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L’Union européenne est un régime despotique, par Guy Millière.

par Alain Genestine 9 Janvier 2008, 22:29 Europe



Le despotisme éclairé a été une doctrine politique très en vogue au XVIIIe siècle, celui des Lumières. Il s’agissait de combiner l’absolutisme à la française et l’esprit de la Raison.

 

Philosophe, économiste, professeur d'histoire des idées et des cultures a Paris VIII

Participe aux travaux de plusieurs think tanks, dont l'American Enterprise Institute et la Hoover Institution. Spécialiste des États-Unis ou il enseigne également.

Le site officiel de Guy Millière: http://www.guymilliere.com/

 
Parmi ses adeptes, Voltaire et Diderot. Des monarques comme Frédéric de Prusse et Catherine de Russie, l’on incarné. On pourrait croire à tord qu’il s’agit là d’un passé révolu. La construction européenne telle qu’elle s’opère depuis une soixantaine d’années a de nombreux liens de parenté avec le despotisme éclairé.
La démocratie n’y a jamais été la préoccupation majeure dès lors qu’elle a, sur le continent européen, pris souvent le visage de la démocratie absolue qui, faute de reconnaître la souveraineté du Droit, peut aisément, selon l’expression d’Edmund Burke, se changer en « tyrannie multipliée ». Le respect humble du Droit tel qu’il s’est défini chez John Locke n’y a pas été la préoccupation majeure non plus. L’idée que quelques esprits d’élite guidés par des principes sublimes pouvaient constituer une société rationnelle a, elle, été présente dès l’origine.

Il a été dit que l’Europe s’est bâtie sur des fondements économiques : c’est inexact. L’Europe s’est bâtie sur la volonté de quelques politiciens et technocrates d’éviter que se reproduisent les errements qui avaient par deux fois au vingtième siècle conduit les Européens au pire et au bord de l’autodestruction. Elle s’est bâtie selon les logiques de la « politique industrielle » et du pouvoir suprême de « ceux qui savent » et décident parce qu’ils sont censés savoir.
L’ère était aux trusts et à la planification indicatrice, et ces références ont été bien plus importantes que toute référence au libre marché. Le projet de traité proposé en 2005 avait pour objectif de parachever l’édifice. Bien qu’il ait été rejeté par les Français et les Néerlandais, et quand bien même il serait aujourd’hui encore rejeté par de nombreux peuples européens s’il était soumis à leurs votes, il fait son retour. Et conformément à la logique du despotisme éclairé, il est prévu que les peuples ne soient pas consultés.

Les Français sont ignorants ou désinformés en matière économique et ils ne comprennent rien à la mondialisation et à l’ère post-industrielle dans laquelle nous entrons. Mais on ne remédiera pas à cet état de fait en laissant régner l’ignorance et la désinformation et en prenant des décisions sans informer les gens. Une économie dynamique implique des choix faits en connaissance de cause par un maximum des acteurs concernés. On pourra me dire que pour « peser » économiquement et géopolitiquement, l’Europe a besoin d’être unie.
Je répondrai que ce qui compte économiquement est le dynamisme, que celui-ci se dessine à l’échelle planétaire et que, pour se dessiner, celui-ci a besoin de liberté, pas de technostructures. Quant à la géopolitique : une zone en déclin militaire, démographique et financier ne peut qu’être une zone de faiblesse et ne pourrait en sortir qu’en remédiant à ce déclin, ce qui passe par la liberté et l’esprit de responsabilité, pas par des réunions confinées de monarques plus ou moins relookés.

La prétention est de concurrencer les États-Unis : Vladimir Boukovski, dans son livre « L’Union européenne : une nouvelle URSS ? » paru voici quelques années, procédait à une comparaison plus appropriée. Les dirigeants européens se sont réunis en fin d’année 2007. Ils ont signé un texte illisible. Ils ont parlé d’« avancée », et convenu qu’il ne fallait pas demander leur avis aux simples mortels. Plus de 70 % des règles et lois qui prévalent des pays d’Europe viennent de Bruxelles. Le Parlement européen n’a aucun pouvoir. Le Conseil décide sans la moindre transparence et sans rendre de comptes à qui que ce soit.

La Commission exécute et rajoute des décisions et n’a de comptes à rendre qu’au Conseil. Il sera bientôt inutile de voter : les parlements nationaux ont, d’ores et déjà, moins de pouvoir que ceux de l’un des cinquante États des États-Unis par rapport au gouvernement fédéral américain qui, lui, a des comptes à rendre devant les électeurs.

Aucune des entreprises majeures de la nouvelle économie n’est née en Europe, mais qu’importe aux despotes. Partout ailleurs, on pense que l’Europe va devenir vieille, moins développée, islamisée ; mais qu’importe aux despotes. Oui, ils sont « éclairés » et ont des projets « grandioses ».
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commentaires
A
<br /> <br /> Alain Benajam Il est vrai qu'en politique, les mots sont toujours torturés et finissent par ne plus rien dire, le terme de<br /> libéralisme mis à toutes les sauces en<br /> est un exemple, pour le nationalisme c'est la même chose. Pour moi un nationaliste est un défenseur du concept de nation très cher à l'idéologie libérale<br /> française<br /> <br /> <br /> <br />
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D
<br /> <br /> Daniel Thureau C'est un conglomérat de despotes Nationalistes pourtant....Décidément, j'aurais toujours du mal à<br /> suivre....:))<br /> <br /> <br /> <br />
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A
<br /> <br /> Alain Benajam Je rajouterai que pour être républicain il faut être forcément nationaliste, point de république sans nation.<br /> <br /> <br /> <br />
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A
<br /> <br /> Alain Benajam Un régime despotique c'est le mot et le despotisme est le principal ennemi des libéraux. Seule la nation offre<br /> un cadre à la démocratie et à la république. Etre nationaliste ce n'est pas être l'ennemi du libéralisme.<br /> <br /> <br /> <br />
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D
<br /> <br /> Daniel Thureau D'accord, bien évidemment sur l'analyse mais comment expliquez vous ça alors que le conseil Européen est le<br /> nid des pouvoirs Nationalistes des états Européens et que ces même pouvoirs Nationalistes ne veulent pas entendre parler d'Europe fédérale....C'est ça qu'il<br /> faudrait expliquer aux gens car de mon point de vue, ils souillent l'image potentielle de l'Europe en créant ambiguités, embrouillaminis dans un débat qui pourrait nous emmener vers une Europe<br /> véritablement fédérale...<br /> <br /> Voilà aujourd'hui l'enjeu pédagogique.....<br /> <br /> <br /> <br />
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