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Les énergies et leurs privilèges

par Alain Genestine 21 Avril 2007, 20:29 Politique

LES PRIVILEGES DES INSTITUTIONS SOCIALES D’EDF-GDF

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C’est un serpent de mer qui revient périodiquement, mais il tombe bien dans cette campagne électorale où l’on a un peu parlé des privilèges des uns et des autres, à commencer par ceux des régimes spéciaux de retraite. Il s’agit cette fois de ce que Le Monde appelle « la dérive des institutions sociales d’EDF-GDF ». C’est cette fois un rapport de Cour des comptes qui met les pieds dans le plat, à un moment où la justice poursuit son enquête sur une soixantaine d’emplois fictifs, détachés dans les syndicats, hors de tout mandat syndical.

Le rapport ressemble à tous ceux de la Cour des comptes : technique, mesuré, sans effets de manche, tout est décrit avec précision et l’ensemble est stupéfiant. Les institutions sociales des industries électriques et gazières sont dominées par EDF et GDF, leurs mutuelles et surtout leur caisse centrale d’activités sociales. Conclusion de la Cour des comptes : « De profonds changements doivent être apportés à l’organisation et au fonctionnement des institutions sociales, de plus en plus inadaptées au monde actuel ».Ampoule.jpg

L’enquête a nécessité pas de moins de huit contrôleurs à plein temps. Il en ressort « une gestion particulièrement opaque et l’absence de comptes consolidés d’œuvres sociales laissées à la seule responsabilité des syndicats », en fait de la CGT. Le budget reconstitué serait de l’ordre de 880 millions d’euros, sans compter d’autres aides d’EDF et GDF ! Ce qui frappe, c’est la lourdeur des coûts de fonctionnement, que ce soit en personnel ou en matériel. Les charges administratives représentent 26,6% des dépenses, ratio jugé « extraordinairement élevé » par la Cour.

Il y a tout de même en tout l’équivalent de 5 718 salariés équivalents temps plein, sans compter 1 854 CDD ! Le financement est assuré par un prélèvement de 1% du chiffre d’affaires (et non comme d’habitude en pourcentage du salaire), soit 7% de la masse salariale d’EDF et 14% de celle de GDF, ce qui d’ailleurs entraine des distorsions de concurrence par rapport aux nouveaux entrants sur le marché. Cette pompe à finances donne aux salariés un revenu indirect « nettement supérieur à un treizième mois », atteignant en moyenne 3 000 euros pas salariés, 10% de leur rémunération annuelle (soit dit en passant, un complément qui n’est soumis ni à l’impôt sur le revenu, ni à la CSG, ni à la CRDS !).

Selon Le Monde, la Cour des comptes soulève d’autres questions : l’effort contributif des entreprises du secteur au régime d’assurance maladie est « inférieur à celui exigé pour le régime général ». Par ailleurs, les frais de gestion de la complémentaire maladie sont exorbitants (1 euro pour 5 euros de dépenses remboursées), tandis que les effectifs des conseils d’administration des mutuelles sont pléthoriques. Il n’y a pas de droit de regard des employeurs sur le budget des activités sociales ; les appels d’offre sont insuffisants. Et que dire de « l’attribution de prestations sociales facultatives reposant sur l’intercession de militants syndicaux, un mélange des genres éminemment critiqué ».manif-cgt.jpg

La Cour s’interroge aussi sur les comptes de l’Institut de formation (IFOREP), avec 10 millions de budget financé par la CCAS et les mutuelles : ces comptes « ont un caractère irrégulier et ne sont pas sincères ». Selon certaines sources, ajoute Le Monde, « il aurait en particulier financé la Fête de l’Humanité à hauteur de 400 000 euros ».31b53b12554c4db98870a8d69b14981f-copie.jpg

Les PDG des deux entreprises ont certes affirmé qu’il fallait réduire les coûts, mais en ajoutant aussitôt qu’ils voulaient maintenir « un régime spécifique » : en clair laisser aux agents leurs privilèges. Et, comme il se doit, la CGT a crié au scandale : la Cour « caricature les avantages » des salariés. Bref, la Cour des comptes, officine ultralibérale bien connue, est accusée de « fournir une caution doctrinale » au démantèlement de ces institutions.

Toute cette affaire est exemplaire : l’incapacité des entreprises publiques à évoluer, les privilèges des salariés de ces entreprises et surtout des syndicats comme la CGT. Ici encore, la seule réponse acceptable, c’est la privatisation et la concurrence. Jusqu’à quand les Français vont-ils ainsi accepter une société à deux vitesses ?




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