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Y a-t-il un économiste au gouvernement ?

par Alain Genestine 30 Août 2007, 22:28 Travail et Economie

FAVILLA des Echos :


Mais qui est donc Favilla ?

Depuis près de quarante ans, il donne tous les jours son opinion sur l’actualité économique ou politique française. C’est l’un des journalistes les plus lus des Echos. Et pourtant, il n’existe pas, Favilla… C’est en effet sous ce nom qui signifie « petite étincelle » en italien qu’a été créée dans les années soixante, par Jacqueline Beytout, une chronique quotidienne représentant la « pensée du journal », à une époque où les éditoriaux de la Rédaction étaient rares. Mais Favilla a évolué depuis longtemps : la signature cache aujourd’hui un collectif de trois personnalités, extérieures au journal, et impliquées dans la vie active, privée ou publique… Leurs noms ? Chut. Ils ne seront jamais dévoilés !

 
Pierre-Angel Gay

 

Les sondages flatteurs ne cessent d'encourager le gouvernement à poursuivre dans la méthode qu'il s'est donnée : réactivité, présence médiatique, parole abondante. Qu'il s'agisse d'un enfant agressé par un pédophile ou mordu par un chien, d'un cardinal qui décède ou d'un gendarme tué par un rival, tout semble ordonné autour du principe de la réaction immédiate et de l'émotivité maximale. Les Français ont élu un président pour agir. Il agit. Très bien.

Il eût été surprenant que l'économie échappe à cette méthode de gouvernement. Et le fait est qu'elle n'y échappe pas. Les marchés boursiers s'agitent au milieu de l'été ? Le président ordonne à sa ministre d'interrompre ses vacances et fait savoir bruyamment qu'il a donné cet ordre. Le Conseil constitutionnel invalide la rétroactivité de la loi sur la déduction fiscale des intérêts d'emprunts immobiliers ? En trois jours, le gouvernement substitue un autre mécanisme à celui qui a été rejeté par la Cour suprême.

Doit-on se réjouir d'une telle promptitude en ce domaine ? Pas sûr. D'abord, parce que le risque est grand de prendre de ce fait des initiatives intempestives. Chacun sait que, face à la crise boursière, seuls les banquiers centraux et les responsables des grands établissements financiers étaient en mesure de calmer le jeu et que des signes ostentatoires d'inquiétude de la part du pouvoir politique pouvaient aggraver la fébrilité au lieu de la contenir. Quant à la nouvelle mesure précipitamment prise en faveur d'un achat immobilier, elle risque, selon de nombreux experts, et faute d'une élasticité suffisante de l'offre de logements, d'avoir pour principal effet de relancer la hausse des prix dans ce secteur qui commençait à s'assagir.

En second lieu, comme dirait M. de La Palice, agir au coup par coup prive d'agir de manière coordonnée. Et c'est là, sans doute, la faiblesse principale de l'action économique actuelle. Celle-ci n'est évidemment pas dépourvue de qualités : le courage de n'avoir pas revalorisé le SMIC au 1er juillet, au-delà du mécanisme légal de rattrapage de l'inflation, la forte mesure en faveur des dépenses de recherche effectuées par les entreprises vont dans le bon sens. Mais où est la logique d'ensemble, où est l'analyse de la situation de l'économie française qui justifierait une politique économique plutôt qu'une autre ? Lorsqu'il fut nommé Premier ministre en 1976, Raymond Barre avait développé une véritable leçon d'économie sur la nécessaire compétitivité de l'offre. Elle a marqué des générations de dirigeants jusqu'alors issus de l'école keynésienne. Depuis mai 2007, on n'entend guère que le pauvre refrain du retour à la confiance, censé redonner du muscle à la machine France. Pendant ce temps, le déficit des finances publiques de l'Allemagne, parti d'un point plus bas que le nôtre, est en train d'être résorbé et ses exportations explosent. Y a-t-il un économiste au gouvernement pour donner une stratégie à la France ?

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