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Question d'innovation, le dossier (2/3)

par AL de Bx 29 Novembre 2010, 15:16 Education-Recherche et Développement

CULTURE

 

Jusqu'à la révolution industrielle, le revenu réel des personnes et des nations est resté pratiquement constant. Dans la plupart des régions du globe, le niveau de vie du fermier en 1750, par exemple, n'était guère différent de celui de son arrière-grand-père. Les choses ont changé, dans certaines parties du monde, vers le début du XIXe siècle. Les taux de croissance et les revenus ont augmenté dans des proportions spectaculaires pour certaines nations, tout en restant inchangés pour d'autres. Pourquoi en a-t-il été ainsi ? L'une des réponses possibles à cette question est que les nouvelles technologies ont autorisé la création, l'accumulation et la diffusion de richesses toujours croissantes. Une autre réponse, plus analytique, est que certaines cultures ont ouvert largement leur porte au savoir et au changement, offrant ainsi un terrain fertile où les innovateurs pouvaient prendre des risques et poursuivre leurs rêves. Est-ce le fait du hasard qu'ils aient pu aussi enrichir leurs concitoyens ? Et le retard accusé par les autres pays n'est-il pas dû à une tradition d'immobilisme, à un contrôle central inhibiteur ou à une bureaucratie paralysante ?

 

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Les États-Unis sont, de longue date, des pionniers tant de l'innovation que de l'application de l'innovation à la génération de richesses. On pourrait même dire que cet état d'esprit est l'un des traits génétiques de la nation. L'un de ses fondateurs, Benjamin Franklin, a inventé à lui seul le paratonnerre, le poêle Franklin, les verres à double foyer et le cathéter urinaire souple. (Bien que Benjamin Franklin ait choisi de ne pas faire breveter ces inventions, ses multiples autres activités entrepreneuriales démontrent amplement son intérêt pour l'accroissement de ses revenus !) À notre époque, les économies d'Extrême-Orient, notamment Hongkong, Singapour, Taïwan, la Corée du Sud et le Japon, font preuve d'aptitudes analogues, pendant que la Chine et l'Inde acquièrent des capacités considérables de génération de revenus et visent à prendre place parmi les toutes premières puissances économiques mondiales.


Les États membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) tirent des revenus considérables de leurs avoirs pétroliers, mais ils n'ont pas, pour la plupart, fait preuve de grandes capacités d'innovation ni participé dans une grande mesure à l'expansion économique mondiale. On peut avancer ici l'argument selon lequel que les substantiels revenus par habitant provenant des hydrocarbures réduisent les encouragements à investir dans de nouvelles entreprises ou à appuyer l'innovation. Certains gouvernements du Moyen-Orient semblent avoir pris conscience du problème et y ont réagi. Dubaï, par exemple, a investi lourdement dans la création d'une infrastructure financière et dans le secteur des loisirs, tandis qu'en Arabie saoudite, l'université du Roi Saoud compte aujourd'hui 70.000 étudiants.

En Amérique latine, le Brésil a rejoint les rangs des grandes économies mondiales et il accomplit des progrès notables dans l'application de techniques novatrices modernes sur le plan intérieur ainsi que pour l'exportation.

Le génie de l'innovation et de son application à des fins productives pour résoudre divers problèmes et produire des richesses n'est pas une invention américaine et il continuera de se répandre bien au-delà des nations mentionnées ici. Partout, cependant, il faudra que la culture, l'initiative individuelle et l'appui de l'État concourent à l'éclosion d'un climat d'opinions, d'habitudes et d'idées favorables à l'innovation.


Influences réciproques

Comment la culture influe-t-elle sur l'innovation et quelle influence en subit-elle en retour ?

Culture et innovation sont indissociablement liées. Il ne saurait y avoir d'innovation dans un contexte culturel qui, à défaut d'être favorable à l'innovation, n'y est au moins pas indifférent ou hostile ; par ailleurs, une fois qu'une innovation apparaît, elle influe sur la culture, et l'une et l'autre évoluent ensemble. L'histoire fourmille d'exemples de ce phénomène. Ces influences réciproques sont particulièrement prononcées à notre époque cybernétique caractérisée par l'omniprésence des techniques de l'information et de la communication.


La naissance du « téléphone intelligent », cet appareil portable qui réunit la téléphonie cellulaire, l'informatique et l'accès à l'Internet, a créé des outils capables de modifier l'opinion publique, d'accélérer l'évolution des tendances et d'intensifier les changements culturels. Les habitudes ont changé en matière de lecture, journaux et livres étant délaissés en faveur de brèves informations factuelles ou subjectives. Débats et lettres ont fait place en grande partie d'abord au courrier électronique et à présent à Twitter et autres sites de microblogues. La cyberculture a considérablement réduit le temps qui sépare l'acquisition de connaissances et la décision ainsi que le cycle de réutilisation des connaissances pour créer d'autres connaissances. L'information instantanée, provenant de n'importe où et communiquée à n'importe qui, est devenue un véhicule à impact instantané sur l'opinion et sur la motivation - et qui n'est pas à l'abri de la manipulation. Cette accélération de l'acquisition du savoir peut se répercuter sur l'éducation, l'opinion, les loisirs, les mœurs et le développement culturel.


Dans de nombreuses régions du monde, la culture s'est développée à l'origine chez des gens animés principalement par le souci de se nourrir, au rythme de la vie agraire. De nos jours, la culture est souvent façonnée par l'atmosphère, les mœurs, les traditions et les us et coutumes d'un groupe de gens unis les uns aux autres par divers liens. Ces connexions peuvent être le niveau d'instruction, les croyances religieuses, les liens familiaux, l'ethnicité, l'emplacement géographique ou la nationalité. La culture est aussi un moteur de la créativité individuelle ou collective.


L'innovation est l'art de créer quelque chose de nouveau, poème, texte, plante à fleur, théorème mathématique, progrès médical ou invention. L'accent est mis de nos jours sur les technologies, en particulier les technologies e l'information, en tant que catalyseur majeur de l'innovation. Cela provient en grande mesure du remarquable accroissement de la richesse mondiale au cours des six décennies écoulées depuis la création de l'ordinateur universel en 1946. L'ordinateur, en conjonction avec les avancées notables des capacités de communication et des techniques de visualisation, a produit un accroissement de la richesse appréciable et a permis la naissance de nouvelles industries, même en des lieux où il n'existait pas jusqu'alors de capacités industrielles lourdes. On peut citer en exemple le secteur des micropuces de Singapour et de Taïwan et l'essor du logiciel informatique en Irlande et aux Philippines. Une évolution analogue est venue développer l'économie de pays qui possédaient déjà des industries lourdes, telles que la Chine, l'Inde et le Japon.

 

Ces développements se sont appuyés successivement les uns sur les autres, chaque innovation amenant logiquement à la suivante et toutes dépendant d'une culture qui embrasse les connaissances et le changement. On s'était efforcé, au fil des siècles, de trouver des moyens de calculer plus facilement et plus rapidement. Des dispositifs mécaniques et électriques construits grâce aux capacités industrielles de l'époque ont précédé les ordinateurs. C'est l'accroissement de la stabilité des tubes électroniques et des connaissances relatives à leur emploi qui ont permis de concevoir et de construire le premier ordinateur électronique. Les ordinateurs ont permis l'avènement des satellites, qui ont mené à leur tour à la révolution des communications. Et cette même connaissance et ce même emploi des circuits a abouti à la télévision et aux techniques de visualisation, principalement numériques, qui complètent la puissante triade de l'information à laquelle est due toute notre cyberépoque.


Ce n'est pas un effet du hasard qu'un si grand nombre des événements qui ont abouti à l'ordinateur personnel moderne ont eu lieu aux États-Unis dans les années 40 et durant les décennies qui ont suivi, ces événements étant concentrés en Californie dans la région de la Silicon Valley. Dans cette région, la culture prédominante a réuni des gens remplis d'idées et des techniques capables de transformer celles-ci en produits opérants.

Nous vivons aujourd'hui dans ce qu'un chroniqueur du New York Times, Thomas Friedman, a appelé un « monde plat ». Notre monde, s'il n'est pas encore parfaitement plat, s'est certainement aplati pour devenir un lieu où la communication et la disponibilité instantanées d'informations suscitent une « culture de l'innovation » qui efface les frontières nationales et permet à un nombre toujours croissant de citoyens du monde de créer et d'innover.


Une motivation viscérale

Certes, même dans la Silicon Valley, dans la région de Bangalore en Inde ou dans n'importe lequel des autres foyers de l'innovation, tout le monde n'est pas inventeur. Les inventeurs sont des gens qui ont des rêves et qui possèdent la force de caractère nécessaire pour en faire des réalités. On ne peut pas créer cette motivation viscérale, cette volonté et cette ambition profondes d'accomplir des choses, mais on peut la nourrir, l'entretenir, l'encourager, que ce soit dans le domaine de la technologie, de la médecine, des arts ou de l'agriculture.


Les grandes étapes à suivre pour instaurer un climat culturel propice à l'innovation consistent à élargir l'accès au savoir (et, partant, l'infrastructure éducative), à fournir un appui financier aux innovateurs, à éliminer les obstacles bureaucratiques qui s'opposent à la reconnaissance des innovations et à engager des dépenses pour faire connaître les produits novateurs.

Prenons, par exemple, une composition musicale. Il faut, pour en assurer le succès, qu'il existe des établissements d'enseignement pour former les futurs compositeurs, un appui financier pour permettre à un compositeur de créer son œuvre, une infrastructure juridique assurant la protection des droits d'auteur, et des moyens financiers pour que l'œuvre musicale puisse être jouée.


Un autre phénomène encourageant est que les technologies nouvelles réduisent les obstacles qui s'opposent à l'innovation, créant ainsi un cercle vertueux favorable à l'instauration d'une culture de l'innovation plus mondiale. Avant l'avènement de la téléphonie cellulaire et des téléphones intelligents, les communications interurbaines exigeaient une infrastructure aussi vaste que coûteuse, bien au-delà de la portée des budgets de nombreux pays pauvres. Mais les relais de transmission des réseaux cellulaires sont bien plus simples et bien moins coûteux que les réseaux câblés. Grâce à quoi des millions d'innovateurs potentiels qui auraient été isolés et ignorés peuvent aujourd'hui participer aux activités de la communauté de plus en plus nombreuse des innovateurs.


L'Internet

L'essor de l'Internet, concomitant à celui de la téléphonie mobile bon marché et d'autres moyens d'accès dans des régions du monde de plus en plus vastes, révolutionne le développement culturel. Cela ne signifie pas que les Africains, les Indiens ou les Chinois se mettent à ressembler davantage aux Européens, aux Japonais ou aux Américains. Cela signifie que les gens sont de plus en plus nombreux à pouvoir communiquer entre eux de par le monde et que l'endroit où l'on se trouve est un facteur de moins en moins important pour la capacité d'innover.


Les usagers de téléphones portables représentent plus de la moitié de la population du globe et leur proportion augmente de jour en jour. Le portable est en passe de devenir le moyen universel de communication et de loisirs, source d'information et même d'éducation. Les informations stockées dans les innombrables systèmes et banques de données de par le monde sont accessibles et utilisables par tout le monde, à tout moment et depuis n'importe où. Cette évolution extraordinaire met les ressources du monde entier à la portée de tous.


Certes, il y a eu, bien avant l'Internet et la téléphonie mobile, des technologies telles que la radiophonie qui permettaient de communiquer au-delà des frontières nationales - songeons aux affrontements de la guerre froide entre les radiodiffuseurs sur ondes courtes du monde occidental et les signaux de brouillage soviétiques - mais les flux d'information sont de très loin plus importants de nos jours. Les tentatives visant à contrôler la circulation de l'information par l'Internet ou les téléphones portables ne peuvent réussir que partiellement. La divulgation d'informations, le partage des idées, l'élan créateur et l'innovation active ne peuvent que s'amplifier.


Nous devons nous garder par ailleurs de relier toutes les innovations aux progrès techniques. Les pionniers de la musique, de la littérature et de la danse repousseront toujours plus loin les frontières de leurs arts respectifs. Mais tous peuvent aussi bénéficier de la technologie. Nombreux sont les compositeurs qui créent des sons au moyen d'un logiciel spécialisé et d'un ordinateur personnel. Et la technologie apporte une aide incommensurable à la diffusion, à l'emploi et à l'appréciation de leurs créations. Les orchestres peuvent désormais se dispenser des maisons de disques pour diffuser leur musique lorsqu'ils disposent de YouTube ou d'un moyen équivalent à portée d'un simple clic de souris.


Culture et innovation se soutiennent donc mutuellement et s'étendent conjointement. Au niveau mondial, il n'y a plus de limites au possible, sauf celle-ci : l'innovateur doit avoir la motivation, le courage et la force d'âme nécessaires pour imposer son innovation. Les pays qui encouragent ces individus verront leur culture se développer et le potentiel d'innovation s'accroître. Ceux qui ne le font pas se laisseront distancer.


Les nations qui permettent à l'individu de rêver, d'innover et de produire gagneront en stature et en influence au XXIe siècle. Les facteurs déterminants dans cette course seront l'élimination des traditions paralysantes (mais certes pas de toutes les traditions) et la levée des obstacles gouvernementaux et des carcans bureaucratiques injustifiés. Les cultures qui récompensent l'ingéniosité et la réussite produiront grâce à ces deux catalyseurs une nouvelle vague internationale de croissance économique. Il se prépare à l'échelle mondiale un tsunami qui balaiera devant lui ceux qui ne s'y seront pas préparés.

 

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Rocco Martino est fondateur et président de CyberFone Technologies et chercheur principal à l'Institut de recherche en matière de politique étrangère, situé à Philadelphie (Pennsylvanie).

 

GOUVERNEMENT

 

On a beaucoup écrit sur les entreprises innovantes et sur ce qui les différencie des autres, moins sur le rôle que le gouvernement peut et doit jouer pour créer les conditions préalables à leur réussite. Un récent rapport réalisé par le BCG en consultation avec la National Association of Manufacturers (NAM) souligne l'interdépendance des organismes publics et des milieux d'affaires et leur besoin commun d'une direction éclairée en matière d'innovation.


Moteur de croissance, de compétitivité et de valeur pour les actionnaires, l'innovation est citée par tous les patrons du monde comme un élément indispensable de leur réussite. Mais l'innovation profite également aux nations. Les pays dotés d'industries florissantes offrent des revenus plus élevés, une meilleure qualité de vie et un niveau de vie plus élevé que ceux qui sont moins vigoureux.


La nécessité de garder une longueur d'avance sur la concurrence est plus importante que jamais dans le contexte actuel de la mondialisation. L'émergence d'entreprises de pays à coûts de production bas, tels que l'Inde, la Chine, le Brésil et les États de l'Europe de l'Est, a changé la donne. Avec l'inondation des marchés par des produits bon marché et de bonne qualité venus de tous les coins du monde, lutter sur le front des prix est une bataille perdue d'avance pour la plupart des entreprises. Pour rester compétitives, elles doivent se différencier grâce à l'innovation et proposer de nouveaux produits et services, de nouvelles manières de travailler, de nouvelles façons de se positionner sur le marché. Et le gouvernement doit soutenir ces efforts d'innovation par une politique judicieuse.


Renforcer la main-d'œuvre

L'élément le plus important pour le succès de toute innovation est une main-d'œuvre talentueuse et éduquée, mais trouver des ouvriers qualifiés est un défi permanent pour les entreprises. Le gouvernement peut améliorer les compétences de la main-d'œuvre en investissant dans un système d'enseignement efficace et en veillant à ce que la politique d'immigration soutienne l'innovation au lieu de la freiner.


Si la réforme en profondeur de l'éducation est un processus de longue durée dont les résultats ne sont visibles que des années plus tard, certaines réformes de l'enseignement et de la formation de la main-d'œuvre donnent des résultats plus rapides. Par exemple, avec une meilleure intégration des programmes classiques et techniques dans le secondaire, les diplômés seront sans doute plus à même d'accéder au marché du travail ou de poursuivre leurs études. Lorsque les programmes professionnels et techniques sont alignés sur les besoins et les normes du marché de l'emploi, les élèves acquièrent des compétences reconnues par les employeurs et ceux-ci peuvent trouver des travailleurs qualifiés. Par-delà la politique éducative, des règles d'immigration moins restrictives peuvent renforcer la main-d'œuvre. Les immigrés qualifiés peuvent améliorer le climat de l'innovation de leur pays d'accueil. Une étude réalisée en 2009 par le Bureau national de la recherche économique a montré qu'aux États-Unis, les États ayant accueilli plus d'immigrants qualifiés produisaient plus de brevets, tant parmi ces immigrés qu'au sein du reste de la population. Tout le monde en profitait.


Promouvoir la rentabilité

Les entreprises doivent être en mesure de tirer profit de leurs efforts d'innovation, sinon, soit elles cessent d'investir soit elles se délocalisent dans un État fédéré ou dans un pays où elles peuvent gagner plus d'argent. Les pouvoirs publics peuvent contribuer à réduire les coûts et à augmenter les bénéfices en faisant strictement appliquer les protections entourant les brevets, droits d'auteur et autres droits de propriété intellectuelle ; ils peuvent aussi prévoir des allégements fiscaux, des stages de formation et des mesures qui rabaissent les coûts structurels liés à la politique financière, à la réglementation des entreprises et à l'énergie.


Les crédits d'impôts pour la recherche et développement (R&D) sont une des manières les plus fréquemment utilisées pour réduire les coûts de l'innovation. Le récent rapport de BCG /NAM a montré une relation étroite entre les programmes d'abattements fiscaux pour l'innovation et la performance économique du pays : 19 des 20 premiers pays industriels (déterminés par leur produit intérieur brut) avaient des programmes d'allégement fiscal pour la R&D. Chose intéressante, le montant absolu de ces allégements ne comptait guère dans l'équation.

 

Le soutien des flux de revenus est aussi important. Dans la plupart des pays, il existe une politique d'enregistrement et de protection de la propriété intellectuelle. La perte des droits liés à une invention ou à un produit du fait de la politique d'un pays ou de la non-application de la législation en vigueur est cause de préoccupation pour tous les patrons et elle peut entraîner une perte de revenu. Confrontées à ce risque, les entreprises peuvent être tentées de réimplanter ailleurs leurs activités d'innovation.


Faire preuve de cohérence

L'innovation demande du temps et exige une planification rigoureuse. Les entreprises innovent plus lorsqu'elles sont certaines que le gouvernement continuera à les épauler demain et dans les années qui viennent. Pour être efficace, la politique financière doit être cohérente et soutenue sur le long terme puisqu'on doit parfois attendre dix ans avant qu'un investissement dans l'innovation devienne rentable.


D'autres initiatives, en matière d'éducation et de main-d'œuvre par exemple, peuvent demander encore plus longtemps avant de porter leurs fruits. Les gouvernements doivent garder le cap jusqu'au bout. Vu le laps de temps requis pour l'innovation, la cohérence et la continuité du soutien politique sont indispensables.


Faciliter l'innovation

Les gouvernements peuvent faciliter et rendre plus efficaces le développement et la commercialisation des inventions par la recherche et l'accessibilité. Tous les gouvernements, et notamment ceux disposant de fonds limités, trouvent leur avantage dans la constitution de partenariats avec les entreprises, les organisations sans but lucratif et les établissements d'enseignement afin d'élargir la taille des opérations et d'obtenir de meilleurs résultats. Bien que nombre d'universités américaines et d'agences gouvernementales financent beaucoup de recherches novatrices, les directeurs d'entreprise nous disent qu'il est très difficile d'avoir accès à ces ressources.

Les pouvoirs publics doivent demander aux entreprises ce dont elles ont besoin et comment ils peuvent les aider… et écouter leurs réponses.


Promouvoir le développement par grappes

Les grappes sont des groupes d'entreprises interdépendantes d'un même secteur d'activité concentrées dans une même aire géographique. En attirant ou en créant des groupes d'entreprises dans un secteur spécifique, un gouvernement peut promouvoir l'innovation et, s'il choisit bien, stimuler sensiblement l'économie nationale. Cette méthode peut être particulièrement efficace dans les petits pays ; pour les plus grands, elle peut être moins valable dans la mesure où toute grappe donnée peut se révéler trop petite à l'échelle du pays pour avoir un impact sensible, du moins dans un premier temps.


Bien que les petits pays puissent parier sur des secteurs spécifiques où donner un coup de fouet à l'innovation (et plus généralement à la croissance), cette stratégie n'est pas sans risque : les économies intégrées, quel que soit leur succès initial, grandissent et tombent en fonction des résultats d'un nombre limité de secteurs. Certaines faillites retentissantes récentes sont à méditer dans ce domaine. C'est une politique à forts dividendes mais à hauts risques.


Montrer l'exemple

Un soutien visible et soutenu - sous forme de financement de la R&D, de crédits d'impôts, de changement de la politique, etc. - fait passer le message que l'innovation est importante. Il faut faire de l'innovation une cause commune pour le plus grand bien de tous. Les pays tels que la Corée du Sud, la Chine et Singapour, dont les gouvernements soutiennent activement et publiquement l'innovation, attirent de plus en plus d'innovateurs et donc produisent plus d'innovations.


Ces actions alignent les intérêts des entreprises et des gouvernements et aident ces derniers à mieux servir leurs ressortissants. Pour les pays qui veulent encourager l'innovation, l'heure est venue de lui donner la priorité à tous les niveaux de leur administration et de prouver leur engagement en l'appuyant sur des mesures concrètes. Les enjeux ne sauraient être plus sérieux : il ne s'agit de rien moins que la compétitivité au niveau mondial, des emplois sûrs pour les travailleurs et l'amélioration du niveau de vie.

 

James Andrew, associé principal et directeur exécutif du bureau de Chicago du cabinet Boston Consulting Group (BCG), dirige la pratique innovation du groupe. Il accepte les questions sur le site andrew.james@bcg.com.

 

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