Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Initiation à la mondialisation 4

par Alain Genestine 15 Septembre 2007, 17:53 Libéralisme


La différence de niveau de développement économique existant entre les nombreux pays de l'ancien bloc soviétique qui ont ouvert leur marché avant de se joindre à l'Union européenne et les quelques pays qui ne l'ont pas fait est nette et symptomatique.

Un modèle évident de réforme

 

Dix-huit ans après la chute du mur de Berlin, des démocraties dotées d'une économie de marché ont pris solidement racine en Europe centrale et orientale, notamment dans les pays baltes qui faisaient partie de l'ex-Union soviétique. L'Estonie, la Hongrie, la Lettonie, la Lituanie, la Pologne, la République tchèque, la Slovaquie et la Slovénie sont toutes membres de l'Union européenne, à laquelle la Roumanie et la Bulgarie viennent également de se joindre le 1er janvier 2007. L'appartenance à l'Union européenne témoigne de la reconnaissance internationale de la transformation de grande ampleur qui a eu lieu dans cette partie du monde, mais la libéralisation du commerce, qui était un élément crucial des conditions d'adhésion à l'Union européenne, aura, à long terme, une portée encore plus grande sur les conditions de vie de la population de ces pays.

Située en Hongrie, cette usine Audi, qui produit 50.000 automobiles chaque année, illustre l'accueil favorable que ce pays réserve aux investissements étrangers.

Située en Hongrie, cette usine Audi, qui produit 50.000 automobiles chaque année, illustre l'accueil favorable que ce pays réserve aux investissements étrangers.
© AP Images/Belo Szandelszky

 


En revanche, trois anciens États soviétiques, la Biélorussie, la Moldavie et l'Ukraine, qui, géographiquement parlant, sont les plus occidentaux des États membres de l'ex-Union soviétique non membres de l'Union européenne, n'ont pas adopté une politique de libéralisation du commerce dans la même mesure et n'ont par conséquent pas bénéficié des mêmes avantages. En fait, bien que leur économie se soit développée au cours des quinze dernières années, ils n'ont pas profité du même apport de capitaux et d'investissements étrangers que leurs voisins situés à l'Ouest. Cela s'explique en partie par des circonstances historiques différentes, par un manque d'engagement politique en faveur de réformes et, ce qui est peut-être le plus important, par l'absence d'une force persuasive en provenance de l'extérieur en faveur de la libéralisation du commerce, comme la probabilité d'une appartenance à l'Union européenne. Toutefois, ce qui a fait le plus défaut, c'est un engagement sérieux en faveur de la suppression des barrières non tarifaires qui limitent considérablement la croissance du commerce et des investissements étrangers. Ces barrières agissent comme un mur protectionniste, favorisant les entreprises locales dotées des connaissances et des relations qui permettent l'accroissement de leur part de marché.

Ainsi, ce n'est qu'après que la Roumanie et la Bulgarie eurent commencé à s'attaquer sérieusement aux barrières non tarifaires telles que l'insuffisance de l'application du droit de la propriété intellectuelle, l'excès de fonctionnaires et de formalités administratives qui entrave la possibilité pour les entreprises de travailler avec l'État, l'absence de transparence des régimes de passation des marchés publics et la généralisation de la corruption, que leur économie a viré, que les investisseurs étrangers sont arrivés en grand nombre et que la croissance due aux exportations a démarré.

Le modèle dont devraient s'inspirer des pays comme la Biélorussie, la Moldavie et l'Ukraine est évident. C'est celui des pays de l'Europe centrale et orientale dont l'économie s'est développée précisément parce qu'ils l'ont ouverte à la concurrence étrangère, qu'ils ont réduit l'influence de l'État sur l'économie et qu'ils ont adopté des réformes structurelles de grande portée. Voici des exemples des principales réformes adoptées par ces pays.

  • La réduction des droits de douane : cette réduction a été un important moyen d'introduire la concurrence dans le marché. Les biens de qualité supérieure et de prix inférieur chassent les entreprises peu efficaces du marché et exigent des méthodes de production novatrices et rentables de la part des entreprises qui restent en activité.
  • La libéralisation des prix : bien qu'elle soit difficile à obtenir sur le plan politique, la libéralisation des prix est indispensable pour laisser jouer les forces du marché sur les producteurs de tous les secteurs, des biens de consommation à l'énergie. La suppression des subventions a également permis aux produits étrangers de pénétrer sur le marché sans se heurter à des obstacles supplémentaires à la libre concurrence.
  • La privatisation : la diminution du rôle de l'État en matière de contrôle des moyens de production a permis aux entreprises de réagir efficacement au caractère cyclique du marché. La privatisation a également permis à l'État de se débarrasser des entreprises déficitaires qui grevaient lourdement son budget et elle a attiré les investisseurs.
  • L'établissement d'organismes de règlementation indépendants : la réduction de l'influence de l'État sur les décisions en matière de règlementation a joué un rôle décisif dans l'établissement d'une économie de marché prévisible. La corruption et l'influence politique s'exercent trop facilement quand l'intervention de l'État sur le marché est importante, principalement dans le secteur financier et dans les secteurs des télécommunications et de l'énergie.
  • Une politique budgétaire et monétaire judicieuse : la maîtrise de l'inflation revêt une importance cruciale pour la prévisibilité et la stabilité d'un marché. Parallèlement, des dépenses publiques limitées, judicieuses et responsables sont extrêmement importantes pour guider l'introduction des principes du marché et pour en adoucir les effets.

Les résultats ont été très impressionnants. Selon le rapport sur les Perspectives de l'économie mondiale du Fonds monétaire international pour septembre 2006, le produit intérieur brut (PIB) moyen par habitant (en ce qui concerne la parité de pouvoir d'achat) a augmenté de 112 % entre 1993 et 2005 en Europe centrale et orientale. En revanche, la croissance moyenne du PIB par habitant en Biélorussie, en Moldavie et en Ukraine durant la même période a été de 48 %.

L'expansion économique est plus lente en Biélorussie que dans les pays voisins qui ont ouvert leur économie au commerce et aux investissements.
L'expansion économique est plus lente en Biélorussie que dans les pays voisins qui ont ouvert leur économie au commerce et aux investissements.
© Andrei Liankevich/epa/Corbis

En outre, les investisseurs étrangers ont été attirés par ces réformes de grande portée. Qu'ils viennent dans un pays grâce à la privatisation, à la coentreprise ou aux investissements en installations nouvelles, les investisseurs étrangers créent des emplois, apportent un savoir-faire et accroissent les recettes fiscales des pays en transition. De ce fait, alors que les entreprises publiques aux effectifs pléthoriques étaient dégraissées ou liquidées, les investisseurs étrangers, attirés par la prévisibilité d'une économie transformée, ont contribué à créer des emplois. Bien que certaines des réformes mentionnées ci-dessus aient été entreprises en Biélorussie, en Moldavie et en Ukraine, l'absence d'engagement véritable en faveur de la mise en application des nouvelles lois et de la nouvelle réglementation a abouti à une baisse du volume des investissements étrangers.

La transition économique des nouveaux États membres de l'Union européenne est loin d'être terminée. Tous ces pays doivent encore réduire la corruption, alléger la bureaucratie, rendre plus transparente la passation des marchés publics et supprimer les autres barrières non tarifaires. Il est toutefois peu probable que l'on assiste à l'annulation de la libéralisation du commerce et des réformes structurelles importantes mises en vigueur depuis 1989, qui ont eu pour résultat une croissance économique forte et impressionnante. Cette prévisibilité - absente en Biélorussie, en Moldavie et en Ukraine - crée un climat des affaires qui attire les capitaux nationaux et étrangers, en favorisant la création d'emplois, la croissance économique et l'émergence d'une classe moyenne plus forte et plus aisée. Ce sont là toutes les conditions indispensables à une économie mondiale moderne.

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
commentaires

Haut de page