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Sortons de la crise et innovons !

par Alain Genestine 24 Juillet 2007, 12:54 Jeunesse

Ne confondons pas urgences et priorités

Les débats franco-français de ces derniers mois et le résultat des urnes ont
permis de clarifier quelques points essentiels pour l’avenir du pays : Tout
d’abord, tous les candidats, sans exception, ont enfin pris acte que la France
traversait une crise majeure de pilotage, d’identité et de sens. Ils ont aussi
admis que nous sommes confrontés à une régression tant en terme de
compétitivité que de rayonnement international et qu’il est plus que temps de
réagir !

http://www.futura-sciences.com/uploads/tx_oxcsfutura/img/moteur_ionique_nasa.jpg

Ensuite, et sûrement grâce à ces confrontations d’idées, une nouvelle

génération a réussi à émerger et à s’imposer. Elle est désormais aux commandes
avec à priori l’intention de reprendre en main le fonctionnement du pays. Son
ambition affichée et sa volonté de clarifier les enjeux laissent penser qu’elle va
réinsuffler cette énergie vitale dont le pays a besoin pour surmonter ce
désenchantement, voire cette désespérance qui sévit dans les esprits. Enfin, les
premières mesures envisagées permettent d’imaginer que nous allons enfin
pouvoir ouvrir le pays et ses jeunes générations aux défis du futur.

Pour autant ces mouvements de fond tant attendus ou espérés
constituent-ils une « rupture » en soi comme certains l’affirment ? Sûrement pas
et il nous faudra attendre encore quelques mois pour savoir si nous allons
véritablement sortir le pays de la crise. Sommes-nous sur un simple
effet marketing « d’urgentistes » ou sur la prise en compte de véritables priorités
par de « fins stratèges » ? Il faut avouer que pour le moment, au-delà les
quelques ouvertures fiscales, judiciaires et européennes qui répondent à
quelques urgences électorales fortement médiatiques (départ des capitaux,
questions sécuritaires, montée de l’euro et isolement de la France au sein de
l’Union….) de nombreuses questions de fond ne sont toujours pas abordées. La
tentation de les éluder, voire de les repousser une fois de plus semble même
être très forte.

La première concerne la dette de la France. Plus que jamais il faut
arrêter l’hémorragie financière générée par le train de vie de l’Etat qui menace ce
pays d’asphyxie. La cour des comptes vient de générer une nouvelle alerte en
annonçant une dérive supplémentaire de 45 milliards d’euros sur le premier
semestre soit 4 fois ce que devrait coûter dans les prochains mois la mise en
oeuvre des promesses électorales de M Sarkozy. Cette préoccupation devrait être
primordiale et obsessionnelle pour nos nouveaux dirigeants. Il ne semble pas que
nous soyons en train de prendre cette voie et la tentation de « faire une pause »
n’est pas saine. Postuler sur une simple diminution naturelle des fonctionnaires
ne suffit pas et il faut s’attaquer réellement au gaspillage budgétaire qui sévit
depuis 30 ans. Le réflexe compulsif de recourir à la dépense publique en vue de
relancer la croissance et par la même le sacro-saint pouvoir d’achat est redevenu
d’actualité. Nos gouvernants ne semblent pas comprendre ce que signifient pour
les comptes de notre pays la baisse tendancielle du dollar et les tensions à la
hausse sur les marchés de l’énergie. Avec de telles perspectives une relance des
déficits publics s’avèrerait suicidaire très rapidement. Elle ne génèrera pas
forcément de la croissance comme certains l’imaginent, mais obèrera sûrement
cette fragile confiance accordée par nos partenaires européens. Ces derniers
attendent en effet que nous transformions (comme ils ont su le faire de leur
côté) nos fondamentaux sociaux et économiques et que nous ne profitions pas
du parapluie de l’euro sans procéder à quelques ajustements structurels. Les
exemples de la Suède et plus récemment de l’Allemagne devraient nous guider.

La seconde question est relative à ce nouveau « contrat social »

qu’il faut faire émerger au plus vite entre l’Etat et la nation. Il ne peut être
limité à la mise en place d’un nouveau contrat de travail unique et à
l’aménagement des heures supplémentaires. Si ces mesures sont indispensables
pour permettre à l’ensemble du pays de retrouver un peu de flexibilité et surtout
d’activité, elles sont intrinsèquement insuffisantes. Il faut plus d’ambition pour
remettre la France en marche. Si nous nous contentons d’un énième dialogue
avec les partenaires sociaux, dont nous savons tous que la représentativité est
devenue marginale, nous ne règlerons pas sur le fond la dérive quasi tribale de
notre société autour d’une sublimation hédoniste du « moi » au détriment du
« vivre ensemble ». Certes il faut faire preuve de pédagogie, nos médias nous le
répètent tous les jours alors que nos dirigeants vivent dans l’angoisse d’une
réplique du CPE. Mais après des décennies de démagogie sur ce front du social et
du parafiscal, et surtout après la gigantesque erreur des 35 heures, il faut
désormais changer de méthode. Il ne faut plus confondre dialectique et dialogue.
Celui-ci n’a d’effets salutaires que s’il est responsable et s’il débouche sur de
véritables arbitrages. L’exemple du Canada devrait là aussi nous inspirer.

La troisième priorité est de libérer l’énergie de ce pays et de

permettre à ses talents de vraiment s’exprimer dans tous les domaines.
Libérer l’épargne et les capitaux n’est pas suffisant, il faut être encore plus
ambitieux et engager des initiatives audacieuses en mettant la société civile au
coeur de tous les défis. Il faut remettre la culture du risque et celle de la réussite
au centre du projet de société, en commençant bien entendu par le champ
éducatif. Plus que jamais il faut sortir de cette pulsion compassionnelle et de ce
totalitarisme de la précaution qui prévalent partout. Il faut renouer avec le sens
de l’ambition et du leadership. Il faut retrouver le goût de l’action et de la
victoire. A nouveau l’exemple de l’Angleterre devrait nous stimuler. A plusieurs
reprises l’intention de mettre à l’ordre du jour ces priorités a été affichée avec
détermination et brio, il faut désormais passer aux actes fondateurs et ne plus se
contenter d’effets d’annonces médiatiques, sinon tel le soufflé, l’illusion sera de
courte durée.

http://www.oct.ca/publications/pour_parler_profession/mars_2005/photos/degrassi_group_portrait.jpg

Là sont les priorités immédiates pour la France. Mais il ne faudrait pas

oublier que toutes ces initiatives ne peuvent plus être isolées du reste
du monde, même si la préoccupation internationale a été totalement
absente des débats électoraux. Il suffit d’observer le déclassement des
ministères régaliens, en particulier celui de la défense, en termes de rang
protocolaire, au profit des gestionnaires de la « paix sociale » et des garants de
la « paix civile », pour mesurer l’inversion des priorités de nos gouvernants face
à l’acuité de la crise que traverse le pays. Certes le rétablissement de la
confiance est devenu crucial entre les élites et la société pour éviter une
implosion du système, mais il ne faut pas négliger la sensibilité de nos relations
avec nos grands partenaires mondiaux sur les champs du sécuritaire, du
diplomatique et du monétaire. Ils ne nous pardonneront désormais aucune erreur
de trajectoire. De toute façon cela fait déjà longtemps qu’ils ne nous attendent
plus et que leurs regards sont tournés vers les nouveaux centres
géostratégiques du Pacifique et de l’Océan Indien, là où se construit le XXIème
siècle. Le dernier G8 fut une bonne illustration du repositionnement des
ambitions des uns et des autres. Evitons de nous raconter trop d’histoires, notre
influence doit être reconquise à tous les niveaux. Pour toutes ces raisons la
France ne peut pas trop se recroqueviller autour de ses archaïsmes sociaux et de
ses vieux démons institutionnels. Il ne faudrait pas que nous restions trop
longtemps confinés dans nos urgences électorales franco-françaises et il
serait judicieux de retrouver assez vite le sens des priorités et l’ambition
du grand large.

Le pays a besoin d’engager le plus rapidement possible une véritable sortie

de crise. Celle-ci exige bien entendu ce courage et cette force de caractère qui
semble être incarnés par la nouvelle équipe, mais pour réussir elle suppose aussi
une force d’âme supplémentaire. Celle ci ne peut être que le résultat d’une
alchimie entre un peuple et ses dirigeants autour de la vision partagée d’un
destin et d’une espérance commune. Elle ne peut se contenter de mesures de
circonstances. Si nous n’en n’avons plus les moyens essayons au moins d’en
avoir l’envie et la volonté ; après tout, comme l’écrit Goethe « l’audace a du
génie, du pouvoir, de la magie. » Il faut simplement oser et y croire ! Il faut
surtout se mettre en mouvement, voire en « marche forcée » car le temps milite
contre nous.
Xavier Guilhou
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commentaires
D
<br /> <br /> Daniel Thureau ‎"Celle-ci exige bien entendu ce courage et cette force de caractère qui<br /> semble être incarnés par la nouvelle équipe"....<br /> <br /> EN TOTAL DESACCORD.......!!!!<br /> <br /> <br /> <br />
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