Première mondiale: les quatre académies européennes d'art équestre réunies à Paris

"Pendant des années, on a cru qu'une telle réunion au sommet ne pourrait avoir lieu en dépit des volontés portugaise, espagnole et française", a déclaré à l'AFP le cavalier olympique Espagnol Rafael Soto qui ne cesse de prôner "l'ouverture, l'équilibre entre tradition et progrès". Le "oui autrichien a été arraché après sept heures d'une ultime discussion, selon une source équestre.
Les écuyers de l'Ecole royale andalouse d'art équestre, ceux du Cadre Noir de Saumur, ceux de l'Ecole portugaise d'art équestre et ceux de l'Ecole espagnole de
Vienne déclineront en douze tableaux, exécutés individuellement ou ensemble, ce qui anime toute leur existence: l'équitation de haute école codifiée sous Louis XIII et Louis XIV qui, de
guerrière, est devenue artistique et nuancée au filtre de chacune des académies. Des nuances qui teinteront les levades (cabrés), les croupades (ruades) et les cabrioles conjuguant ces deux
"airs relevés".
Dans ce premier dialogue équestre nord-sud, les latins feront assaut d'élégance. Montés sur leurs étalons souvent gris, les espagnols de Jerez se produiront
notamment en costume andalou grand siècle, coiffés d'un curieux chapeau conique. Leurs chevaux cartujanos, sélectionné depuis le XVe siècle, sont les exemples de la souplesse musculeuse vitale
dans le combat du toro.
Les portugais, les plus hauts en couleurs, apparaîtront en habit à la française grenat brodé d'or et tricorne sur leurs alter real. Tous bais (bruns), dotés d'un
caractère trempé sinon difficile et bâtis en boules de nerfs, ces étalons compacts seront nattés comme pour aller aux arènes.
Côté français, le Cadre Noir de Saumur, héritier des chevau-légers devenu civil au fil du temps, restera fidèle à sa tunique noire, dont on dit qu'elle éclipse le
cavalier au profit du cheval. Celui-ci, de race selle français, bouillonnant de sang, sera le plus grand en taille.

Quant aux Autrichiens, il monteront dans leur strict habit marron avec pantalon blanc, bottes au-dessus du genou et bicorne à la Napoléon leurs chevaux lipizzans immaculés aux ancêtres ibériques.
"Nos quatre écoles ont plus de points communs que de différences, même si leurs personnalités sont dissemblables, comme leurs chevaux. Nous pouvons tous nous
apporter quelque chose, nous améliorer les uns les autres", espère Rafael Soto. L'écuyer en chef viennois, Ernst Bachinger, affirme qu'on "ne peut pas comparer les quatre institutions" et que
la sienne "avec une tradition de quatre siècles, est la plus ancienne". De tout temps, Vienne à revendiqué la pratique la plus pure de l'équitation classique baroque.
Il restera au écuyers du Cadre Noir à faire briller l'assiette à la française, toute de souplesse et de légèreté, aux Portugais à livrer leur ébouriffante reprise de manège millimétrée, et aux espagnols de rappeler que leur spectacle s'appelle "la danse des chevaux andalous".
Mille tonnes de sable spécial seront utilisés à Bercy pour les pistes de spectacle et de détente. Les 95 chevaux consommeront près de dix tonnes de foin et
d'avoine, sans compter les centaines de kg d'aliments d'appoint.