croire que l'inspiration vient de son propre départ", reconnaît avec un petit sourire cet homme de 71 ans au physique fragile.

Mais il assure avoir "commencé à l'écrire dans les années 1980, longtemps avant la révolution (de 1989) et longtemps avant sa présidence".

"A l'époque, j'avais achevé environ deux tiers du manuscrit avant de l'abandonner. Puis, vers la fin de ma présidence, j'ai commencé peu à peu à revenir sur ce sujet, dans mon esprit", raconte celui qui a finalement profité d'une résidence de plusieurs mois aux Etats-Unis pour finir sa pièce et aussi parachever son autobiographie "A vrai dire", déjà traduite dans plusieurs langues.

Plus que sa propre expérience, "Sur le départ" évoque, selon lui, le parcours de certains apparatchiks communistes réformateurs qui, impitoyablement chassés de leurs postes prestigieux et privés de leurs prébendes après l'occupation soviétique en 1968, rejoignirent les rangs de la dissidence.

Certains critiques cependant, comme celui de Dnes, font valoir que le conflit entre le principal personnage, le chancelier sortant Vilem Rieger, un intellectuel indécis, et son implacable successeur Vlastik Klein, rappelle la longue rivalité entre M. Havel et son ex-Premier ministre libéral Vaclav Klaus, qui lui succéda ensuite au Château de Prague.

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"Une pièce comme un testament politique? Heureusement, ce n'est pas si simple", conteste le quotidien, Hospodarske Noviny.

Vaclav Havel, lui, assure que l'assimiler au chancelier Rieger relève autant de la "spéculation" que se demander "s'il y a Vaclav Klaus ou non".

Pour lui, "ce n'est pas une pièce écrite uniquement pour le public tchèque" et "en Islande ou aux Philippines, personne ne se perdra dans de telles spéculations".

Et s'il avoue que "sa période présidentielle lui a apporté, ici et là, une certaine inspiration", il préfère évoquer la filiation de "Odchazeni" avec William Shakespeare (1564-1616) et Anton Tchekhov (1860-1904).

"Lear est un souverain qui perd son pouvoir et dont le monde s'écroule. Dans ma pièce aussi, la cour du héros se désintègre et apparaissent, comme partout, les archétypes du traître et du flagorneur", souligne Vaclav Havel. Et comme dans la "Cerisaie", la famille quitte sa maison contre sa volonté.

En attendant la première, l'auteur est déjà retourné à sa table de travail, pour préparer un nouveau texte.

 
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