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Comment revitaliser notre économie, sinon par nos PME ?

par Alain Genestine 5 Avril 2008, 10:52 Travail et Economie

Faudra t-il un jour , envisager de copier nos voisins d'outre-manche ?
Comment permettre à la France de créer 7 millions d’emplois marchands d’ici à 2012 pour rattraper son retard sur le Royaume-Uni et renouer avec la croissance ? En soutenant davantage ses PME en phase d’amorçage. Un rôle normalement dévolu aux Business Angels, qui, bien qu’en plein essor en France, investissent en moyenne deux fois moins que leurs homologues britanniques et sont toujours 7 fois moins nombreux qu’eux. La réforme de l’ISF pourrait cependant susciter des vocations de Business Angels et drainer des sommes importantes au profit des PME, à condition qu’elle soit acceptée par Bruxelles. Mais pour les think-tank que sont la Fondation Concorde(que doit bien connaitre Didier Salavert) et l’Ifrap, qui organisaient ce 22 février un colloque intitulé « Allons chercher la croissance ! », l’idéal serait d’adopter en France un dispositif fiscal basé sur le modèle britannique, en portant à 500 000 euros au lieu de 50 000 le plafond de défiscalisation de l’ISF.



               Deux think-tank, la Fondation Concorde et l’Ifrap, ont organisé vendredi un colloque intitulé « Allons chercher la croissance ! », qui a mis à l’honneur les dispositifs britanniques.© Tanguy Cadieu / Naja

Le 22 février dernier, le think-tank économique « Fondation Concorde » organisait à Bercy le colloque « Allons chercher la croissance ! », en partenariat avec l’Institut français pour la recherche sur l’administration et les politiques publiques (Ifrap). Pour le président de celui-ci, Bernard Zimmern, la France ne renouera avec la croissance qu’à la condition de « créer dans les années qui viennent des millions d’emplois marchands : par rapport au Royaume-Uni, qui connaît le plein emploi avec une population comparable à la nôtre, nous avons 7 millions d’emplois marchands de retard. Tout ça parce que nos PME n’arrivent pas à grossir, et que nous manquons de « gazelles ».  »
En effet, comme le révèle Sandrine Gorreri, responsable des études statistiques de l’Ifrap, « il se créé en France 3000 gazelles par an, contre 4500 au Royaume-Uni. Mais surtout, les PME de forte croissance britanniques grossissent beaucoup plus vite en effectifs et en capitaux que leurs homologues françaises. La différence se fait dans le financement de la phase d’amorçage, qui représente 9 milliards d’euros par an au Royaume-Uni, contre 2 milliards seulement en France. Il y a là un véritable « trou de financement », qui tient au fait que les financeurs institutionnels hésitent à parier sur des projets un peu trop innovants. »

Business Angels : atteindre les 20 000 en 2012

« En France, on n’aime pas le risque financier, on préfère intervenir sur des dossiers qui présentent toutes les garanties. Les seuls qui peuvent prendre le risque de soutenir des projets un peu hors norme, ce sont les Business Angels (BA). Et malheureusement, on en compte en France sept fois moins qu’au Royaume-Uni  », déplore Philippe Bertin, vice-président de la Fondation Concorde.
Bien qu’encore peu nombreux, les Business Angels français sont néanmoins en pleine croissance. « Ils étaient moins de 1000 en 2001, ils sont aujourd’hui autour de 6000. Cela tient largement au fait qu’ils ont su se structurer en réseaux, ce qui les rend plus visibles auprès des entrepreneurs et des Business Angels potentiels. Notre objectif, c’est de poursuivre ce processus de mise en réseau, afin d’atteindre les 20 000 BA en 2012  », explique Nicolas Fritz, directeur de France Angels, association qui fédère les 62 réseaux français de Business Angels.
Pallier à l’insuffisance numérique de ces investisseurs privés en France est une chose. Renforcer leur capacité d’investissement en est une autre : « Les Business Angels français apportent en moyenne 170 000 euros par entreprise, ce qui est deux fois moins qu’au Royaume-Uni. Pour que leur action soit vraiment efficace, il faudrait qu’ils investissent au moins 300 à 400 000 euros par projet », estime Nicolas Fritz. La réforme de l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF) pourrait aller dans ce sens.
En effet, la loi en faveur du travail, de l’emploi et du pouvoir d’achat (TEPA) d’août 2007 incite les assujettis à l’impôt sur la fortune à investir dans les PME pour bénéficier d’une réduction de l’ISF correspondant à 75 % des versements effectués, avec un plafond de 50 000 euros. « Cette mesure va permettre de drainer des sommes importantes pour les entreprises  », estime Guy Roulin, avocat associé au cabinet Fidal.
« Ca va créer des vocations : des milliers de gens, en cherchant à défiscaliser, vont découvrir l’activité de Business Angel et rallier nos réseaux  », assure pour sa part Nicolas Fritz.

Réforme de l’ISF : Bruxelles n’est pas chaud

Problème : cet aménagement de l’ISF constitue une aide indirecte de l’Etat aux PME qui indispose la Commission européenne, laquelle pourrait bloquer son application. Quoi qu’il en soit, aménagement de l’ISF ou pas, les dispositifs fiscaux français ne sont pas pour l’instant de nature à soutenir durablement l’essor des Business Angels. A la différence de ce qui existe, là encore, outre-Manche.
« Les Britanniques peuvent défiscaliser à hauteur de 400 à 800 000 livres sur l’impôt sur le revenu, contre 10 à 20 000 euros en France. C’est colossal, et ça incite les investisseurs à placer beaucoup plus d’argent sur les PME en phase d’amorçage, ce qui permet à ces dernières de tenir 3 ou 4 ans avant l’entrée en jeu des fonds d’investissement  », rappelle Nicolas Fritz.
Aussi, la Fondation Concorde et l’Ifrap vont-ils proposer au gouvernement, « dans le cadre de la future loi de modernisation de l’économie, l’adoption d’un dispositif fiscal sur le modèle britannique, afin de porter à 500 000 euros la déduction maximale sur l’impôt  », lance Philippe Bertin.
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