L'Europe Politique Libérale
C'est aussi la possibilité et l'espoir d'en obtenir une autre vision.
Outre, celle que certains veulent comme un fédéralisme supranational, centralisateur; une autre d'un fédéralisme intranational et décentralisateur, une autre vision est ici proposée par Marc
Grunert,
une Europe libertarienne.
Marc Grunert
Je suis né en 1965 à Strasbourg où je vis et enseigne les sciences physiques dans un lycée. J'anime le Cercle Hayek de Strasbourg et consacre beaucoup de mon temps à lire
la littérature libertarienne et à en traduire les enseignements dans mes actes, autant que cela est possible dans un pays soviétisé comme la France. Ma Chronique de résistance
vise à lutter par la conscience contre la montée du collectivisme et du mondialisme politique. Je fais mienne cette prophétie de Pascal Salin, dont je suis un fervent admirateur: « À
l'aube du XXIe siècle, le seul vrai et grand débat est celui qui doit opposer les défenseurs d'une vision humaniste du libéralisme aux constructivistes de tous partis et de toutes
origines intellectuelles. » (P. Salin, Libéralisme) On peut lire d'autres de mes textes sur mon blogue
La rue du canal.
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La perspective
d'un pouvoir central, représentant une entité abstraite, l'« intérêt général » européen, se dessine donc à traits renforcés. C'est la logique du pouvoir. Parallèlement, il devient de plus en plus clair que le fédéralisme européen est une notion qui n'aura
pas d'autre signification que la lutte d'influence des « nations » pour orienter en leur faveur les décisions du
gouvernement européen. Lorsque la Commission aura fini d'affermir son pouvoir, comme il est nécessaire que cela arrive dans l'optique constructiviste actuelle, le Parlement européen ne sera alors
plus que l'antichambre de la lutte entre eux des intérêts nationaux. Le socialisme et le libéralisme tempéré seront des options politiques qui se superposeront simplement aux clivages
nationaux.
Le véritable espoir
Comment
éviter cette catastrophique politisation de la vie des Européens? La fatalité de l'emprise de la politique n'est qu'apparente. Elle n'est que le produit d'une pensée unique qui domine grâce aux
intérêts conjugués des faiseurs d'opinion et des politiciens. Il faut donc activement diffuser d'autres formes d'intégration européenne fondées non pas sur la contrainte politique, l'harmonisation
des règlements et des lois, mais sur la coopération humaine.

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C'est la
notion d'« ordre spontané » (Hayek) qui doit devenir le concept de référence. Rappelons qu'un ordre spontané est le produit des actions humaines et non le résultat d'une
tentative illusoire de construire une société sur la base d'un plan, comme un architecte. Ce qui est nécessaire à l'émergence d'un ordre spontané, plus juste et plus efficient qu'une société
organisée, c'est tout simplement des règles de juste conduite: principalement des droits absolus de propriété privée et individuelle.
« Il faut activement diffuser d'autres formes d'intégration européenne fondées non pas sur la contrainte
politique, l'harmonisation des règlements et des lois, mais sur la coopération humaine. »
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Article partiel provenant du Québécois Libre
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Deux penseurs
peuvent nous aider à forger une autre conception d'une Europe intégrée, Pascal Salin et Hans-Hermann Hoppe. Pascal Salin écrit qu'au lieu de viser l'harmonisation, la standardisation, les Européens
feraient bien de comprendre la nécessité de la différenciation. « Les richesses des hommes – non seulement matérielles, mais aussi spirituelles et culturelles – proviennent de leurs
différences, écrit Pascal Salin. Ce sont elles qui rendent l'échange possible et profitable. Et l'immense mérite de la civilisation européenne est qu'elle a incité les hommes
à se différencier toujours davantage les uns par rapport aux autres. La liberté des marchés et la concurrence en sont l'expression économique: les producteurs cherchent non pas à faire comme les
autres producteurs – c'est-à-dire à "harmoniser" leurs productions – mais, bien au contraire, à faire mieux qu'eux. La prospérité du monde moderne est venue de cette recherche continuelle de la
différenciation. »
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Au lieu de chercher à construire une société uniformisée par des fins communes imposées aux individus par le moyen d'une harmonisation des
lois et des politiques sociales et économiques, Salin place son espoir dans l'extension de la concurrence, notion qui doit s'appliquer à toutes les activités humaines productives, y compris la
production du droit. « À l'harmonisation des fiscalités, des réglementations, des lois, il convient, estime Salin, de substituer la concurrence et le libre choix des producteurs et des
consommateurs. Un marché unique n'est pas un marché unifié, c'est un marché libéré. Une autre conception de l'Europe, fondée sur la concurrence, le respect des droits individuels et la diversité
est le seul véritable espoir pour les Européens. »
Le sécessionnisme comme force de progrès
Hans-Hermann Hoppe, dans un texte très important étant donné la montée en
puissance de la machinerie politique centralisée et bureaucratique européenne, démontre la tendance à la centralisation du pouvoir et la montée concomitante des politiques publiques de grande
ampleur, conjuguées avec la généralisation et l'accroissement des taxes pour financer des politiques de redistribution à grande échelle. Tout cela, les économistes le savent, conduit à
l'appauvrissement de la société et à une incroyable régression des libertés individuelles. Les individus sont obligés de poursuivre des fins collectives sous peine d'être délestés d'une part de
leur propriété.
L'important,
explique Hoppe, n'est pas de bâtir de grandes entités politiques, de grands empires, mais de favoriser la coopération naturelle d'une multitude de petites entités. « Imaginons,
écrit-il, un domaine familial comme la plus petite entité sécessionniste concevable. En se livrant au libre-échange le plus total, même le plus petit territoire peut être totalement intégré aux
échanges du monde et profiter de tous les avantages de la spécialisation des compétences. Ses propriétaires pourraient devenir les gens les plus riches du monde. L'existence d'un seul riche où que
ce soit en est d'ailleurs la preuve vivante. En revanche, si la même famille décidait de renoncer à tout échange entre territoires, il en résulterait une abjecte pauvreté, voire la mort. En
conséquence, plus un territoire et ses marchés intérieurs sont petits, et plus il y a de chances qu'il adopte la liberté des échanges.
»
Contre le centralisme, Hoppe plaide pour le
sécessionnisme. La fragmentation des États et du pouvoir doit conduire à la différenciation et à la concurrence. « La sécession accroît la diversité ethnique, linguistique, religieuse
et culturelle, alors qu'au cours des siècles de centralisation, des centaines de cultures différentes ont été étouffées. Elle mettra fin à l'intégration forcée amenée par la centralisation, et au
lieu de susciter les antagonismes sociaux et le nivellement des cultures, elle favorisera la concurrence pacifique, coopérative, de cultures différentes, sur des territoires séparés.
»

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Cette autre vision de l'Europe, libertarienne, est sans aucun doute le seul projet positif qui puisse enthousiasmer les populations.
Jusqu'à présent le mythe d'une Europe métaphysique, abstraite, a conduit à mettre en place l'Union des Républiques Soviétoïdes d'Europe. Le double langage a permis aux propagandistes de parler du
mythe et de construire en douce un super-État européen. Mais il ne serait pas vain de mettre en concurrence ce projet de destruction de la liberté et de la civilisation avec le projet
libertarien.
« Une Europe consistant en des centaines
de pays, cantons et régions distincts, de millier de villes libres indépendantes comme les bizarreries contemporaines de Monaco, de San Marin, et d'Andorre, avec un développement extraordinaire des
possibilités de voter avec ses pieds contre une mauvaise politique économique, ce serait une Europe de petits gouvernements libéraux économiquement intégrés par la liberté des échanges et une
monnaie-marchandise internationale telle que l'or. Ce serait une Europe de croissance économique sans précédent et de prospérité inouïe. » (Hans-Hermann Hoppe)