
Jeudi, les ministères de l'Ecologie et de l'Agriculure ont annoncé le maintien pour ces secteurs de l'interdiction des appelants, ces oiseaux élevés par les chasseurs et utilisés pour attirer leurs congénères sauvages.
Une décision qui suscite "l'écoeurement" et la stupéfaction des porteurs de fusils, les appelants étant paradoxalement autorisés pour la chasse sur le domaine maritime, ouverte depuis le 4 août.
"La chasse sans appelants est inconcevable. Ce sont des auxiliaires très importants. En plus, les appelants c'est tout le folklore. Pendant la fermeture on les a soignés, fait se reproduire, on les a bichonnés", a affirmé à l'AFP Denis Bittner, du groupement départemental des chasseurs de gibier d'eau du Nord, qui s'est dit "prêt, avec (ses) collègues, à désobéir".
"Après tous les efforts qu'on leur a demandés depuis un an, pour baguer les oiseaux, tenir des registres, faire des déclarations, etc. c'est l'incompréhension complète", a souligné Philippe Bettig, président de l'Association nationale des chasseurs de gibier d'eau (ANCGE), dont le nombre est évalué à quelque 250.000.
Leur moral est d'autant plus "chagrin", selon le président de l'Association picarde des chasseurs de gibiers d'eau Eric Kraemer, qu'ils ont le sentiment d'être assiégés de toutes parts.
Déçus des dates de chasse qu'ils jugent tardives et dont ils regrettent le décalage entre le domaine maritime et les marais intérieurs, les chasseurs doivent aussi faire face à une hausse de leur budget.
Depuis le 1er juillet, après un an de tolérance, les cartouches au plomb sont bannies pour ce type de chasse pour prévenir la pollution des eaux et le saturnisme chez les canards.
Or, ces munitions, à base d'acier, de bismuth ou de tungstène, coûtent beaucoup plus cher que celles au plomb, pour une efficacité contestée.
"L'abandon du plomb pour le chasseur c'est une augmentation minimum de 50% de son budget munitions" (désormais jusqu'à 1,5-2 euros la cartouche), sans compter le changement des fusils trop anciens, souligne M. Bettig.
En y ajoutant le prix du permis, des "actions" (pour pouvoir chasser sur certains sites) et du baguage des appelants, le budget apparaît conséquent, de l'ordre au minimum de plusieurs centaines d'euros.
Si l'évolution concernant les munitions est jugée nécessaire pour des raisons écologiques, elle fait néanmoins grincer des dents, les cartouches sans plomb étant jugées "peu performantes", pour les tirs à longue distance.
Associé à l'interdiction des appelants, "cela commence à devenir impossible de chasser", a affirmé M. Bittner, en soulignant "l'amertume" croissante des chasseurs dont "certains raccrochent leur fusil", découragés.
D'après M. Bettig, les quatre principaux départements de chasse au gibier d'eau ont vu ainsi l'an passé leurs effectifs diminuer de 500 personnes dans le Pas-de-Calais, 800 pour la Somme, un millier dans le Nord et 1.500 en Gironde.