Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Les enfants d'Europe toujours plus pauvres !!

par Alain Genestine 14 Mars 2008, 01:03 Jeunesse

Tous nos confrères, même les plus modérés, ont foncé tête baissée : « Toujours autant d’enfants pauvres en Europe » pour Le Figaro-économie, « Un enfant sur cinq, victime de la pauvreté dans l’Union » pour Les Echos. On imagine déjà ces cohortes d’enfants errant seuls et abandonnés dans les rues, maigres comme de pauvres petits biafrais. L’information fait froid dans le dos : la riche Union européenne comporterait donc 20% d’enfants pauvres, soit 19 millions de personnes : quel désaveu pour notre système économique et social.

http://www.unicef.fr/mediastore/1/2783-2.jpg


 

Il s’agit d’abord de ce que l’on appelle un « marronnier », c'est-à-dire une information qui revient chaque année à la même date, à l’occasion du rapport annuel sur la protection et l’inclusion sociales. Ce rapport 2008, comme les autres, contient beaucoup d’informations de toutes sortes, mais c’est évidemment celle-ci qui est mise en lumière. Ensuite, on peut s’interroger sur le concept même d’enfant pauvre, car ces enfants ne sont évidemment pas abandonnés ; ils vivent presque tous dans des familles ; il s’agit donc de familles pauvres, ayant des enfants, et non d’enfants pris isolément, que des familles irresponsables auraient laissés au coin d’une rue.

 

Autre élément important, dans tous ces organismes, et l’Europe n’y échappe pas, la pauvreté est toujours calculée de manière relative : une famille est pauvre quand son revenu est inférieur à 60% du revenu médian national. Selon ce critère, un pauvre luxembourgeois, compte tenu d’un PIB par habitant très supérieur à celui des autres pays, est plus riche qu’un Français moyen,  et il est a fortiori richissime par rapport à un habitant d’Europe de l’Est. Avec un critère relatif, exprimé en pourcentage du revenu médian, il y a toujours des pauvres, même dans un pays très riche : pour qu’il n’y ait plus de pauvres selon ce critère, il faudrait que le revenu soit strictement le même pour tous : l’idéal proposé est donc celui d’un « communisme parfait et total » : 0% de pauvres ! Dès qu’apparaissent des écarts de revenus, on est toujours le pauvre de quelqu’un. Et les vrais pauvres, comme les Africains, seraient qualifiés de riches s’ils avaient le revenu des pauvres européens.

 

Bien entendu, il y a des familles pauvres en Europe, des vrais pauvres, ayant des enfants. Cela est indéniable. Mais avancer le chiffre de 19 millions est ridicule. Ensuite, ce qui est plus important, c’est de savoir si ce sont toujours les mêmes. Quand la mobilité sociale est grande, comme aux Etats-Unis, on ne reste pas longtemps dans la pauvreté. Dans les sociétés rigides, où « l’ascenseur social » ne marche plus, comme en France ou ailleurs en Europe, on peut rester pauvre longtemps : le problème n’est plus le même.

 

Une analyse plus fine nous apporte d’autres informations : la plupart des « enfants pauvres » vivent dans des familles dans lesquelles ni le père, ni la mère ne travaille. Dans ce cas, si les parents ne travaillent pas, 60% d’entre eux sont pauvres ; ce taux tombe à 25% lorsqu’un seul parent travaille et à 7% seulement lorsque les deux travaillent : la pauvreté est donc largement corrélée à l’absence d’emploi. Or chacun sait que l’Etat providence, et son cortège d’impôts et de prélèvements, qui prétend résoudre la pauvreté, crée des chômeurs et accroît donc la pauvreté. Les pays qui s’en sortent le mieux sont ceux qui favorisent l’accès à l’emploi.

http://www.eycb.coe.int/Compass/fr/chapter_5/pix/02.gif
 

Enfin, deux précisions. D’abord, si l’on regarde le rapport dans le détail, on voit que les familles monoparentales sont plus touchées par la pauvreté. Il n’est pas besoin d’insister sur le lien qui existe entre l’affaiblissement de la famille et de sa stabilité et les phénomènes de fragilité sociale. Ensuite, les familles nombreuses sont également plus concernées, ce qui prouve là encore que le système fiscal, comme le système de redistribution, ne joue pas en faveur des familles : les familles nombreuses sont perdantes au grand jeu de la redistribution négative (fiscalité) et positive (prestations). L’Etat providence, ici encore, va à l’encontre des intérêts des familles.

Au fond, seule la liberté, et notamment la liberté sur le marché du travail, peut s’attaquer aux vraies causes de la pauvreté, en assurant des emplois, donc des revenus stables, permettant aux familles de s’en sortir seul, à condition que l’Etat ne leur reprenne pas ce qu’elles gagnent.

Aleps
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
commentaires
J
"Les pays qui s’en sortent le mieux sont ceux qui favorisent l’accès à l’emploi" écrivez-vous. " Qui s’en sortent le mieux", selon quels critères ? Vous avez raison de parler de "relativité" de la pauvreté – mais il y a des nécessités vitales, comme le logement, dont le coût est en rapport avec les revenus – vous ne pouvez pas prendre des statistiques quand elles servent votre propos et les refuser dans le cas contraire. La Grande-Bretagne d'aujourd'hui a un faible taux de chômage mais il suffit de s'y promener pour voir le nombre de gens qui couchent dans des cartons sous les ponts autoroutiers ou ferroviaires ou dans les impasses – et pourtant ils ont un salaire et ne sont donc pas chômeurs. A l'inverse, les "démocraties populaires" avaient très peu ou pas de chômeurs – de façon artificielle bien sûr – et leur faillite économique était évidente. La baisse du chômage en France ces derniers mois n'est sans doute pas due à l'embauche massive d'employés de maison par les riches bénéficiaires des largesses gouvernementales. Mais puisque la croissance est très faible, quels sont ces nouveaux emplois ? Je suis perplexe. Je ne serais pas étonné que l'habitat "cartonné" soit vite en augmentation – et le nombre de mal ou pas logés permet un appréciation de la pauvreté de façon plus pertinente que beaucoup d'autres chiffres. Cordialement.
Répondre

Haut de page