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Grèves: Dans toute cette pagaille, de l'espoir....

par Alain Genestine 14 Novembre 2007, 10:20 Social


"Quelle galère ce matin, comme c'est pénible, difficile, contrariant! Comme c'est aussi gênant vis-à-vis du reste du monde. Je ne cesse de penser à ceux qui nous regardent aujourd'hui et qui se disent mais 'qu'est-ce que c'est que ce ringardisme'?", a commenté Me Parisot sur Europe-1.

"Il faut que nous soyons tous capables d'abandonner ce goût, à mon avis un peu masochiste, pour le conflit, pour la lutte", a-t-elle exhorté, estimant que sur le terrain de la négociation, il fallait "trouver un terrain d'entente, entreprise par entreprise".

"C'est quelques centièmes de croissance en moins que nous sommes en train d'organiser cette semaine, la désorganisation générale coûte", a déploré la responsable du syndicat patronal, estimant "absolument pas souhaitable" que le conflit perdure. Ce serait "une catastrophe dans les relations entre les entreprises et leurs clients".

Elle a par ailleurs salué "la mobilisation des Français pour venir travailler'. "Je ne suis pas étonnée, car aujourd'hui les Français veulent travailler", a-t-elle noté.

Propos recueillis le 31/10 par Reuters, mais non diffusé, voire très difficile d'accès, pourquoi? voir les médias qui alimentent le conflit?
La SNCF, qui juge "incompréhensible" l'appel à la grève de six syndicats de cheminots pour le 13 novembre, est prête à négocier sur les rémunérations et la création d'une retraite complémentaire, a déclaré mercredi soir Guillaume Pépy sur France 2.

LA DIRECTION DE LA SNCF PRÊTE À NÉGOCIER ...

"La situation, ce soir, est choquante. (...) C'est incompréhensible, alors que la proposition de la SNCF, c'est de se mettre autour de la table", a dit le directeur général exécutif de la SNCF.

"Nous, nous voulons réussir la négociation, et nous voulons éviter que les usagers soient pénalisés une deuxième fois comme ils l'ont été à partir du 18 octobre", a-t-il poursuivi.

"Il y aura du grain à moudre, concrètement : on peut débloquer la grille de nos rémunérations pour les cheminots qui vont continuer à travailler au-delà de 55 ans. Deuxièmement, on peut créer à la SNCF une retraite complémentaire qui existe dans le privé mais qui n'existe pas à la SNCF", a précisé Guillaume Pépy.

"Il y aura des choses concrètes sur la table. (...) Nous allons nous battre pour que tous les syndicats soient autour de la table", a-t-il insisté.



LA NÉGOCIATION, SEULE ISSUE DU CONFLIT SUR ...

Une majorité de Français (58% contre 34%) estime que le gouvernement ne doit pas céder face aux mouvements de grève déclenchés par des syndicats contre la réforme des régimes spéciaux de retraite, selon un sondage BVA.

A la question de savoir si le gouvernement "va céder ou pas", 69% des personnes interrogées dans ce sondage réalisé pour L'Express et Orange pensent que le gouvernement ne cédera pas.

Le refus d'un retrait gouvernemental est massivement exprimé par les sympathisants de l'UMP (86%) et aussi par ceux du Mouvement démocrate (MoDem) de François Bayrou (72%).

Ce sondage, réalisé du 8 au 10 novembre en face à face auprès d'un échantillon représentatif de 981 personnes, montre par ailleurs que la popularité du président Nicolas Sarkozy ne se dément pas, 55% des Français disant en avoir une bonne opinion, la même proportion que le mois dernier.

A l'inverse, 38% des personnes interrogées ont une mauvaise opinion du chef de l'Etat, une hausse d'un point.

 

BERNARD THIBAULT RENCONTRE XAVIER BERTRAND ...



"La CGT accepte enfin de venir négocier pour répondre aux questions des cheminots qui ne sont pas les mêmes que celles de la RATP", a souligné Mme Idrac, "on a discuté avec les conducteurs, à chaque fois que l'on discute, on réussit à répondre aux attentes", a-t-elle précisé.

"J'ai reçu quantité de messages avec des demandes de précisions, que je ne peux pas apporter aujourd'hui, car on ne pourra les avoir qu'une fois la négociation engagée", mais "évidemment, s'il y a d'autres attentes, nous les négocierons", a-t-elle précisé.

Evoquant ses propositions, la présidente de la SNCF a rappelé "qu'avec le syndicat des conducteurs qui, lui, a préféré négocier plutôt que d'entrer dans le conflit, on a mis au point un dispositif salarial pour les gens qui partiront plus tard qu'avant". Elle a donné également comme exemple de sujets de négociation "le calcul des compléments de retraite" ou la façon "de prendre en compte les années d'apprentissage".

Récusant les accusations de vouloir diviser les syndicats, la présidente de la SNCF a affirmé: "j'essaye de répondre à mes salariés, et limiter autant que possible la grève, car il n'y a rien de meilleur à gagner dans une grève que dans une négociation".

"Il n'y pas d'autre issue (au conflit) que les négociations à l'intérieur de l'entreprise", a-t-elle martelé, affirmant qu'aujourd'hui, le contexte était "très différent" de celui de 1995, où le gouvernement avait dû reculer: "la réforme est prête, elle est inéluctable, tout le monde le sait bien, il faut maintenant l'adapter à chaque entreprise". Interrogée sur le poids que pourrait avoir l'annonce récente des "bons résultats" de la SNCF dans la négociation, Mme Idrac a répondu : "l'accord salarial que nous avons passé avec les syndicats au début de l'automne prévoit une prise en compte anticipée de ces résultats, c'est vrai que nous avons de quoi négocier, du grain à moudre".

FORTES PERTUBATIONS DANS LES TRANSPORTS ...

 

A la SNCF, le trafic était très perturbé au plan national, mais "plus important" que lors de la grève du 18 octobre avec 20 à 25% des trains en moyenne, contre 5 à 10%, selon la direction.

Sur les huit syndicats de cheminots , seule la Fgaac (conducteurs autonomes) n'était pas dans le mouvement, alors qu'elle y participait il y a un mois.

La SNCF a prévu 90 TGV sur le réseau national, contre 700 en temps normal. Les Eurostar et Thalys circulaient normalement, mais avec des retards. Seuls dix trains Corail devaient circuler et en régions le trafic TER était très perturbé.

En Ile-de-France, le trafic RATP, tout en étant très fortement perturbé, était "meilleur que prévu" avec 1 métro sur 5 au lieu de 1 sur 10, environ 15% de bus, mais aucun RER sur la ligne B et très peu sur la ligne A.

Résultat logique: le Centre national d'information routière (Cnir) comptabilisait vers 8h30 plus de 350 km de bouchons, répartis à peu près également entre la région parisienne et la province.

La journée s'annonçait éprouvante pour les usagers, qui ont ressorti leur bicyclette, scooter ou roller, ou mettaient à profit le covoiturage, avec la crainte partagée d'un conflit qui dure.

Un espoir d'éviter une très longue grève, comme en 1995, est cependant apparu mardi soir, quand le secrétaire général de la CGT Bernard Thibault a proposé au ministre du Travail, Xavier Bertrand, d'organiser des négociations avec les directions d'entreprises et les représentants de l'Etat sur "chacun" des régimes spéciaux de retraite. Jusque là la CGT réclamait une négociation nationale.

L'Unsa et la CFDT ont repris au bond cette proposition, et le secrétaire général de la CGT-cheminots, Didier Le Reste, estimait mercredi que "beaucoup dépendra de la réponse du gouvernement" pour la poursuite ou non de la grève. Il faut "un vrai cycle de négociations. Nous avons proposé qu'elles se déroulent sur un cycle d'un mois", a précisé Jean-Christophe Le Duigou, M. retraite de la CGT, assurant que les cégétistes n'étaient pas "des gréviculteurs".

CGT ET GOUVERNEMENT CHERCHENT UN DÉBLOCAGE ...

 

Des négociations "vont s'ouvrir dans les entreprises avec la présence de l'Etat", a affirmé mercredi à la presse le secrétaire national de la CFDT, chargé du dossier des retraites, Jean-Louis Malys, en sortant d'une rencontre avec le ministre du Travail, Xavier Bertrand. "J'espère des propositions du ministre dans la journée, ensuite une modification du cadrage gouvernemental", a déclaré M. Malys, après avoir rencontré M. Bertrand pendant près d'une heure. Selon lui, "dans cette affaire, il y a des marges de négociation", et la CFDT a l'intention de "les occuper le plus possible". "L'épreuve de force ne sera pas efficace pour les salariés" a-t-il estimé.

Xavier Bertrand recevait mercredi matin tour à tour les syndicats (CFTC, FO, CFE-CGC) et à sa sortie de l'entretien, le président de la CFTC, Jacques Voisin a indiqué avoir pressé le ministre de "donner du contenu" aux négociations, en particulier en matière de pouvoir d'achat. "Si je travaille plus, je veux gagner plus: l'objectif c'est de lisser les conséquences (financières) de la réforme", a-t-il dit pour résumer les attentes des salariés des régimes spéciaux, qui vont devoir cotiser 40 ans au lieu de 37 ans et demi.

Mardi le Premier ministre, François Fillon, s'était dit "satisfait" de voir la CGT prête à "entrer dans ce cycle de négociations", Nicolas Sarkozy pressant les employeurs (SNCF, RATP, EDF, GDF) d'ouvrir "rapidement" les négociations.

Mouvement de grève en France dans les transports.

Photo: AFP/PASCAL PAVANI

 

Un voeu partagé par François Hollande (PS), qui a souhaité qu'"on en termine dès ce soir".

Le président de la RATP Pierre Mongin a dit avoir fait des "propositions très significatives" mardi soir aux syndicats, souhaitant "tout faire" pour que "jeudi l'ensemble des réseaux (Métro, Bus, RER) fonctionne normalement".

ICI LE DEBAT EST OUVERT, VOICI CI-DESSOUS DES FAITS..
A VOUS DE REPONDRE AUX QUESTIONS POSÉES

(source Lacroix)

1.Qu’aurait changé le service minimum ?

Une chose est sûre : la « loi sur le dialogue social et la continuité du service public dans les transports terrestres réguliers de voyageurs », qui doit entrer en vigueur « au plus tard le 1er janvier 2008 », même appliquée aujourd’hui, n’aurait pas garanti à l’usager un mode de transport aux heures de pointe. À quoi servira-t-elle alors ?

Premièrement, elle impose à la SNCF, à la RATP, mais aussi aux sociétés de transport de province, et à leurs syndicats, de négocier avant tout dépôt de préavis de grève. Ce qui revient à généraliser l’alarme sociale déjà pratiquée à la SNCF et à la RATP, qui se révèle assez efficace… sauf quand le conflit est provoqué, comme aujourd’hui, par une réforme gouvernementale.

Deuxièmement, elle impose aux grévistes de se déclarer 48 heures à l’avance. Ce qui devrait permettre une meilleure prévisibilité du trafic. Et si cette information n’est pas assurée ou si le plan de transport prioritaire décidé préalablement n’est pas respecté, la loi prévoit « un remboursement total des titres de transport aux usagers ». De plus, elle permet la réaffectation des non-grévistes sur les lignes prioritaires. Ensuite, si la grève dure au-delà de huit jours, elle autorise, mais n’oblige pas, une consultation à bulletins secrets des salariés, ce qui rend plus délicat la poursuite d’un mouvement désavoué. Enfin, la loi précise que les jours de grève ne peuvent plus être payés. Bref, elle généralise, et optimise, des pratiques déjà en cours à la SNCF et à la RATP en Île-de-France.

2.Les jours de grève seront-ils payés ?

Contrairement aux idées reçues, les textes sont clairs, et appliqués : les jours de grève ne sont pas payés. La loi « sur la continuité du service public dans les transports », votée cet été, dispose qu’un salarié « participant à la grève n’est pas rémunéré pour la durée non travaillée en raison de la participation à la grève ». Ce principe figurait déjà dans le code du travail, qui prévoit une « retenue de traitement ou de salaire en fonction des durées d’absence » (article L.521-6).

À la RATP, cette réglementation a toujours été appliquée, insiste-t-on à la direction comme chez les syndicats. En outre, il est impossible pour un gréviste de « transformer » a posteriori ses journées de grève en jours de congé, ou de RTT, « pour échapper aux pénalités financières », assure la direction. « Le seul élément négociable lors de la sortie de crise, confirme Jacques Eliez pour la CGT-RATP, c’est l’étalement des retenues lorsque la grève a été longue. » En 1995, les 15 à 20 jours non travaillés ont ainsi été défalqués des feuilles de paie sur plusieurs mois.

À l’époque, un scénario similaire avait été appliqué à la SNCF. Hormis cette éventuelle souplesse sur la forme, « le non-paiement des jours de grève est strictement appliqué depuis l’arrivée de Louis Gallois à la tête de l’entreprise, en 1996, souligne la direction. Auparavant, des négociations de sortie de crise avaient pu, çà et là, conduire à payer certains jours, mais jamais intégralement. » À la CFTC-cheminots, Bernard Aubin confirme : « Ces arrangements, très localisés et exceptionnels, n’ont plus cours ! Et vu le climat actuel dans l’entreprise et au gouvernement, les grévistes ne s’attendent à aucun geste de clémence. »

3. Que vont vraiment perdre les salariés des régimes spéciaux ?

Sur les 500 000 salariés des régimes spéciaux, sont concernés par l’actuelle réforme les agents de la SNCF, de la RATP, des industries électriques et gazières, les clercs de notaires, les salariés de l’Opéra de Paris et de la Comédie-Française. Le principal axe de cette réforme consiste à leur demander de cotiser, comme les salariés du privé et les fonctionnaires, 40 ans, dès 2012, pour avoir le droit à une retraite à taux plein, qui sera calculée sur 75 % du salaire des six derniers mois d’activité, comme dans la fonction publique.

Concrètement, cela équivaut à baisser la valeur de l’annuité, c’est-à-dire de l’année cotisée : elle était jusqu’ici de 2 % (75 divisé par 37,5), elle sera désormais de 1,875 % (75 divisé par 40). Ce qui diminue mécaniquement la pension de celui qui n’augmenterait pas sa durée d’activité. De plus, deuxième axe de la réforme, une décote sera appliquée à ceux qui n’auront pas cotisé assez. Fonctionnant comme un malus, cette décote aura pour effet de diminuer plus que proportionnellement la pension de ceux qui n’arriveront pas à travailler 40 ans.

Pour apaiser les syndicats qui estimaient que cette double innovation équivalait à une « double peine », le gouvernement a promis la semaine dernière qu’un agent qui travaillerait « deux ans et demi de plus » que la durée minimale de cotisation « ne perdrait pas un euro ». Concrètement, cela veut dire qu’un cadre de maîtrise, dont le salaire brut tourne autour de 2 000 €, qui serait entré à la SNCF peu avant 26 ans et serait parti à à la retraite à 55 ans, aurait eu droit, avant réforme à une pension de 4 460 € bruts par trimestre.

Après réforme, cette pension ne serait plus que de 3 660 € pour un départ à 55 ans. En revanche, la pension trimestrielle brute remonterait à 4 500 € pour un départ à 57,5 ans, voire à 4 880 € pour un départ à 60 ans. Cette pension, troisième axe de la réforme, ne sera plus indexée sur les salaires mais sur les prix.

4. Quel serait le coût d’une grève longue pour l’économie ?

Les entreprises les plus pénalisées seraient bien évidemment au sein desquelles le travail serait perturbé. D’autant que les salaires non versés ne compensent pas la baisse des recettes, et qu’il y a des charges exceptionnelles à acquitter. Ainsi, en 2005, en Île-de-France, la SNCF a versé 1,5 million d’euros de pénalités au Syndicat de transport d’Île-de-France pour services non-rendus.

Les entreprises doivent s’organiser, les rendez-vous sont reportés, chacun des acteurs économiques intégrant les répercussions de grèves annoncées par avance. Résultat, pour Nicolas Bouzou, d’Asteres, analyste économique au service des stratégies d’entreprise, « la grève ne réduit pas significativement l’activité, elle la déplace dans le temps ». Mais en décembre 1995, une semaine de grève avait soustrait environ 0,1 point de croissance au PIB.

En ce qui concerne le fret, la part des biens transportés par le système ferroviaire est trop basse dans le volume des échanges totaux pour avoir quelque répercussion lors d’une grève de courte durée. Si le conflit qui s’engage mercredi devait durer, les perturbations les plus lourdes toucheraient les services qui s’organisent autour des échanges (vente par correspondance, tourisme, organisation de foires et salons…).

5. Pourquoi Eurostar échappe-t-il souvent aux perturbations ?

Mercredi 14 novembre à 9 h 52, le premier Eurostar de la journée doit quitter la gare du Nord, à Paris, pour rejoindre Londres. Un horaire plus tardif que d’ordinaire, dû uniquement à une révolution de fonctionnement. Ce 14 novembre est en effet un jour historique pour le train international. D’abord parce qu’Eurostar dessert désormais Londres en 2 heures et 15 minutes, soit un gain de temps de 20 minutes. Ensuite, parce qu’il abandonne la gare de Waterloo, au sud de la Tamise, pour celle de Saint-Pancras, au nord du fleuve. Cela grâce à un nouveau tronçon dont les 20 derniers kilomètres sont parcourus dans un tunnel.

Les dirigeants d’Eurostar auraient sans doute préféré un climat social plus serein pour fêter cette réussite technique. Au moins, le service sera-t-il normal, comme pratiquement à chaque jour de grève. Certes, selon Thierry Roy, administrateur CGT de la SNCF, « les conducteurs français de trains vers Londres sont des cheminots à part entière de la compagnie nationale, avec le même statut que leurs camarades. » Mais Eurostar est une société commune de la SNCF, de la SNCB (chemins de fer belges) et d’Eurostar UK, filiale d’une compagnie ferroviaire britannique.

« Si les Français sont en grève, nous pouvons donc faire appel à des cheminots belges ou britanniques, explique un cadre du groupe. Et eux peuvent faire de même… » En outre, selon Thierry Roy, la SNCF peut demander à des cadres formateurs de conduire les trains si nécessaire. Alain Pottier, secrétaire général de la CFTC-cheminots, estime même que ce train est l’un des plus prioritaires aux yeux de la SNCF. « Surtout aujourd’hui, la compagnie fera tout pour qu’il roule, même aux dépens d’autres lignes s’il le fallait. »

6. Quels sont les moyens de transport collectif de substitution ?

La mise en place de moyens de transport de substitution est une des réponses apportées par la SNCF à ses usagers pour tenter de pallier la grève de ses agents. De fait, le ministre du travail Xavier Bertrand a « demandé », samedi 10 novembre, dans un entretien au Figaro, « des moyens de transports de substitution et un effort sans précédent d’information » à la SNCF et à la RATP. « Un total de plus de 2 000 cars de substitution seront mobilisés sur l’ensemble du réseau Train express régional (TER) », précisait mardi la SNCF. S’y ajoutent en Île-de-France (réseau Transilien) « plus de 1 000 bus » affrétés « en complément de la desserte ferroviaire pour acheminer un maximum de clients aux heures de pointe ».

Plus original, les élus UMP d’Île-de-France ont décidé, « si le conflit perdure », de se concerter pour étudier la possibilité de mettre à la disposition de leurs administrés des « moyens de transport alternatifs », en particulier les cars municipaux. Sans attendre, « afin de faciliter le quotidien des Sartrouvillois dans leurs trajets réguliers ou occasionnels et pour anticiper les perturbations annoncées dans les transports en commun », le maire UMP de Sartrouville (Yvelines), Pierre Fond, a, par ailleurs, lancé sur le site Internet de la ville (www.sartrouville.fr) « un service gratuit de mise en relation de covoiturage ».

Enfin, s’il est difficilement envisageable pour une entreprise privée d’affréter des cars pour ses salariés, le groupe Solutions a mis en place des navettes gratuites (www.jyvaisquandmeme.malgrelagreve.com) à l’attention des visiteurs des salons qu’il organise en ce moment au Cnit de La Défense (Hauts-de-Seine).

7. Quelles autres solutions propose l’opposition ?

Sur les régimes spéciaux, le Parti socialiste accepte le principe d’une réforme. « Les 40 ans de cotisation, cela devrait être la règle générale », rappelait mardi 13 novembre François Hollande. Pour autant, les socialistes ne sont pas pour le projet du gouvernement, accusant celui-ci de stigmatiser les régimes spéciaux là où il faudrait au contraire une « réforme globale de tout le système de retraite ».

Le PS demeure toutefois d’une prudence de Sioux sur ce que pourrait concrètement chambouler cette « réforme globale ». « L’essentiel pour nous, c’est le maintien du pouvoir d’achat des retraites. Après, on peut discuter de la durée de cotisation, des moyens de financements supplémentaires », explique la députée Marisol Touraine, spécialiste des questions de protection sociale.

L’axe principal de la réforme devrait être la prise en compte de la pénibilité. Mais peu de propositions précises sont avancées. Et pour cause : le PS renvoie les détails à « des négociations avec les partenaires sociaux ». Un débat explosif en perspective, tant il pourrait pénaliser certaines professions bénéficiant de la meilleure espérance de vie, notamment du côté de l’éducation nationale. « Il faudra aussi améliorer la façon de gérer les carrières pour ceux qui verraient leur temps de travail se rallonger », plaide Marisol Touraine.

Quant à François Bayrou, il défend, comme le PS, depuis longtemps l’idée d’une « refonte universelle » mettant à plat tout le système de retraite, y compris les régimes spéciaux. Il s’agit pour l’ancien candidat à l’élection présidentielle d’instaurer « une retraite à la carte, une retraite par points » tenant notamment compte de la pénibilité du travail.

8. L’opinion peut-elle se retourner ?

Selon le directeur de l’institut BVA-Opinion, Jérôme Sainte-Marie, « l’opinion n’a pas bougé depuis les grèves d’octobre : 55 % des Français considèrent toujours que le mouvement contre la réforme des régimes spéciaux est injustifié, contre 44 % qui le trouvent justifié ».

Même constat chez CSA, ou l’on prévoit « un isolement des grévistes dans l’opinion, si les lignes de la contestation ne se déplacent pas ». Les sondeurs restent toutefois très prudents. En 1995, l’opinion, d’abord hostile aux grèves, avait fini par se retourner. Pour Jérôme Sainte-Marie, c’est encore ce qui pourrait se produire « si le mouvement de grève contre les régimes spéciaux se connectait avec d’autres mouvements de contestation, comme celui des étudiants ou des fonctionnaires ». « Il pourrait également y avoir une connexion avec une revendication décisive des Français, concernant leur pouvoir d’achat », ajoute ce spécialiste des sondages.

Pour le directeur d’études à l’institut CSA, Stéphane Rozès, l’opinion pourrait se retourner dans deux cas de figure. Premier cas : si le front syndical parvient à se mettre d’accord sur un mot d’ordre commun : exiger soit l’aménagement des mesures, soit des contreparties, plutôt que de se cantonner dans la dénonciation pure et simple de la réforme. Deuxième cas de figure : si le mouvement se décloisonne et entraîne dans son sillage d’autres mécontentements, notamment celui des Français au sujet de leur pouvoir d’achat. « Si c’est le cas, l’opinion ne se prononcerait plus sur le fond de la réforme des retraites mais soutiendrait ce mouvement pour envoyer un message au pouvoir », indique Stéphane Rozès.

9. À quoi vont servir les sommes économisées par la réforme ?

Le 6 avril dernier, le candidat Nicolas Sarkozy avait affirmé : « Si nous devons réformer les régimes spéciaux de retraite, c’est pour pouvoir revaloriser [les] petites retraites. » Si cette promesse n’est pas réapparue dans les prises de parole de l’exécutif, Denis Jacquat, député UMP de Moselle et spécialiste des questions de retraite, confirme avoir « reparlé de la nécessité de hisser les petites pensions et les pensions de réversion au moins jusqu’au seuil de pauvreté, et le gouvernement m’a assuré que la réforme de ces régimes permettra bien de dégager des marges de manœuvre ».

Reste à savoir l’ampleur des sommes récupérables. En 2007, l’État doit verser 4,9 milliards d’euros pour compenser le déséquilibre démographique entre actifs et retraités de l’ensemble des régimes spéciaux. Mais, d’une part, certains de ces régimes, les mineurs et les marins, ne sont pas concernés par la réforme, ce qui fait tomber à 3,3 milliards la somme récupérable. Ensuite, même si la réforme impose une prolongation d’activité, on sait qu’elle ne permettra pas de résorber totalement le déséquilibre démographique, qui représentera toujours un coût à assumer. Enfin, le solde récupérable dépendra de l’ampleur des contreparties (augmentation de salaire, création d’une retraite complémentaire, aménagement de la décote…) qui seront négociées et qu’il faudra bien financer, les entreprises concernées ayant peu d’argent à redistribuer.

Au total, estime le député UMP villepiniste Hervé Mariton, « le problème, c’est qu’on n’a aucun chiffrage. Mais tout au plus peut-on espérer récupérer quelques dizaines de millions d’euros par an. Ce n’est donc pas là qu’on trouvera des financements pour les retraites. »

10. Comment se forme une coordination étudiante ?

La coordination nationale étudiante, qui appelle à une « convergence des luttes », notamment avec le mouvement des cheminots, est née fin octobre à l’université Toulouse-Le Mirail. Elle regroupe des représentants désignés au cours des assemblées générales qui se tiennent dans les différentes « facs » (22 établissements représentés au départ, 33 lors de la dernière réunion, le week-end des 10-11 novembre, à Rennes) et s’accorde sur une plate-forme de revendications, ainsi que sur les modes d’action à privilégier.

L’un d’eux, le blocage des gares, expérimenté jeudi 8 novembre en gare du Nord à Paris, n’a pas rencontré hier le succès escompté. Il faut dire que le principal syndicat, l’Unef, dont certains membres participent pourtant à la coordination, s’était employé à dissuader les étudiants de prendre part à de telles initiatives, susceptibles de les priver de la sympathie du grand public…

En réalité, au sein de cette coordination, les divergences sont grandes, tant sur la forme que sur le fond. Très en pointe ces dernières semaines, le Comité étudiant contre l’autonomie des universités (Cecau) rassemble des organisations syndicales et politiques proches de l’extrême gauche qui réclament l’abrogation pure et simple de la loi Pecresse, votée cet été, tout en essayant de mobiliser contre plusieurs aspects de la politique gouvernementale (franchises médicales, tests ADN…).

L’Unef, qui, dans un premier temps, semblait un peu dépassée, tente de reprendre la main, en réorientant les revendications vers les questions budgétaires et le dossier de la condition étudiante. Mardi 13 novembre, on paraissait, en tout cas, très loin de l’unité qui avait permis à une autre coordination nationale étudiante d’obtenir, en 2006, le retrait du CPE.
Dossier réalisé par Laurent DE BOISSIEU, Mathieu CASTAGNET, Marie DANCER, Patrick LEMOINE, Denis PEIRON, Solenn DE ROYER et Michel WAINTROP

 

 

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