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Débat#3: Supprimer la durée légale du travail, pour ou contre?

par AL de Bx 16 Novembre 2011, 17:45 Travail et Economie

Le CAC 40 veut la fin de la durée légale du travail

L'AFEP- qui regroupe les patrons du CAC 40 - souhaite une renégociation du temps de travail dans les entreprises. On ne parle pas seulement de repousser la durée légale, mais de carrément la supprimer... Bonne idée ?

 

http://www.politique.net/img/duree-legale-du-travail.jpg

 

Association française des entreprises privées a présenté hier mardi ses propositions aux candidats à la présidentielle de 2012. Tout comme le MEDEF depuis longtemps, elle réclame entre autres la fin de la durée légale du temps de travail (actuellement fixée à 35 heures). Ce qui laisserait notamment la possibilité aux entreprises d'ajuster les horaires des salariés en fonction de leur activité du moment.


«Ça serait un vrai progrès»

« C'est vrai que ça serait un vrai progrès », estime Stéphane Brousse (patron de PME et président du MEDEF Provence-Alpes-Côte d'Azur). « Il ne s'agit pas de faire travailler les salariés un nombre d'heures colossal, évidemment. On peut rester dans des fourchettes. Mais dans ces fourchettes, il faut laisser aux entreprises la liberté d'augmenter ou de réduire leur temps de travail en fonction de leur cahier de commande. Plus de souplesse, c'est incontestablement un moyen de faire progresser l'activité économique ».

«On veut le modèle chinois ?»

Mais Stéphane Lardy, en charge de l'emploi à FO, ne veut pas entendre parler d'une disparition de la durée légale du travail. « Qu'est-ce qu'on veut ? On veut le modèle chinois et travailler comme eux ? Potentiellement, c'est dire aux salariés "cette semaine tu vas travailler 45 heures, mais moins la semaine prochaine". C'est le salarié qui est complètement à la merci de son patron. Donc c'est la loi du plus fort, la loi de la jungle », estime-t-il.

Et vous, qu'en pensez-vous ?

 

Seriez-vous favorable à la suppression de la durée légale du travail ?
Source: AFEP via rmc.fr
http://www.ftm.cgt.fr/photos/code-du-travail.jpg
Historique concis:
Rappel de 2008 avec politique .net:

Nicolas Sarkozy a voulu frapper fort lors de sa conférence de presse en décrétant que 2008 marquerait la fin des 35 heures. Le gouvernement va encourager les négociations de branches ou entre entreprises pour que les chefs d'entreprise et les salariés négocient la suppression des 35 heures. Toutefois, cette suppression semble en contradiction avec le slogan de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy : « travailler plus pour gagner plus ». Car comment favoriser les heures supplémentaires s'il n'y pas plus de durée légale du travail ? Nicolas Sarkozy a exprimé un souhait, la suppression des 35 heures, sans expliquer les modalités. D'ailleurs, au cours des dernières 24 heures, le gouvernement a tenté de rectifier le tir : oui à la fin des 35 heures, mais il y aura bien une durée légale du travail. La communication gouvernementale se fait donc dans la confusion, sur une question importante, la durée légale du travail. Retour sur un acquis social qui date de plus d'un siècle.


La limitation de la durée du travail au XIXème siècle

Le 2 mars 1848, le gouvernement propose de limiter la durée de travail à 10 heures à Paris et à 11 heures en province. Mais, le 9 septembre, la loi est abrogée. La mesure n'est pas appliquée mais l'Assemblée nationale continue à réfléchir à la limitation du temps de travail. Elle propose d'instaurer 12 heures de travail par jour à toute la France mais uniquement dans certains secteurs. Finalement, elle recule à cause de la répression du Général Cavaignac sur les insurgés des Ateliers nationaux : toutes les réformes sur le droit du travail sont supprimées.
En mai 1874, une loi prévoit des réformes et de nouvelles règles en ce qui concerne les conditions de travail des enfants et des femmes. Désormais, il est interdit d'employer un enfant de moins de 12 ans, sauf cas exceptionnel. D'autre part, les femmes et les mineurs seront dispensés de travailler le dimanche ainsi que les jours fériés et leur journée de travail sera limitée à 12 heures. Cette réforme est avant tout politique. On prétend que la défaite contre la Prusse est due à la fatigue des hommes travaillant beaucoup trop. Limiter leur temps de travail permettrait ainsi de mieux les conserver et faire face à l'ennemi.
Pour être sûr que ces réformes seront bien appliquées, on crée des institutions de surveillance et de contrôle. Malgré la bonne volonté de l'Etat de modifier les conditions de travail en France, cette loi, faute de moyens, sera peu appliquée.


La journée de 11 heures en 1900

Le 30 mars 1900, Alexandre Millerand propose de réformer le droit du travail en présentant un ensemble de lois visant à changer le statut des ouvriers. Désormais, la limitation de travail concerne toutes les catégories de la population et est prévue à 11 heures. Pendant les dix années suivantes, l'Etat réfléchit aux différents aspects des conditions de travail comme la sécurité, le repos hebdomadaire et les retraites. Il veut réglementer plus strictement le travail en faisant une place certaine aux syndicats. En 1906, on impose une journée de repos hebdomadaire.


La journée de 8 heures en 1919

En 1919, l'Assemblée nationale vote une loi proposant de limiter la journée à 8 heures de travail. La semaine de travail est prévue à 48 heures mais s'il est possible de faire des heures supplémentaires. En octobre, dans le cadre des négociations internationales sur la paix après la Première Guerre mondiale, est instaurée une Organisation Internationale du Travail qui veut instituer une réglementation sur les conditions de travail partout dans le monde.


De la semaine de 40 heures de Léon Blum aux « 35 heures » de Lionel Jospin

Le 7 juin 1936, Léon Blum ainsi que la Confédération générale du patronat français (CGPF) et la Confédération générale du travail (CGT) signent les accords de Matignon. De nombreux avantages sociaux sont institués : les conventions collectives tendent à se généraliser, on crée les délégués du personnel, les salaires sont augmentés de 12%, la semaine est fixée à 40 heures et les salariés ont droit à 15 jours de congés payés.
Le 13 janvier 1982, le gouvernement instaure la semaine des 39 heures. Depuis 1936, on est passé de deux semaines à cinq semaines de congés payés.
En 1998, Martine Aubry fait voter une loi sur l'instauration des 35 heures. A partir du 1 er janvier 2000, cette loi s'est appliquée dans les entreprises de plus de 20 salariés mais est désormais obligatoire à toutes les entreprises depuis le 1er janvier 2002. La droite qui remportera les élections législatives en 2002, assouplira cette réglementation.




La durée légale du travail effectif est donc une durée de référence, un seuil à partir duquel sont calculées les heures supplémentaires. Ce n'est ni une durée minimale (les salariés peuvent être employés à temps partiel), ni un maximum : des heures supplémentaires peuvent être accomplies dans le respect des durées maximales au-delà desquelles aucun travail ne peut être demandé. La durée légale du travail est donc un acquis social auquel les salariés sont très attachés.


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commentaires
D
<br /> Déborah Marchand<br /> <br /> <br /> La réalité "prouvée sur le terrain" (en France, du moins) c'est qu'entre patrons et demandeurs d'emploi /salariés la fameuse "négociation" se fait "à sens unique" ! Et<br /> c'est bien "économiquement logique" puisque forcément "plus les salariés d'une entreprise travaillent, plus celle-ci dégage un bénéfice financier<br /> élevé".....et aussi plus elle assure un "stock de production suffisamment gros pour 'conserver sa clientèle'" ! Tout ceci n'a bien sûr rien de mal "en soi" ; mais bien garder à l'esprit qu'il<br /> s'agit d'une logique exclusivement "économique" dans laquelle "l'humain" n'intervient pas (et l'inhumain non plus tant qu'on ne revient pas à "l'esclavage". Prendre ce mot au sens "physique" du<br /> terme, je n'évoque pas les impôts et autres contributions obligatoires) ! Seulement voilà : vu qu'un salarié "est un être humain", sa mécanique physique et psychique obéît, elle, à ses propres<br /> lois naturelles "humaines"......lesquelles viennent "quelque peu en contradiction avec les lois économiques de l'entreprise" ! C'est "ce conflit-là" (conflit qui donc, "au<br /> départ", est bien "naturel", c'est Marx et les communistes qui l'ont exploité pour "le transformer en conflit 'sociétal' !), inévitable, qu'il s'agit de trouver comment "gérer" au mieux......et<br /> si LA solution miracle existait, y'a longtemps qu'elle aurait été trouvée ! Une société libérale authentique /libertarienne ne "solutionnera" donc pas ce conflit (c'est être "plus qu'utopiste"<br /> que d'aller imaginer cela), il "existera toujours" ! Toujours il faudra "de temps en temps une pétition collective salariale voire une grève" (sans blocage des rues !) au sein des entreprises<br /> pour contraindre la direction à plier ! Mais la grande différence est que ce type-là de 'contrainte' s'exercera "directement par les salariés" (qui n'auront plus l'appui d'un Code du travail) !<br /> Alors en cela désolée, elle n'a "rien d'antilibérale", puisque ça devient ainsi "l'affaire exclusive des personnes concernées par le conflit", personne n'a le droit de s'en mêler (exceptés<br /> éventuellement les seuls "consommateurs pénalisés" par la rupture occasionnée), même un "groupe politique libertarien" !<br /> <br /> Tout simplement l'abrogation du Code du travail ne conduira pas à 'l'abolition des conflits' mais à leur "autorégulation" !<br />
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S
<br /> Stéphane Geyres Mais Déborah Marchand, ou<br /> as-tu lu/vu qu'on propose de ne pas pouvoir choisir son temps de travail ? 'Negocier', c'est un mot que tu connais ? Tu crois peut-etre que si on fait sauter la loi sur la duree de travail, tout<br /> le monde sera oblige de travailler '200' heures ?<br />
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D
<br /> Déborah Marchand ‎"L'on voit régulièrement des changements de conducteur à certaines stations<br /> en prenant le train (en France)." :<br /> <br /> Et bien il me semble que pour un trajet corail de l'ordre de 450 km (ce qui fait déjà quand même environ 4 à 5 heures de route !), ça ne change pas ou alors une seule fois en cours de<br /> route....<br />
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G
<br /> Guillaume Varès ‎(idem le chauffeur ne lâche pas le train en cours de route) Il me semble que si<br /> justement, je suppose que c'est pour cela que l'on voit régulièrement des changements de conducteur à certaines stations en prenant le train (en France).<br />
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D
<br /> Déborah Marchand Evidemment les 35 heures (tout comme les 39 auparavant) c'est "la norme", à<br /> laquelle s'ajoutent "plein d'exceptions" ! Tu cites les bateaux mais en fait le problème se pose de la même façon pour.....notre satanée SNCF (idem le chauffeur ne lâche pas le train en cours de<br /> route) !<br />
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