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La netrévolution par A. Madelin(2)

par Alain Genestine 4 Juin 2008, 19:05 Education-Recherche et Développement

Internet ou la naissance
d'une nouvelle civilisation

8La troisième grande révolution3

A l'aube du troisième millénaire nous vivons une période de transformations sans précédent de notre civilisation.

Il est arrivé seulement deux fois, dans l'histoire de l'humanité, que les hommes inventent une méthode de production de la richesse entièrement nouvelle, et que ce bouleversement provoque l'apparition de nouvelles formes de gouvernement.

La première grande révolution, vers la fin du premier millénaire, a été la généralisation d'une civilisation fondée sur le mode de production agricole: la civilisation rurale, patriarcale, féodale, a suscité l'apparition des cités, des royaumes, desempires.

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La deuxième révolution, celle des XIX et XX siècles, a été la révolution industrielle. À production de masse, consommation de masse, pouvoir de masse et démocratie de masse : la révolution industrielle a changé toutes les habitudes politiques des peuples concernés. Elle a été rude pour l'homme, qu'il travaille à la chaîne comme un robot ou qu'il soit enrégimenté dans des bureaux sous un numéro. Elle a suscité un mode d'organisation pyramidal des pouvoirs dans l'entreprise comme dans la société. Et si l'entreprise s'est profondément réformée, il n'en va pas de même de l'État aujourd'hui. L'ordre « industriel » nécessite avant tout des pouvoirs forts pour maîtriser les sources d'énergie qui sont à l'origine de la création de richesses, et pour rassembler les hommes dans des usines, des chantiers ou des forges. Ces pouvoirs forts, ce sont les Etats, seuls habilités à constituer une police, des tribunaux, une armée.

Voilà qu'intervient la troisième grande vague de changement de l'histoire de l'humanité. La civilisation de l'usine fait place à la civilisation du savoir.

Dans cette nouvelle civilisation, la richesse ne vient plus des matières premières, des sources des royaumes, dessources d'énergie, mais de l'homme, de sa créativité, de sa capacité à utiliser ses connaissances fragmentées dans un cerveau virtuel, immense, aux milliards de neurones, qui s'appelle l'humanité, et qui, avec Internet, fonctionne à l'échelle de la planète.

 

8De Gutenberg à lnternet3

Internet est le symbole le plus évident, le plus spectaculaire, de ce bouleversement planétaire. La « révolution Internet » - appelons-la ainsi, pour simplifier - est de même importance, sur le plan politique, que la découverte de l'imprimerie.

D'abord, naturellement, par son ampleur : cette révolution implique, directement ou indirectement, une mutation inouïe dans l'organisation des choses de la Cité. Inutile de multiplier les exemples: tout a été dit là-dessus. Mais on n'a pas assez insisté sur le fait que cette révolution entraîne, à son tour, un immense progrès de nature philosophique, sociale et culturelle.

L'invention de l'imprimerie par Gutenberg, favorisant la circulation des livres, avait été unepremière révolution dans le domaine des libertés : dès lors qu'il a accès à des sources d'information renforçant son autonomie de jugement, l'individu est de moins en moins obligé de penser comme on le lui dit. Cette innovation technologique majeure avait fait progresser toute l'humanité dans le sens de l'humanisme et des droits de l'homme. Non sans susciter, à terme, une accélération sans précédent du progrès technique.

C'est la même chose avec Internet. À une échelle beaucoup plus grande, certes : Gutenberg aurait-il pu imaginer qu'un simple CD d'aujourd'hui pour- rait contenir jusqu'à deux cent mille pages de textes soit l'équivalent de trois cents gros livres ? Ses conséquences sont comparables : parce que cette révolution-là, plus encore que la diffusion massive du livre après l'invention de I'inprimerie, favorise à tous les niveaux, dans toutes les sphères de l'activité sociale, une fragmentation du pouvoir.

Ce qui change tout, c'est que l'homme ne tire plus son autorité de la connaissance qu'il a réussi à accumuler parce qu'il est au sommet de la hiérarchie sociale, mais de la créativité qu'il nourrit de la connaissance générale disponible à chaque instant, pour lui comme pour d'autres.

 

8La peur du progrès3

Tous ces changements font peur, évidemment. Nous avons grandi et vécu à un autre rythme que celui que nous annonce la révolution numérique. Quand Andy Grov, le patron de la société Intel, estime que la société dans laquelle nous vivons aura plus changé dans les dix ans qui viennent qu'au cours des cent cinquante dernières années, il y a de quoi avoir le vertige.

Sans doute y a-t-il, chez nos contemporains, des craintes légitimes : la peur d'être peu à peu dépassés par une technicité quotidienne croissante; la peur d'être fichés dans des systèmes d'information ; la peur de voir voler en éclats le cadre de vie traditionnel de la France éternelle ; la peur, enfin, que l'extension des technologies nouvelles à une part croissante de l'économie ne menace l'emploi. Toutes ces inquiétudes sont fondées. Surtout au pays des libertés, de l'art de vivre et du bien-être. Mais si elles nourrissent le débat sur l'avenir de la société, aucune d'entre elles n'est sans réponses techniques, concrètes, rationnelles.

Je crois qu'il y a surtout, chez les Français héritiers de Louis XIV, de Robespierre, de Napoléon et du général de Gaulle, une peur diffuse et profonde, d'ordre culturel autant que politique, qui provient d'un constat : cette nouvelle société échappera de plus en plus au contrôle classique de l'État.

Voilà qui oblige à de sérieuses et vertigineuses remises en cause, quand on voit que tout ce qui est numérisable sort du contrôle des Etats et quand on sait que les sources de prospérité de demain auront une base immatérielle.

A-t-on peur du numérique quand on a quinze, vingt ou vingt-cinq ans? Il est clair que la génération qui vient, celle de nos enfants, est en train d'intégrer tous ces changements - elle a un autre rapport avec la machine, avec l'environnement, avec le temps... et la politique. Si elle a déjà intégré le principe de l'euro, si elle se passionne pour l'affaire du Kosovo, elle ignore prodigieusement ce qui fonde pourtant les Etats-nations tels qu'ils ont dominé le siècle : les frontières.

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commentaires
S
Voila un sujet particuliérement interessant.Dommage de ne pas avoir mis cella en raport avec le concept d'intéligence collective,et vos précédent articles sur le panarchisme.Tout ce ci peut en effet s'inscrire dans une idéologie global de la libre association des compétence humaine(1+1=2+X ou X supérieur à 0),grace aux nouvelles technologie de l'informations.Formant une communauté en dehor de tout frontiére,en dehor de tout logique de domination culturelle ou économique,et uniquement de coopération conssenssuelle.Une communauté à la foie mondiale,et individuel,local.Le collectivisme sans l'etatisme,sans opression de l'individu par le systéme,pourtant massif puisque planétaire.
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