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La gouvernance de l'Europe, hors la Pologne libérale?

par AL de Bx 24 Août 2010, 15:29 Europe

Au moment où le Service européen d’action extérieure se met en place, seuls
deux des 115 ambassadeurs de l'Union européenne sont originaires d'Europe
centrale. Les autres postes sont tous entre les mains de fonctionnaires issus de
l’UE à 15.

Affaires étrangères
La vielle Europe reste aux commandes

 

http://paris.cafebabel.com/public/paris/.poland_europe_m.jpg

 

Aucun des 115 ambassadeurs de l'UE n'est polonais.

 

Un rapport de l'Institut polonais des affaires
internationales (PISM) publié récemment montre que la politique étrangère de l'Union telle qu'elle a été
conçue dans le Traité de Lisbonne ne tient aucun compte de l'expérience de la Pologne en la matière, et
encore moins de ses intérêts. Le service diplomatique de l'UE est un instrument qui reste entre les mains
de la "vieille" Europe. Seuls deux diplomates sont originaires des nouveaux États membres. La plupart
des postes sont occupés par des Français, des Italiens, des Belges ou des Allemands. Un Hongrois
représente l'Union en Norvège et un Lituanien en Afghanistan. La connaissance de la langue ou de la
région n'a joué aucun rôle dans les désignations. Il en va de même dans les bureaux du "ministère des
Affaires étrangères" de l'UE, où neuf employés sur dix sont issus de l'Europe à 15.


Catherine Ashton, qui est à la tête du Service européen pour l'action extérieure (SEAE), a déclaré
récemment qu'elle avait à coeur de parvenir à un équilibre entre les sexes et entre les origines
géographiques dans le recrutement des personnels de l'agence. Or, pour l'heure, on ne constate guère
d'équilibre. "Nous observons une sur-représentation des citoyens de onze États membres. Seize pays,
dont la Pologne, sont quant à eux sous-représentés", indique le rapport du PISM. L'équilibre entre les
sexes relève également du mythe : selon le groupe d'experts, seule une "délégation" (nom donné aux
ambassades de l'UE) sur dix est dirigée par une femme.

 

http://ec.europa.eu/youreurope/business/images/map-europe-poland.png

 

Tardivement, au printemps dernier, le ministère des affaires étrangères polonais a essayé de faire
accepter l'idée d'une représentation proportionnelle à la taille des États membres. Sur les 3 000 emplois
prévus, les Polonais en auraient ainsi obtenu 240, soit 8%, dont 10 postes d'ambassadeurs. Mais les
autres pays d'Europe centrale n'ont pas jugé bon d'appuyer cette idée, ne voyant pas l'intérêt de se battre
pour des postes au sein de la diplomatie européenne. Selon les termes du Traité de Lisbonne, le service
diplomatique de l'Union européenne, doté d'un budget de 9,5 milliards d'euros, aurait dû être
opérationnel au printemps 2010. Mais, comme l'a admis Catherine Ashton, il faudra probablement
attendre la fin de l'année. Le nouveau service suit le principe selon lequel "les emplois très qualifiés sont
accordés aux personnes ayant le plus d'ancienneté" – autrement dit, à la "vieille" Europe. Les rapports
du PISM, centre de recherche et d'études travaillant pour le compte du ministère des affaires étrangères
polonais, ne laissent aucune place au doute : dans ce domaine, l'Europe à deux vitesses est une réalité.
Examen critique dans cinq ans


À l'Est, une région très importante pour Varsovie, les postes diplomatiques sont occupés par des
fonctionnaires originaires de pays qui ne sont pas impliqués dans la politique orientale de l'UE. "En
Afrique et en Amérique du Sud, les responsables des délégations de l'UE sont souvent citoyens d'une
ancienne puissance coloniale ou d'un pays apparenté par la culture ou par la langue. Dans l'ancienne
Union soviétique, ce sont des gens qui n'ont aucun lien avec la région", peut-on lire dans le document
du PISM. Ainsi, c'est un Espagnol qui représente l'Union en Russie, un Portugais en Ukraine, un Italien
en Arménie, et un Belge en Azerbaïdjan. Or, à l'exception de la Russie, ces pays font partie du projet de
Partenariat oriental, dont la Pologne est le promoteur.


Les pays de la "vieille" Europe fonctionnent sur le mode inverse. Dans les pays auxquels ils accordent
une importance particulière (leurs anciennes colonies ou les pays associés à des projets dont ils sont les
promoteurs, comme la région méditerranéenne), ils placent leurs propres représentants. Des Espagnols
dirigent les délégations de l'UE au Chili et en Colombie, le chef de la délégation brésilienne est un
Portugais, et c'est un Néerlandais qui occupe cette fonction en Afrique du Sud. Dans les pays de l'Union
pour la Méditerranée, sept des quinze ambassadeurs de l'UE sont des Méditerranéens. "Les pratiques
observées en Amérique du Sud ou en Afrique n'ont pas été reproduites en Europe de l'Est", conclut le
rapport.
Jean-Luc Dehaene, ancien premier ministre de Belgique, pays surreprésenté dans la diplomatie
européenne, a expliqué à la Dziennik Gazeta Prawna que toutes les déficiences seraient passées au
crible. Mais seulement dans cinq ans, à la fin du mandat de Lady Ashton. Si les tendances décrites dans
le rapport du groupe d'experts polonais persistent, le service diplomatique de l'UE sera donc soumis à un
examen critique – mais auquel procèderont seulement les quinze pays de la "vieille" Europe. Pour
l'heure, le SEAE reste leur chasse gardée.

-

http://medias2.cafebabel.com/8202/thumb/355/-/pologne-allemagne-le-prix-du-libre-marche-libre-echange-entre-pologne-allemagne-europe.jpg

 

Vu de Pologne


Les Belges, nouvelle élite de l'Europe


Le service diplomatique de l'Union était censé être efficace et compétent. Or, jusqu'à présent, la plupart
des nominations laissent redouter que ce ne sont pas l'efficacité ou les compétences qui entrent en ligne
de compte, mais les enjeux politiques, écrit Marek Magierowski dans le quotidien conservateur
Rzeczpospolita.(cliquez la source originelle)

 

"Vous aurez du mal à dénicher des Polonais parmi les fonctionnaires du SEAE. En
revanche, vous y trouverez des Belges à foison. Qui eût cru que la Belgique était une telle
superpuissance diplomatique ? Et les langues ? Allons, il faut bien que le traducteur automatique de
Google serve à quelque chose ! Résultat, l'ambassadeur de l'UE à Pékin, qui ne parle pas le chinois,
tentera d'étendre l'influence de l'Europe face à son homologue américain, Jon Huntsman, qui – par
hasard – maîtrise parfaitement non seulement le mandarin, mais aussi le hokkien, dialecte taïwanais.
Même constatation à Ankara : le délégué de l'UE ne parle pas un mot de turc, alors que l'ambassadeur
américain récemment nommé là-bas, Frank Riccardione, parle couramment le turc, l'arabe, le français
et l'italien.

Le rapport de l'Institut des affaires étrangères polonais fait peine à lire car, pour la énième
fois, il montre très clairement que les belles phrases de l'Europe sur ses grands projets et ses objectifs à
long terme n'ont que peu de choses à voir avec la réalité des faits. Pis encore, pour la énième fois, la
plupart des Européens se laissent duper par ces discours."

 

source IHEDN

Dziennik Gazeta Prawn
Date : 23 août 2010
Auteur : Zbigniew Parafianowicz (traduction Presseurop)

 

par ailleurs:

 

http://www.europemapofeurope.net/europe-map-of-europe-nightlights-satellite-woodleywonderworks.jpg

 

U.E. : Une machine diplomatique surdimensionnée
Après de longs mois de tractations entre Commission, Parlement et Etats membres, le Service européen pour
l’action extérieure sera opérationnel à l’automne. Reste à prouver que son efficacité peut être à la hauteur de sa
complexité et de son coût.


Le nouveau service diplomatique de l'Union européenne entrera en fonction juste après l'été. Sa création a été
difficile et la décision prise au terme de longs pourparlers entre la Commission, le Conseil européen, le Parlement
de Strasbourg et naturellement Lady Ashton, la baronne britannique nommée Haut représentant pour la politique
étrangère et de sécurité commune après la ratification du traité de Lisbonne.


Comme toujours, le noeud du problème réside dans la répartition des pouvoirs entre les différents acteurs, c'est-àdire
entre les divers organes de l'Union européenne : comment se répartiront les tâches entre la Commission et le
nouveau service, notamment pour ces important volets des activités de la Commission que sont l'aide au
développement et l'aide humanitaire ? Quel contrôle aura le Parlement sur l'action du Haut représentant et du
nouveau corps diplomatique ? De qui dépendra l'ensemble sur le plan administratif ? Derrière la lutte que chacun
livre pour défendre son rôle et ses prérogatives se posent également des questions de principe : la Commission est
un organe supranational, à l'instar du Parlement ; à l'inverse, le Conseil, auquel Lady Ashton se réfère, est
composé d'Etats souverains. Indirectement, c'est donc une nouvelle manche de la longue joute européenne entre
tenants de l'intégration et tenants de la souveraineté nationale qui se joue ici.


La décision prise est le fruit d'un processus plutôt tortueux et de plusieurs compromis : en principe, les volets
politiques de l'action extérieure de l'UE incombent à Lady Ashton et à sa diplomatie, tandis que les instruments
financiers seront gérés par la Commission – le SEAE ne sera chargé que de leur planification stratégique, à
l'exception, qui plus est, des instruments destinés à l'aide au développement. D'autre part, le Haut représentant
informera comme il se doit le Parlement des grandes décisions stratégiques.


L'Union en crise n'a pas besoin de cela
Personne ne s'attendait à ce que la création d'un véritable corps diplomatique européen et la définition de ses rôles
se déroulent sans heurt mais il se pourrait, au bout du compte, que le compromis fonctionne. Certes, une fois
l'opération terminée, la structure ne sera pas modeste. Le service comptera entre 6 000 et 7 000 diplomates, dont
un peu plus de la moitié sera fournie par les institutions communautaires et le reste par les 27 Etats membres. Une
bonne partie d'entre eux travaillera à Bruxelles et le reste dans 136 représentations à l'étranger, avec un budget
total de près de 3 milliards d'euros. Si l'Europe doit avoir une politique étrangère et de sécurité commune, la
création d'un corps diplomatique qui en assure la promotion et la soutienne est un corollaire naturel. Dans les mois
qui ont suivi sa nomination au poste de Haut représentant, Lady Ashton s'y est presque exclusivement consacrée.
Toutefois, on est en droit de se demander s'il est vraiment nécessaire de procéder aujourd'hui, dans l'urgence, à la
mise au point d'une structure aussi complexe et coûteuse, à l'heure où l'on soumet les budgets nationaux à des
coupes drastiques. A l'heure où les opinions publiques voient les efforts que doit fournir l'Europe en cette période
de crise pour concilier des intérêts nationaux divergents à seule fin de défendre l'existant, à savoir l'euro et le pacte
de stabilité, en laissant bien peu de place à l'espoir de progrès imminents vers une politique extérieure concertée.
A l'heure où tout le monde peut voir que, sur les grands dossiers que doit traiter l'Union, comme la politique à
l'égard de la Russie, de la Turquie et même des Etats-Unis, les divergences sont plus manifestes que les points de
convergence. En somme, dans une période où, pour faire progresser l'intégration, il serait plus que jamais
nécessaire d'avoir le sens du concret et des réalités, on peut se demander s'il est vraiment indispensable de mettre
en branle un tel dispositif avant même que son rôle et sa fonction n'aient été clairement fixés.


La machine communautaire a connu par le passé les dérives du gigantisme bureaucratique, où le désir de prestige
se mêle aux ambitions nationales : certains tiennent d'ores et déjà des paris sur l'identité du secrétaire général de la
nouvelle diplomatie européenne, lequel sera probablement – oyez, oyez ! – un Français, l'ambassadeur Vimont,
flanqué – et ce n'est pas un hasard – d'une Allemande. Or, le premier enfant du traité de Lisbonne doit être le fruit
d'une action extérieure commune concrète, efficace et rapide, et non pas une simple machine bureaucratique
pesante, résultant d'accords en sous-main, et sans identité propre.

 

La Stampa
Date : 23 juillet 2010
Auteur : Boris Biancheri (traduction Presseurop)

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commentaires
D
<br /> <br /> Daniel Thureau Quand on veut construire un édifice, on ne commence pas par les tapisseries et les peintures et la pose des<br /> portes.....<br /> <br /> <br /> <br />
Répondre
D
<br /> <br /> Daniel Thureau La vieille Europe, la nouvelle Europe, nous y revoila...Pourtant, il me semble que la nouvelle Europe a bien<br /> profité de la vache à lait qu'est encore la vieille Europe et puis on pourrait peut être demander à nos amis libéraux Polonais de prendre une part de notre fardeau<br /> des efforts de défense qui pèse sur notre économie.....<br /> <br /> Ceux qui mène la danse aujourd'hui en Europe, ce sont les libéraux, c'est pas moi qui le dit, l'Europe est libérale dans le sens ou elle n'a aucune ossature, le ventre mou, la politique du chien<br /> crevé au fil de l'eau et n'a fait qu'enfanter la technocratie de Bruxelle, Barroso, le chef de cette technocratie n'est il pas présenté comme un grand libéral, alors si vous comprenez<br /> quelquechose, vous avez de la chance...Moi pas......<br /> <br /> Parler d'Europe libérale, ça m'écorche autant les oreilles que d'entendre parler d'Europe sociale, et quand on présente cette Europe comme fédérale c'est à dire marquée du sceau de l'infamie, la<br /> on est carrément dans le délire.....<br /> <br /> <br /> <br />
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