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LES SUISSES REJETTENT LE MONOPOLE DE LA SECU

par Alain Genestine 10 Avril 2007, 21:18 International


Les Suisses sont des gens incroyables. Alors que, dans le domaine de la santé, ils ont des assurances privées en concurrence, ce qui est, comme le savent les Français, l’abomination des abominations, voilà qu’ils viennent de rejeter, à une large majorité en plus, la perspective pourtant idyllique d’un monopole de la sécu ! L’affaire mérite d’être contée.

La première chose incroyable, du moins pour des Français, c’est que dans le domaine de l’assurance-maladie, les Suisses ont le droit de choisir leur assureur. Il y a certes une obligation d’assurance (comme chez nous pour l’assurance automobile, tout le monde doit être assuré), mais un libre choix du prestataire, en l’occurrence de la caisse d’assurance-maladie. Il existe donc en Suisse quatre-vingt-sept compagnies d’assurance privées, qui se partagent les 7,5 millions d’assurés. Chacun a le choix de son assureur et donc des modalités les plus appropriées à sa situation. Certes, on fait parfois observer-comme dans Le Monde, qui rapporte cette information- que les primes ont augmenté, ce qui est exact, mais ce n’est évidemment à cause de la concurrence, mais parce que le vieillissement de la population entraine une beaucoup plus grande demande de soins, donc des primes plus élevées : sans concurrence, comme chez nous, l’évolution des cotisations a été bien pire.

Certains socialistes suisses - car il y a des socialistes suisses - font observer que l’assurance maladie privée est bien coûteuse, montrant le cas d’une famille de la classe moyenne avec deux enfants qui consacre jusqu’à 15% de son revenu pour l’assurance-maladie (c’est plus simple en France, puisque chacun ignore le vrai coût, évidemment plus élevé), mais en oubliant qu’il y a d’autres cas, comme un célibataire au revenu confortable, où la cotisation est inférieure à 2% du revenu.

Ces socialistes suisses ont donc proposé aux électeurs la solution à tous leurs problèmes de santé : le modèle français, c'est-à-dire un système de « caisse maladie unique et sociale », une sécu-bis en quelque sorte, avec tous les « avantages » du monopole. Les verts se sont empressés de soutenir cette initiative socialiste, puisqu’en Suisse comme ailleurs les verts sont rouges. Les électeurs ont rejeté cette initiative populaire par 71,2% des voix, ce qui est sans appel. Même en Suisse, l’ampleur du rejet a étonné, comme quoi il vaut mieux, comme en France, ne pas demander l’avis de la population.

Il faut dire qu’un referendum a le grand inconvénient de susciter un débat contradictoire et de permettre à chacun d’argumenter : on laisse l’électeur réfléchir, puis choisir. Alors que chez nous, les énarques décident à notre place, au nom de l’intérêt général. Et chacun a pu argumenter, les compagnies d’assurance expliquant les méfaits d’un monstre bureaucratique inefficace, grâce à  des campagnes d’affichage. Les électeurs, qui ont plus de bon sens qu’on ne le croit, surtout lorsqu’ils sont informés, ont vite compris que le monopole conduisait toujours à des prix plus élevés et à des services moindres que la concurrence : chacun peut en faire l’expérience dans tous les domaines.

Le ministre suisse de la santé, Pascal COUCHEPIN, a salué « le bon sens » du peuple suisse, incitant en même temps les assureurs privés à multiplier leurs efforts de transparence. Le Monde est manifestement fort déçu de cette décision, l’article étant publié sous le titre « la gauche helvétique souhaitait endiguer la hausse des dépenses de santé », chacun sachant bien qu’un monopole est la meilleure façon de réduire les dépenses…

Mais, comme toujours, le venin était dans la queue de l’article, Le Monde expliquant que 82 parlementaires sur 246 étaient liés aux lobbies de la santé, certains d’entre eux siégeant même au conseil d’administration d’une caisse maladie privée. Ce n’est pas en France qu’on verrait cela. En effet, chez nous c’est quasiment 100% des parlementaires qui sont liés aux lobbies de la sécu. Pauvres Suisses, privés une nouvelle fois des bienfaits du fameux modèle social français !

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commentaires
M
Il faudrait envoyer un email a Montebourg
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J
Bonjour,Je n'avais pas entendu cette info. Voilà une bonne nouvelle, espérons que très bientôt nous aurons enfin véritablement le droit de pouvoir choisir. Je veux demeurer libre ! Librement,JB
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A
On en a malheureusement tres tres peu entendu parler en France ...Bravo les suisses
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