"Nous n'avons pas découvert que dans l'ensemble les indicateurs se sont améliorés significativement", a dit Daniel Kaufmann, co-auteur du rapport sur "les indicateurs de gouvernance dans le monde
1996-2006", lors d'une conférence de presse mardi à Washington.
Pour ce classement, la Banque mondiale a retenu six critères qu'elle a appliqués à 212 pays. Ils se fondent sur plus d'une trentaine de systèmes d'évaluation élaborés par des organismes distincts de la Banque mondiale.
Les critères retenus sont la "voix citoyenne et la responsabilité", la "stabilité politique et l'absence de violence", "l'efficacité des pouvoirs publics", la "qualité de la réglementation", "l'Etat de droit" et "la maîtrise de la corruption".
La Banque s'est gardée de faire un classement général tous critères confondus, ne classant les pays que selon les différents critères, et a souligné mardi qu'elle n'utilisait pas ce classement pour décider d'accorder ou non son aide financière aux pays concernés.
"Nous ne voulons pas tomber dans la futilité d'une course de chevaux", a dit M. Kaufmann qui a effectué cette étude avec les chercheurs Aart Kraay et Massimo Mastruzzi.
Entre 1998 et 2006, des pays comme le Kenya, le Niger et la Sierra Leone ont effectué des progrès dans le domaine de la "voix citoyenne et la responsabilité", l'Algérie, l'Angola et la Libye, le Rwanda et la Sierra Leone dans celui de la "stabilité politique et l'absence de violence" alors que la Tanzanie a amélioré son bilan en matière de lutte contre la corruption, selon la BM.
D'autres pays, comme le Zimbabwe, la Côte d'Ivoire, le Bélarus et le Venezuela ont en revanche vu leur situation se dégrader dans tous les secteurs.
Pour ce qui est de la lutte contre la corruption, la Finlande arrive en tête devant l'Islande et le Danemark. En queue de peloton se trouvent la Birmanie, la Corée du Nord et la Somalie.
M. Kaufmann a estimé à ce propos que le coût de la corruption dans le monde était estimé à 1.000 milliards de dollars et que celle-ci désavantageait surtout les personnes les plus pauvres de la planète.
Le Danemark, Singapour, l'Islande sont en tête pour l'efficacité des pouvoirs publics alors que les Comores, la Corée du Nord et la Somalie occupent les dernières places.
Quant à la voix citoyenne et la responsabilité, ce sont le Danemark, la Suisse et les Pays-Bas qui forment le trio de tête et la Somalie, la Corée du Nord et la Birmanie, celui de
queue.
La Banque mondiale tacle la France
A en croire “Doing Business”, un rapport annuel de l’institution internationale, il serait plus facile de faire des affaires en Arménie qu’en France. Vraiment ?
Fondé sur une comparaison détaillée des réglementations encadrant la vie des affaires dans 175 pays, ce
classement situe la France, puissance du G7, à une piètre place : la 35e. Mais surtout, si l’on en croit Doing Business 2007, il serait plus facile de faire des affaires en Arménie,
classée juste devant la France à la 34e place. Qu’il soit plus aisé de monter un business à Erevan qu’à Paris, voilà un sacré « scoop » qu’avance la Banque mondiale. Cette dernière n’en
est pas à son coup d’essai. Dans l’édition précédente, Doing Business 2006 avait placé la France à la 44e place entre… Tonga et la Jamaïque. L’Hexagone mis sur le même plan juridique
qu’une île des Caraïbes plus connue pour sa violence endémique, qu’un obscur confetti perdu dans le Pacifique ou qu’une ex-République soviétique réputée pour son haut degré de corruption…
La très sérieuse Banque mondiale serait-elle tombée sur la tête ?
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Un tel constat avait déjà mis la communauté française des juristes en émoi l’an dernier. Mais rien n’y a fait, et en
récidivant, la Banque mondiale réalimente le soupçon, celui d’un parti pris « anti-français » si ordinaire aux institutions internationales, surtout quand elles sont basées à Washington.
L’enjeu dépasse l’outrage d’un orgueil national blessé. Cette « mauvaise réputation » faite à la France pèsera-t-elle dans le choix de localisation des futurs investissements des grandes
firmes multinationales ? Marginalement peut-être. Mais l’essentiel est ailleurs. Derrière le discrédit du droit civil et l’apologie de la Common Law, se jouerait, à en croire certains
porte-parole tricolores, une bataille mondiale aux conséquences encore plus considérables. Celle que mène le monde anglo-saxon pour imposer, après ses normes comptables et ses règles de
gouvernance des sociétés, son cadre juridique.
Une sévère attaque |