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Pentecôte, auriez-vous oublié?

par AL de Bx 23 Mai 2010, 21:58 Social

Une journée de solidarité nationale pour les personnes âgées et handicapées qui rapporte quelque deux milliards d'euros par an.

 Depuis 2004, chaque salarié contribue, généralement le lundi de Pentecôte, à l'effort de solidarité nationale envers les personnes âgées et les personnes handicapées. Mais avec la crise, les recettes s'amenuisent.

 

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Pentecôte c'est aussi çà, cliquez l'image


Pourquoi une journée de solidarité nationale ?

Vous vous souvenez de la terrible canicule de l'été 2003 ? Elle avait causé la mort de 15.000 personnes, en majorité des personnes âgées seules ou isolées, révélant les carences de la prise en charge de cette population en France. Jean-Pierre Raffarin, alors Premier ministre de Jacques Chirac, avait donc décidé de faire du lundi de Pentecôte un jour "travaillé par solidarité", c'est-à-dire non rémunéré.


Est-on obligé de travailler le lundi de Pentecôte ?

Non. La journée de solidarité a connu des débuts chaotiques. Sa mise en place désordonnée, en 2005, conjuguée aux protestations d'organisateurs de manifestations sportives, avait abouti à un premier assouplissement: les employeurs pouvaient choisir la date de la journée non payée, et faute d'accord elle restait le lundi de Pentecôte. Depuis 2008, le lundi de Pentecôte n'est même plus désigné comme journée de solidarité par défaut. Il est donc redevenu un jour férié. Les entreprises sont désormais libres de l'organisation de la journée de solidarité. Nombre d'entre elles continuent de choisir le lundi de Pentecôte. Pour les salariés, il s'agit donc d'une journée de travail ordinaire. Ou a défaut, ils doivent sacrifier une journée de RTT ou de congé payé. Certaines entreprises leur en font cadeau (Total, TF1, Axa, Europe Assistance...).


Ça rapporte combien la journée de solidarité ?

En contrepartie de cette journée travaillée mais non payée, les employeurs - publics et privés - versent une contribution de 0,3% de la masse salariale. Les revenus du capital (0,3% des revenus des placements et des revenus du patrimoine) y sont également soumis (à l'exception de l'épargne populaire telle que le livret A). En 2009, 2,21 milliards d'euros ont été récoltés contre 2,29 milliards en 2008. Cette baisse des recettes est imputable à la crise économique, l'assiette de la journée de solidarité étant constituée de la masse salariale et des revenus du capital. Or 2009 a été une année meurtrière pour l'emploi en France, avec un solde net négatif de plus de 320.000 emplois. Pas sûr que les recettes de la journée de solidarité soient meilleures cette année car le nombre d'emplois salariés a continué à diminuer au premier trimestre, même si le rythme de baisse s'est ralenti.


A qui vont ces milliards ?

Ces fonds vont à la Caisse nationale de solidarité pour l'autonomie (CNSA), qui finance des mesures en faveur des personnes dépendantes (âgées ou handicapés). Dans le détail, 60% sont pour les personnes âgées (40% pour le financement des établissements de retraite et 20% pour l'allocation personnalisée d'autonomie), 40% pour les personnes handicapées (26% pour le financement de la prestation de compensation du handicap et 14 % pour le financement des établissements et services médico-sociaux).


2 milliards pour les seniors et les handicapés, c'est assez ?

Les recettes de la journée de solidarité nationale ne représentent que 12% du budget de la CNSA (18,1 milliards en 2009), qui bénéficie aussi de 0,1% du produit de la CSG (1,1 milliard d'euros en 2009) et de fonds de l'assurance maladie (14 milliards en 2009). La CNSA a enregistré un déficit de 474 millions d'euros l'an passé. La Caisse dispose cependant encore de 539 millions d'euros de réserves accumulées. Mais ce n'est pas suffisant. La question du financement de la dépendance reste ouverte. Nicolas Sarkozy avait promis durant la campagne présidentielle d'y apporter une réponse par une loi en 2008. Début 2010, le chef de l'Etat a indiqué que le dossier ne serait abordé "qu'une fois la réforme des retraites achevée".


Le lundi de Pentecôte fait-il toujours autant polémique ?

Depuis 2008, les polémiques se sont apaisées, mais toutes ne sont pas éteintes. La CFTC continue par exemple de critiquer cette journée de solidarité. Le syndicat chrétien a d'ailleurs déposé un préavis national de grève pour ce lundi - 24 mai - de Pentecôte, afin de contester le "travailler plus pour ne rien gagner". Il y a deux ans, des associations s'occupant de personnes fragilisées et l'AD-PA (directeurs de maisons de retraite) avaient soulevé une nouvelle polémique, accusant l'Etat de détourner des crédits de la caisse pour l'autonomie afin de combler le déficit de la Sécurité sociale. Le gouvernement a assuré que les sommes récoltées étaient bien dépensées ou mises de côté pour les personnes dépendantes.
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