L’administration dite du soutien, censée répondre aux besoins quotidiens des militaires et de leurs familles, n’est plus au standard de l’époque. C’est ce qui ressort du dernier rapport du Haut Comité de l’évaluation de la condition militaire, qui pointe un manque de proximité. Le modèle d’organisation des armées était, jusqu’à la fin des années 1990, réputé pour son efficacité et sa réactivité, mais “il a perdu de l’avance” par rapport au secteur privé, estime le Haut Comité de l’évaluation de la condition militaire dans son 8e rapport consacré à l’administration militaire, rendu public le 28 mai Entendue au sens large, l’administration dite du soutien couvre tous les domaines de la vie des militaires : logement, habillement restauration, mais aussi gestion RH et paie. “Cette administration est une condition de l’efficacité des forces armées” et qui, pour cette raison, “ne doit pas être un problème”, souligne le Haut Comité.
Fin de la conscription et bases de défense
Cette exigence, l’armée y a longtemps répondu en assurant un soutien de proximité très intégré à la vie quotidienne du militaire, délivré par du personnel civil et militaire de la même armée, indique le rapport. La formule “un chef, une mission, des armées” résumait assez bien ce schéma. Il a été mis à mal par la fin de la conscription, qui a vu disparaître une main- d’œuvre de qualité, et par la création des bases de défense, qui assument depuis quatre ans les services courants de manière mutualisée via des organismes interarmées. “Cette forme de mutualisation était incontournable”, estime Michel Pinault, l’actuel président du Haut Comité, mais elle s’est faite “dans la précipitation” et avec “une insuffisante préparation”. “Les suppressions de postes ont rendu la réforme plus difficile”, estime-t-il. En effet, comme le mentionne le rapport, “les restrictions budgétaires associées à la priorité donnée à l’opérationnel ont eu tendance à être appliquées au détriment de la modernisation et de l’efficacité du soutien”.
Recensement des besoins
Les militaires, confrontés de surcroît aux bugs du logiciel Louvois, en paient le prix fort, et cela s’en ressent sur le climat au sein des armées. “Le sentiment qui prévaut est celui d’une dégradation assez générale”, selon le rapport, qui égrène quelques dysfonctionnements “matériels” : militaires qui doivent s’organiser eux-mêmes pour préparer leur paquetage avant de partir en opération extérieure (Opex) et accomplir les formalités administratives, “ruptures de stocks” dans l’habillement, réseaux informatiques “non accessibles”, “état des casernes qui reste peu engageant”. Autant de ratés qui sont remontés aux membres du Haut Comité au cours de visites de terrain, et qui montrent combien un nouveau rapport à l’administration s’est créé. Cela se traduit par “une perte de proximité entre soutenants et soutenus” et “le sentiment d’être en partie livré à soi-même” dans un “environnement complexe et impersonnel”. Dans ce contexte, et alors que se profilent de nouvelles coupes dans les budgets, le Haut Comité, par la voix de son président, appelle à ne pas “ponctionner à nouveau les moyens affectés au soutien”. Le rapport recommande de préserver plus largement
un “soutien de proximité”. “Il en va de la condition militaire sous tous ses aspects et de ses conséquences sur l’attractivité des missions confiées aux armées, la fidélisation, le moral, les conditions de vie quotidienne des militaires et de leurs familles”, conclut le rapport.
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Date : 28 mai 2014
Auteur : Xavier Sidaner