Alain Juppé, battu à Bordeaux, démissionne du gouvernement
Alain Juppé après avoir annoncé sa démission du gouvernement le 17 juin 2007
BORDEAUX (AFP) - Le ministre de l'Ecologie Alain Juppé a été battu dimanche face à la candidate socialiste Michèle Delaunay qui a réuni 50,93% des voix à Bordeaux au second tour des législatives, une défaite qui lui coûte son portefeuille ministériel qu'il abandonnera comme il s'y était engagé.
"Je présenterai dès demain matin au président de la République et au Premier ministre ma démission des fonctions de ministre de l'Ecologie, du Développement et de l'Aménagement durables", a annoncé M. Juppé devant des électeurs Bordelais, quelques minutes après l'annonce des résultats.
M. Juppé était parti à la bataille des législatives pour retrouver un mandat de député qu'il devait
laisser à son suppléant, Hugues Martin, en cas de victoire.
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Michèle Delaunay fête sa victoire sur Alain Juppé à Bordeaux le 17 juin 2007
AFP JOURNAL INTERNET - lun 18 jui, 2h25Cent-sept femmes, chiffre sans précédent en France, siègeront dans la nouvelle Assemblée nationale contre 76 seulement dans l'Assemblée sortante, selon les résultats définitifs des législatives.
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Michèle Delaunay félicitée par ses partisans le 17 juin 2007 à Bordeaux
La chute de Juppé, premier revers et casse-tête pour le duo Sarkozy-Fillon
LE PRÉSIDENT SARKOZY ESSUIE SES PREMIERS REVERS
Le Premier ministre François Fillon, le 17 juin 2007 à la Maison de la chimie à Paris au soir du second tour des législtatives
Le duo exécutif Sarkozy-Fillon a, malgré la victoire de l'UMP aux législatives, subi un premier vrai revers dimanche avec la défaite d'Alain Juppé, obligé de quitter un
gouvernement dont l'architecture se retrouve déséquilibrée.
L'ex-ministre Renaud Dutreil a sommé M. Borloo de "s'expliquer" sur ce projet, appelant la droite à "tirer les leçons de cette erreur majeure de communication qui [lui] a coûté beaucoup de voix en France". Le président de la République et son Premier ministre doivent également gérer les tensions autour de Jean-Louis Borloo accusé par certains à droite, en ayant évoqué une possible augmentation de la TVA, d'avoir semé la zizanie dans son camp, voire d'avoir contribué à la spectaculaire remontée de la gauche. Battu d'une courte tête à Bordeaux, le numéro deux du gouvernement Alain Juppé a aussitôt annoncé qu'il démissionnerait du super-ministère de l'Ecologie et du Développement durable pour se conformer à la règle édictée fin mai par François Fillon, obligeant tout battu aux législatives à quitter le gouvernement. Sa défaite est "une mauvaise nouvelle pour le gouvernement et pour le pays", a regretté l'ancien ministre du Budget, Jean-François Copé.
MM. Sarkozy et Fillon sont désormais face à un vrai casse-tête. En composant ce département ministériel aux compétences incluant les transports et la politique de l'énergie, ils voulaient marquer que la protection de l'environnement serait désormais prise en compte de façon prioritaire dans toutes les grandes politiques de l'Etat. Pour conforter encore l'autorité du maire de Bordeaux, MM. Fillon et Sarkozy avaient fait de lui le numéro deux et seul ministre d'Etat. Sa défaite dimanche n'en est que plus visible, et son remplaçant n'en sera que plus dur à trouver. M. Borloo a, lui aussi, pris en main il y a tout juste un mois un ministère de l'Economie redécoupé, enrichi des principaux instruments de la bataille pour l'emploi. S'il a été réélu dès le premier tour, il sort très affaibli de ce scrutin en raison de la polémique sur le projet de "TVA sociale". A droite, plusieurs ont montré du doigt M. Borloo en lui reprochant d'avoir concédé, au soir du premier tour, qu'une hausse de la TVA était un scénario envisagé parmi d'autres. L'ancien Premier ministre UMP Jean-Pierre Raffarin a lui estimé que le résultat du second tour s'expliquait par la peur d'un "tsunami bleu", mais aussi par la polémique sur la "TVA sociale".
Alain Juppé ne devrait pas démissionner, selon son adversaire socialiste
La nouvelle députée de Bordeaux Michèle Delaunay a fait part lundi matin de son regret de voir Alain Juppé démissionner du
gouvernement car "il ne faut pas mélanger les enjeux".
"Alain Juppé a provoqué il y a six mois une élection municipale anticipée en disant aux Bordelais 'je veux me consacrer à ma ville' et puis il a été attiré par sa carrière nationale (...) cela a pu peser" dans sa défaite, a-t-elle analysé sur RTL.
Mais l'adversaire socialiste d'Alain Juppé a déploré sa démission du ministère de l'Ecologie, jugeant qu'"il ne faut pas mélanger les enjeux". "J'ai exprimé mon regret qu'Alain Juppé fasse peser sur ce scrutin le poids de son ministère".
"Il faut que la politique soit très claire et je dis qu'il a raison d'enregistrer le vote des Bordelais, mais cela ne remet pas en cause son mandat ministériel", a-t-elle avancé. "Il est le ministre d'un gouvernement tout à fait légitime, qui a une majorité à l'Assemblée".
Quant à sa victoire dans un fief historique de la droite, Michèle Delaunay a souligné que "cette élection, cette alternance, cet air du large à Bordeaux était attendu depuis très très longtemps". "J'éprouve beaucoup de fierté à être celle qui porte ce moment auprès des Bordelais".
Bien qu'"extrêmement difficile", cette victoire "n'est pas inattendue", a souligné la nouvelle députée de Bordeaux avant de préciser qu'elle allait se mettre en disponibilité de son poste de cancérologue dans un établissement bordelais. "C'est un changement d'esprit de l'électorat, qui a manifesté sa liberté par rapport à ce pouvoir monolithique durable".
Démission d'Alain Juppé: "Nicolas Sarkozy est capable de transgression", selon Eric Besson
Le secrétaire d'Etat chargé de la Prospective et de l'Evaluation des politiques publiques Eric Besson a déclaré lundi que "la règle" de démission d'un ministre non élu aux législatives "n'était pas mécanique", et que Nicolas Sarkozy était "capable de transgression".
"Il y a cette tradition française, elle n'est pas mécanique" même si "la règle du jeu avait été rappelée avant l'élection", a souligné Eric
Besson sur RMC-Info/BFM TV. "Nicolas Sarkozy est capable de transgression sur un certain nombre de sujets: il peut le faire sur ce point".
Martelant que "cette tradition républicaine n'a absolument rien de mécanique", l'ancien membre du PS "pense que Nicolas Sarkozy a cette clé entre les mains et modestement il ne va pas (lui) demander (s)on avis".
La démission d'Alain Juppé du ministère de l'Ecologie "est une perte pour le gouvernement, et probablement pour notre pays", a observé Eric Besson, qui a salué la déclaration du député sortant de Bordeaux, "d'une dignité et d'une sobriété absolues". "Il y a eu dans cette déclaration un modèle d'élégance et de respect de la tradition républicaine".
"Très triste" de la défaite d'Alain Juppé, Roselyne Bachelot a assuré sur France Inter que sa démission était acquise et qu'"il sera remplacé", sans pouvoir donner le nom de son successeur. La ministre de la Santé a également rendu hommage au ministre de l'Ecologie sortant, "un homme politique majeur de notre pays".